Édition du 19 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

États-Unis

L’opposition républicaine craint vraiment la hausse du salaire minimum. Pourquoi ?

Cette position démontre un profond manque de respect pour ceux et celles qui travaillent à faire marcher ce pays.

Leo Gerard est président de United Steel Workers,

(tiré de Inthesetimes.com, 22 avril 2014)

Traduction Alexandra Cyr

Finalement, les RépublicainEs sont terriblement anxieux et anxieuses. Ils et elles ont une peur terrible que les entreprises aient à trop payer leurs employéEs. Tellement, que leurs éluEs dans les États à travers le pays font du temps supplémentaire pour faire adopter des lois afin d’empêcher que le salaire des personnes les moins payées ne dépasse pas 7.25$ l’heure de sitôt.

Leurs lois interdisent aux conseils de ville et aux administrations de comtés de relever le salaire minimum de leurs employéEs. Et ils et elles insistent : pas de hausse pour ceux et celles qui gagnent déjà 15,080$ et plus annuellement. Mais, d’un autre côté, il n’y a pas de plafond de salaire pour les dirigeantEs d’entreprise qui jouissent d’avantages divers : jets privés, plans d’assurance maladie et parachutes dorés. Les RépublicainEs ne penseront jamais que c’est trop.

Le valeureux PDG d’Oracle, Larry Ellison, a touché 78,440,657$ l’an passé ; c’est tout à fait raisonnable aux yeux de ces politicienNEs. Il faudrait 5,201 années à unE travailleur-euse pour gagner autant. Il l’a fait en 365 jours ! Et c’est moralement correct selon ces éluEs.

Voilà pourquoi ils et elles s’acharnent à travailler si dur pour faire en sorte que Walmart et McDonald n’accordent pas d’augmentation à leurs employéEs. En même temps, Rob Marcus, PDG de Time Warner Cable reçoit leurs félicitations pour avoir mis la main sur 79,9 millions en six semaines.

La Républicaine Mary Fallin, gouverneure de l’Alabama, fait parti de ce groupe politique. La semaine dernière elle a approuvé une loi qui interdit aux conseils municipaux de son État d’augmenter les salaires de leurs employéEs.
Cet État figure en troisième place dans le pays, pour le nombre de travailleurs-euses au salaire minimum, nombre qui a encore augmenté entre 2011 et 2012. Pour justifier sa loi, la gouverneure a invoqué le fait qu’une augmentation de salaire, même de quelques sous de plus l’heure, allait faire augmenter les prix.

Pas plus que les autres de son parti elle n’a fait cas de l’augmentation du prix des abonnements au câble qu’allait générer de la fusion de Time Warne Cable et Comcast. Ce mariage corporatif a apporté 79,9 millions à son PDG, M. Marcus à titre d’acompte.

Au Wiskonsin, M. Christ Kapenga, élu à la législature de l’État, a utilisé les mêmes méthodes que Mme Fallin pour répondre à une proposition d’augmentation du salaire minimum de son personnel faite par le Milwaukee County Board. Sa loi interdirait aux gouvernements locaux de procéder, même si ailleurs dans l’État certains comtés ont déjà voté pour. La proposition de M. Kapenga n’a pas été adoptée. Celle mis aux voix par le Parti démocrate qui porte les salaires à 11.32$ à Milwaukee, l’a été. Elle permet aux travailleurs-euses à temps plein, qui ont une famille de 2 enfants de vivre au-dessus du seuil de pauvreté.

Dans cette bataille les RépublicainEs sont du mauvais côté du champ. Selon un sondage Gallup de l’an dernier, 71% des AméricainEs voteraient en faveur d’un relèvement du salaire minimum à 9$ de l’heure si on leur donnait la chance de s’exprimer. Les RépublicainEs à la Chambre ont bloqué la proposition présidentielle d’une hausse à 10.10$ l’heure. Maintenant les parlements des États et les conseils de ville s’en chargent. Au premier janvier dernier, une douzaine d’États et quatre conseils de ville ont augmenté leur salaire minimum. Cinq autres États et le District de Columbia ont approuvé des augmentations. Quant tous ces changements deviendront effectifs, la moitié des États auront rendu obligatoires des salaires minimum plus élevés que celui du gouvernement fédéral. En novembre, huit autres États devraient mettre aux voix, par référendum, des augmentations de leurs salaires minimums.

