Édition du 12 novembre 2024

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États-Unis

La grande division des syndicats américains

Que font les syndicats dans l’actuelle course à l’investiture aux États-Unis ? Est-ce que les organisations syndicales constituent encore une force importante sur la scène politique ? Quels candidats, démocrates et républicains, soutiennent-ils ?

Il faut dire d’emblée qu’historiquement, les leaders des grands syndicats (ceux notamment de l’AFL-CIO, des Teamsters, de la National Education Association) ont toujours soutenu le Parti Démocrate. Cependant, même si c’était la posture traditionnelle des chefs, ce n’était pas nécessairement la même chose pour la base.

On a vu cette évolution lors l’élection en 1980 de Ronald Reagan. Plusieurs travailleurs et travailleuses sont alors devenus des « Reagan démocrates ». Ils soutenaient le républicain Reagan, à l’encontre de leurs propres syndicats. En partie, cet appui populaire pour Reagan reposait sur les plusieurs thèmes chéris par le conservatisme social et culturel : contre le mariage gai, contre l’ouverture de certains secteurs économiques aux femmes (la construction, l’industrie de l’automobile), contre la discrimination positive, etc. La bataille des idées de la droite pour imposer les « vraies valeurs » a dans une large mesure réussi.

Comment cela se présente en 2016 ?

Présentement, les principales structures syndicales appuient Hillary Clinton. C’est notamment le cas du Service Employees International Union (SEIU), le plus grand syndicat dans la vaste industrie de l’alimentation. Pourtant, Clinton n’appuie même pas la principale revendication de ce syndicat qui réclame un salaire horaire minimum de $15. Certaines sections du SEIU sont cependant dissidentes et appuient Bernard Sanders, comme cela est le cas avec des membres du plus grand syndicat des enseignants, la National Education Association. La dissidence de certains syndicats découle des positions ambiguës de Clinton sur plusieurs dossiers et aussi sur les liens étroits qu’elle entretient avec l’élite économique de Wall Street. Par exemple, la Fondation Clinton, mise en place par l’ex président et époux d’Hillary, reçoit des milliards de dollars venant de grandes entreprises bien connues pour leur anti syndicalisme.
 
Sanders de son côté est appuyé par des organisations syndicales importantes, dont les Communication Workers of America (700,000 membres), les infirmières (National Nurses United), le syndicat des postiers (American Postal Workers Union) et plusieurs autres.

Pour sa part, l’AFL-CIO ne s’est pas prononcée, en partie parce que ses dirigeants sont profondément divisés. Comme à l’époque de Reagan, le conservatisme fait des ravages dans les rangs syndicaux et ouvriers. Par exemple, les Teamsters appuient le républicain Donald Trump, notamment pour ses positions contre l’immigration. Selon divers sondages, une grande partie des membres du Syndicat des machinistes également appuie Trump, qui promet d’abolir les traités de libre- échange et de rapatrier des emplois aux États-Unis.

On constate donc que les syndicats américains restent doublement divisés, entre Clinton et Sanders d’une part, et entre le conservatisme pro-républicain et l’appui aux Démocrates d’autre part. Au total, c’est ce qui explique la faible influence des syndicats dans le cadre de l’actuelle campagne d’investiture.

Qu’est-ce qui se passera lors de la campagne présidentielle à l’automne prochain ? Il est encore tôt pour le dire.

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