Édition du 19 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

États-Unis

La chronique de Donald Cuccioletta

La gauche américaine devant l’après-Sanders

La gauche américaine est à la croisée des chemins. Les interrogations et les débats surgissent de partout. À la suite de l’élan progressiste engendré par la campagne présidentielle de Sanders, la question est posée : que faire de ceux et celles qui ont soutenu et travaillé pour un mouvement que les États-Unis n’avaient pas connu depuis la candidature de Eugene V. Debs à la présidence en 1912 ?

Certes, Sanders a annoncé qu’il continuerait la lutte des primaires jusqu’à la convention démocrate à la fin en juin. Entre-temps, la gauche se demande comment saisir ce moment historique pour rallier, les jeunes travailleurs et travailleuses, les étudiants, les femmes de 18 à 45 ans, les désabusés du système, les écologistes, et les progressistes en général.

Depuis le début de sa campagne, Sanders a été clair : il ne s’agit pas de gagner les primaires, mais d’amorcer une « révolution politique ». Dans ses interventions, il a présenté les véritable enjeux et évoquer la nécessité de créer une véritable opposition progressiste à travers le pays. Sans cette opposition structurée et présente dans les États, régions et villes, rien ne se passera. La balle est donc dans le camp de la gauche américaine.

Pour autant, il ne faut pas être naïf. La précarité des forces progressistes est évidente, aux États-Unis mais aussi ailleurs, où les forces de droite et d’extrême droite sont en montée. La démocratie libérale, toujours la démocratie des capitalistes, fait place à la démocratie autoritaire. Partout, les droits des peuples arrachés par des décennies de luttes sont menacés. La bonne nouvelle est qu’il y a un début de contre-offensive, comme on le constate en Angleterre avec le nouveau chef du Labour Party, Jeremy Corbyn.

Comment cette grande convergence des progressistes aux États-Unis peut se produire ? Il y a un sérieux danger que le mouvement s’essouffle avec la défaite de Sanders, comme le souhaitent les capitalistes américains. Comment l’éviter ? Certains argumentent pour une action politique au niveau municipal. Il y a une tradition de villes de gauche aux États-Unis. Depuis quelques années, plusieurs conseillers municipaux appuyés par des groupes de gauche et des mouvements populaires ont été élus à Seattle, New York, Oakland, Milwaukee etc.

Il faut que ça bouge également du côté des mouvements populaires qui restent en gros fragmentés par secteurs et même par régions. La fracture raciale est encore présence dans des réseaux féministes et écologistes où la présence des Afro-Américains reste faible, ce qui est moins le cas avec le mouvement syndical, même si dans les syndicats, les élus et dirigeants restent en général frileux sur les revendications des minorités. S’il y a eu une chose positive dans la campagne de Sanders, c’est que les planètes de la gauche se sont rapprochées. On leur souhaite bonne chance.

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