Mais les RépublicainEs manoeuvrent contre la moindre avancée pour les plus pauvres. Leur mantra ? Cela nuira aux entreprises. Le fait que les dommages d’un salaire dérisoire touchent les travailleurs-euses leur importe peu. Mais le moindre sous des 28 millions qu’à gagné M. James A. Skinner chez McDonald en 2012, est justifié. Ils et elles n’imaginent pas qu’une douzaine des étudiantEs de la Wharton School qui y ont obtenu leur MBA pourraient le remplacer demain matin et vendre les hamburgers aussi bien que lui et pour seulement 280,000$. Aucune prise en compte du fait que ce salaire excessif puisse avoir une répercussion sur les dividendes à verser aux actionnaires et sur le prix des frites. Ils et elles restent sourdEs à l’idée que la majorité des fans de McDonald sont prêtEs à payer quelques sous de plus pour leur « Joyeux repas » pour que le salaire de la jeune maman qui s’échine à les servir gagne un peu plus.

Les RépublicainEs ne croient pas dans la validité d’une augmentation des salaires pour ceux et celles qui ne méritent pas leur respect : les aides domestiques qui donnent des soins à leurs fragiles grand mamans ; les femmes de ménages qui nettoient leurs chambres d’hôtel où ils rêvent de leurs succès électoraux partout dans le pays ; les serveurs-euses chez McDonald à qui ont refusent un plan d’absence maladie payé et qui font des efforts extraordinaires pour ne pas cracher sur les frites sous leur nez.
Ils et elles croient par contre que les 31 millions versés au PDG de CVSi, Larry J. Merlo, n’a aucun effet sur le prix des médicaments ; que le seul nom de Ralph Lauren, qui lui rapporte 26 millions, n’a aucun effet sur les prix astronomiques qu’il accole à ses marchandises à titres de PDG de son entreprise ; même croyance envers M. Fabrizio Freda, PDG chez Estee Lauder qui reçoit 31 millions pour procéder aux mêmes pratiques. Cette opposition politique est fondamentalement convaincue que ces dirigeantEs de corporations méritent absolument de gagner en un an ce que les travailleurs-euses dans la moyenne mettraient 331 ans pour le faire. (Ce calcul a été fait par l’équipe spécialisée de l’exécutif de l’AFL-CIO, Paywatch cette année). Elle considère ces PDG si importantEs, spéciaux-ales, irremplaçables ! Ils et elles seraient tellement meilleurEs que le chirurgien cardiaque qui passe ses journées à des opérations méticuleuses pour sauver des vies ; 331 fois plus que les pompiers qui se précipitent vers un incendie pour rescaper une femme en danger ; que les policiers-ères et les ambulanciers-ères qui sont accourus après l’explosion à Boston l’an dernier pour secourir les blesséEs ; que nos précieux et précieuses enseignantEs qui prennent soin des enfants gênéEs, encouragent ceux et celles qui risquent d’échouer et qui refusent d’abandonner les écoliers-ères récalcitrantEs.

La peur de trop payer qui préoccupe les RépublicainEs est terrible. Pas parce que cela leur crée de l’anxiété mais à cause des souffrances que cela inflige aux travailleurs-euses sous payéEs. Mais, au moins, cela jette une lumière sur l’intimité du lien qui les unit au 1% qui finance leurs campagnes électorales au point qu’ils dévaluent la contribution des travailleurs-euses ordinaires à la richesse de notre pays. On comprend qu’ils vont continuer à s’opposer à tous les efforts pour tenter de diminuer les écarts de revenus qui ne cessent de s’élargir et qui brisent l’économie et la cohésion sociale de la nation.

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