Édition du 19 novembre 2024

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Politique québécoise

Des millions de dollars provenant de donateurs anonymes

La CSQ met l’IEDM au défi de faire preuve de transparence

« Le supposé manque de transparence des organisations syndicales est un faux problème soulevé par l’Institut économique de Montréal (IEDM) pour tenter de faire taire les représentants des travailleurs, et de ce fait, les travailleurs eux-mêmes dans le débat public. Mais si la transparence est un sujet qui préoccupe sincèrement l’IEDM, je défie son président et directeur général, Michel Kelly-Gagnon, de lever le voile sur les noms des donateurs occultes qui financent généreusement son propre organisme, dont plusieurs proviennent même de l’extérieur du Canada. »

Le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), M. Réjean Parent, réagit ainsi à la campagne de propagande menée depuis plusieurs mois par l’IEDM contre les organisations syndicales, et reprise aujourd’hui par l’Institut qui accuse une fois de plus les centrales de manquer de transparence.

« Les sources de revenus des organisations syndicales sont on ne peut plus publiques puisqu’elles proviennent principalement des cotisations de leurs membres. En outre, nous rendons régulièrement des comptes à nos membres sur l’utilisation de ces sommes, justement déterminées par les délégués eux-mêmes qui adoptent les budgets lors de nos assemblées. Et nos livres sont régulièrement examinés par des vérificateurs externes indépendants.

Malheureusement, nous sommes loin de pouvoir en dire autant de l’IEDM, un prétendu organisme de bienfaisance qui bénéficie des largesses du gouvernement fédéral à même nos impôts, tout en multipliant les opérations de lobbying pour défendre les intérêts de donateurs se cachant dans l’ombre de cet organisme », dénonce M. Réjean Parent.

Des donateurs anonymes qui suscitent des questions

Le président de la CSQ soutient que l’IEDM est très mal placé pour donner des leçons de transparence à qui que ce soit alors que l’hermétisme concernant ses propres sources de financement et les noms de ses donateurs soulève de sérieuses questions publiques.

« Depuis plus de dix ans, l’IEDM intervient dans le débat public au Québec et tente d’influencer les gouvernements tant à Québec qu’à Ottawa pour changer nos règles sociales et économiques au détriment de la majorité, mais au profit d’une minorité d’individus bien nantis. Pourtant, personne ne sait au nom de qui parle l’IEDM qui reçoit des centaines de milliers de dollars en dons de généreux bienfaiteurs, année après année », s’interroge M. Parent.

Plus de 6 millions de dollars en dons d’acteurs cachés dans l’ombre

Monsieur Réjean Parent précise que pour l’année 2010 seulement, l’IEDM a reçu des dons totalisant 466 947 $ pour lesquels l’organisme a délivré un reçu à des fins fiscales.

« C’est près d’un demi-million de dollars et souvent plus que l’organisme reçoit, année après année, de riches donateurs anonymes qui se voient remboursés d’une part importante de leur générosité à même nos impôts, et ce, pour des campagnes de lobbying visant à réduire le filet de protections sociales dont bénéficie l’ensemble de la population. En fait, depuis 2000, l’IEDM a remis des reçus fiscaux pour un montant total de 6 213 030 $. Ça n’a absolument aucun sens et la population a le droit de connaître les noms de ces acteurs qui, dans l’ombre, œuvrent contre ses intérêts », s’indigne le leader syndical.

Plus de 3,5 millions de dollars d’autres organismes « de charité » sans nom

Le président de la CSQ ajoute que la valse des dons anonymes ne s’arrête pas là puisque l’IEDM bénéficie également de la générosité des contribuables canadiens par l’entremise de dons qui lui sont versés en provenance d’autres organismes de bienfaisance enregistrés au Canada.

« Depuis 11 ans, ce supposé organisme de bienfaisance qu’est l’IEDM a pu compter sur la charité “désintéressée” d’organismes partageant sans nul doute les mêmes intérêts élitistes qui lui ont versé pas moins de 3 524 419 $ avec l’assurance, bien sûr, de voir une partie de ces sommes remboursées par le gouvernement fédéral. Et tout comme c’est le cas avec les donateurs particuliers, il est impossible de connaître les noms de ces organismes généreux qui financent l’IEDM pour intervenir dans le débat public », révèle M. Réjean Parent.

Près de 2 millions de dollars en dons de sources discutables ?

Monsieur Parent renchérit en mentionnant qu’il y a encore plus inquiétant dans le dossier financier de l’IEDM puisque l’organisme est également grassement soutenu financièrement par des intérêts provenant de l’extérieur du Canada.

« L’étude des rapports financiers détaillés remis par l’IEDM depuis l’an 2000 à l’Agence du revenu du Canada nous apprend une donnée fort intéressante qui soulève des questions appelant des réponses. En effet, l’organisme a également encaissé des revenus totalisant un montant de 1 872 551 $ pour lesquels les donateurs inconnus n’ont pas réclamé de reçu fiscal. Se pourrait-il que ces sommes proviennent des dons que l’IEDM déclare recevoir chaque année, chacun d’une valeur de plus de 10 000 $ versés par des sources de l’extérieur du Canada ? », s’interroge M. Parent.

Des forces extérieures qui interviennent dans nos débats publics internes

Le président de la CSQ juge cette situation très troublante sur le plan de la démocratie puisqu’elle laisse croire que des forces extérieures interviennent dans les débats publics internes du Québec et du Canada, et ce, pour influencer nos politiques sociales et économiques par l’entremise d’un organisme de bienfaisance qui profite allègrement de la marge de manœuvre très large qu’accorde sur le plan politique la loi fédérale à une organisation de charité.

« Quelles sont ces forces extérieures qui tentent ainsi d’influencer l’opinion publique canadienne et québécoise pour modifier nos cadres sociaux et économiques à l’insu des premiers concernés, c’est-à-dire les citoyens, qui en subiront les conséquences dans leur vie quotidienne ? À la solde de quels intérêts financiers extérieurs l’IEDM se soumet-il en acceptant de recevoir ces dizaines de milliers de dollars provenant d’autres pays ? Est-ce normal, dans une démocratie en santé, que le gouvernement fédéral ferme les yeux sur une pareille situation sans se demander qui tire les ficelles ? », soulève M. Réjean Parent.

Des questions judicieuses pour les parlementaires canadiens

En terminant, le président de la CSQ invite les parlementaires canadiens prétendument inquiets du manque de transparence syndicale à plutôt regarder dans leur propre cour.

« Est-il normal, en démocratie, que les règles de l’Agence du revenu du Canada protègent, sous le sceau de la confidentialité, les noms de donateurs extérieurs qui financent à coups de centaines de milliers de dollars un organisme comme l’IEDM qui intervient régulièrement dans le débat public pour influencer la population sans que celle-ci ne connaisse leur origine ? La CSQ attend à son tour les réponses au nom de cette transparence si chère à l’IEDM et au nom de la majorité des citoyens du Québec », conclut M. Réjean Parent.

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