. Sa conduite appelle un humour corrosif et bien senti, ce qui renforcerait les idées reçues à son sujet. Rarement en effet, un politicien américain n’aura illustré de manière aussi caricaturale le présent état de sous-développement politique du pays.
Pourtant, je n’en ferai rien. Ce serait trop facile et déformerait la réalité.
Une telle quasi unanimité contre ce personnage (sauf chez son irréductible base électorale et quelques chroniqueurs) m’apparaît suspecte.
Ce qui dérange le plus chez Trump sont moins ses objectifs (impérialistes et conservateurs) que la façon qu’il a adoptée pour les réaliser. Il semble se faire une spécialité de prendre tous ses adversaires à rebrousse-poil. Son style compte pour beaucoup dans l’irritation qu’il produit, même chez certains de ses alliés. Il polarise les esprits pour ou contre lui.
Il lui manque l’habileté et la rouerie d’un Richard Nixon (qui a du démissionner en 1974 de ses fonctions présidentielles), le sens politique et le « charisme » d’un Ronald Reagan ou encore la « séduction » d’un Barack Obama. Il use et abuse sans vergogne des tweets, comme les hommes d’Al Capone de la mitraillette en leur temps.
Cependant, Trump ne représente peut-être que l’aboutissement grotesque du mouvement néo-conservateur américain entamé et aussi consacré par l’arrivée à la présidence de Ronald Reagan en novembre 1980 et poursuivi, avec ses diverses déclinaisons (plus sophistiquées avec Bill Clinton, un peu moins avec George Bush) et des fortunes variées depuis plus de trente ans, obstinément. Bref, Trump se situe dans une lignée idéologique assez précise et une certaine continuité politique.
Il illustre bien un aphorisme de Marx selon lequel, en gros, l’histoire commence en tragédie et se termine en farce.
Dans le cas de Trump, une farce très plate qui illustre crument le déclin de l’influence américaine dans le monde.
Jean-François Delisle
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