Édition du 19 novembre 2024

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Environnement

L’omerta des élites

Pourtant on ne peut pas dire que ces données ont fait bouger les autorités de la région. Tout au contraire. Depuis le jour où Véronique Lalande a sonné l’alarme, on a plutôt assisté à un concours de prudences et de ronds de jambes. Et chacun de se renvoyer la balle, de nuancer, de s’évertuer à ne prendre aucun risque.

Ainsi le maire de Québec qui veut calmer le jeu et « rassurer la population », et qui en bon homme d’affaires rétif a priori aux préoccupations écologiques ou de santé publique, craint surtout que le débat ne nuise aux propriétaires du quartier : « On fait mal à la réputation du quartier Limoilou. S’ils pensent qu’ils font avancer les choses là, ils sauront juste ce soir que la valeur des propriétés a baissé dans Limoilou » (le 19 mars).

Et que dire du Ministre de l’environnement, Yves-François Blanchet, ministre dont on ne sait pas s’il faut mettre en cause dans son cas l’absence chronique de moyens de son Ministère ou son manque de volonté ? N’a-t-il pas déclaré : « On ne peut pas donner précisément un délai d’intervention parce qu’on ne sait pas combien de temps ça va prendre pour identifier la source » (le 24 mars). Il rajoutera le 28 mars : « il n’y a pas grand chose à dire (…) on ne donne pas des réponses incomplètes, incertaines, sur des enjeux de santé. » Et le 29 mars, il ira jusqu’à affirmer que son ministère ne disposerait pas de données avant 2010.

« Tu consultes pour avoir un bon traitement »

Quant au docteur François Desbiens, directeur de la santé publique, il ne fait guère mieux en affirmant le 28 mars : « il n’y a pas de risques nécessitant une intervention immédiate », ajoutant cependant (sic) : « Dès que tu as un symptôme, tu consultes ton médecin pour avoir un bon traitement ». Et jusqu’à Agnés Maltais qui, tout en concédant la mise sur pied d’un comité de vigilance « où les citoyens pourront participer », rappelle par ailleurs comment Mario Girard, le directeur du port a été « le plus collaborateur », avant de conclure « qu’il n’y a pas à avoir d’inquiétudes à court terme » (le 28 mars).

Sans même parler de la puissante compagnie Arrimages Québec, maitresse d’oeuvre du transbordement du nickel dans le port de Québec et qui nous raconte sans rire dans un video de promotion publicitaire que son comité de l’environnement et du développement durable « s’assure que toutes les activités de la compagnie sont posées dans le respect des communautés locales et de l’environnement ».

On le voit c’est à une véritable conjuration des puissants à laquelle on a affaire, une conjuration dont on réalise vite comment elle s’organise à travers un réseau serré d’intérêts économiques dont le Port de Québec apparaît comme le coeur.

P.M.

Pierre Mouterde

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