Bien, écoutez, l’état d’urgence, il faut bien comprendre qu’elle a toutes sortes d’impacts. Elle a un impact sur notre personnel. Elle a un impact aussi sur les primes qui sont payées à notre personnel, notamment. Elle a un impact entre autres sur les différentes mesures qui nous permettent… je vais aller jusqu’à dire, sur l’information qu’on reçoit, etc. Donc, on est en train de regarder comment on va pouvoir passer à l’après, si je peux l’appeler… le 2.0.
Mais, en ce moment, tant qu’on n’a pas réglé, notamment, je vous dirais, nos conventions collectives avec le Conseil du trésor, je pense que c’est un peu prématuré pour avoir la flexibilité qui nous a été donnée par ça, avec une très, très grande collaboration des syndicats, je dois le dire, dans les derniers mois. Ça fait que c’est quelque chose, en ce moment, qu’on discute, et avec le cabinet du premier ministre, mais aussi avec le trésor, pour être sûrs que, lorsqu’on passera à l’après-COVID, bien, qu’on aie tous les moyens de continuer à bien travailler en santé.
Derrière cette candide réponse, difficile de voir autre chose qu’une politisation de l’état d’urgence dans la négociation collective avec les travailleuses et travailleurs de l’État. Est-ce pour ça que le ministre a cru bon faire volte-face sur Twitter dès le lendemain matin ?
Or, en politique, il faut faire comme avec la musique jazz et écouter les silences qui sont aussi importants que les notes, encore plus quand ce silence vient du premier ministre lui-même…
L’arrêté ministériel 007
On comprend le ministre d’aimer les pouvoirs que lui confère l’état d’urgence. C’est beaucoup plus facile d’imposer au réseau toutes sortes de mesures par arrêté ministériel que d’être obligé de respecter les travailleuses et travailleurs de la santé et des services sociaux ! L’arrêté ministériel en question, le 007 (oui, comme James Bond), ouvre grand la porte aux abus de droit de gérance et à la modification unilatérale des conditions de travail (annulation de vacances, imposition de temps supplémentaire obligatoire, assignation du personnel à des secteurs inhabituels, etc.).
Le ministre aura beau dire qu’il a besoin de l’état d’urgence pour pouvoir donner des primes et répandre le bonheur dans le réseau : la réalité est que le personnel est épuisé et que ce n’est pas comme ça qu’on pourra les retenir dans le réseau !
Abus de pouvoir
Voulez-vous un autre bel exemple de l’abus de pouvoir que confère l’état d’urgence au gouvernement ? Les cours en ligne imposés aux enseignantes et enseignants lors des journées de grève dans le réseau scolaire. C’est complètement illégal et contraire aux dispositions des conventions collectives.
L’enseignement à distance n’est prévu que dans les décrets liés à la pandémie. L’utilisation par les centres de services scolaires de ces pratiques constitue une politisation des mesures d’urgence et une tentative grossière de réduire le rapport de force des travailleuses et travailleurs de l’éducation. C’est aussi très peu respectueux pour le personnel enseignant et les parents qui doivent composer avec ces décisions de dernière minute !
Encore une fois, le silence complice du ministère de l’Éducation et du premier ministre résonne très fort et en dit long !
Les cailloux dans le soulier
Ce n’est une surprise pour personne, François Legault voit les organisations syndicales comme autant de cailloux désagréables dans son soulier. Nous lui demandons des comptes, nous nous interrogeons sur ses prises de position et nous remettons en question les affirmations de son gouvernement. La pandémie lui aura offert une occasion de passer outre les représentantes et représentants légitimes des travailleuses et travailleurs, et de contourner leurs droits. C’est inadmissible et nous ne le laisserons pas faire.
Quelques mots sur la capacité de payer
Le gouvernement a lancé une publicité pour essayer de convaincre la population que nous n’avons pas les moyens collectivement de nous payer des services publics de qualité et d’offrir des conditions de travail décentes à celles et ceux qui prennent soin du monde. Dans la même semaine, François Legault annonce un gros tunnel à 10 milliards de dollars qui ne desservira qu’environ 27 000 véhicules par jour. Ce n’est pas un problème de capacité de payer que nous avons, mais bien un problème de choix politiques !
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