Édition du 17 décembre 2024

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L’art de la pirouette verbale du porte-parole de la compagnie TransCanada

Le 15 août 2014, le porte-parole de la compagnie TransCanada, M. Philippe Cannon, tentait de rectifier certains faits suite à la publication d’une étude du Stockholm Environment Institute entre Keystone XL et les émissions de gaz à effet de serre (GES) (1). En réalité, M. Cannon ne rectifie absolument rien.

Tout d’abord, précisons qu’il n’est pas question d’une théorie de la part des auteurs mais bel et bien d’une étude qui en vaut bien d’autres. Les chercheurs ont par ailleurs effectué une mise à jour de cette publication dans le Nature Climate Change le 10 août dernier. Un peu de rigueur svp M. Cannon !

Dans le document, les auteurs ne font nullement abstraction de l’analyse et des conclusions du Département d’État américain (DEA), de l’Agence internationale de l’énergie ou de quelconques experts du secteur énergétique. L’étude d’ Erickson et Lazarus souligne un grand manque dans l’évaluation du DEA . Il s’agit même, selon eux, de « l ’un des plus importants effets potentiels du projet Keystone XL sur les émissions de gaz à effet de serre » (2). On parle ici de la « hausse de la consommation résultant d’une augmentation de la production et de la baisse des cours » (2). Tiens donc ! Ne serait-ce pas un oubli de taille ?
Notez que c’est précisément ce facteur qui fait grimper l’estimation du DEA de 27.4 millions de tonnes à 110 millions de tonnes par année pour les chercheurs suédois. Est-ce vraiment un oubli ? Permettez-moi d’en douter !

Toutefois, on doit retenir de l’étude suédoise qu’elle semble très conservatrice quant à la différence entre les empreintes de carbone du brut bitumineux par rapport au brut moyen (+18%). On ne tient même pas compte du raffinage qui pourrait faire doubler, voire tripler ces empreintes.

Dans les faits, on remarque de plus en plus que la compagnie TransCanada est à court d’arguments dans son discours visant l’acceptabilité sociale. M. Cannon y va de pirouettes verbales pour réchauffer ce qu’il reste de crédibilité à cette compagnie quand il compare la sécurité entre l’oléoduc et le transport ferroviaire. Il parle de « lien sécuritaire et fiable » ou encore fait dans l’humour en affirmant que le Vénézuela est un pays instable. Comment ne pas s’esclaffer quand M. Cannon affirme que l’oléoduc est « la méthode la plus écologique de transport du pétrole brut » ?

Keystone XL, clairement un choix raisonnable ? Sur la scène humoristique peut-être !
Gageons que cette compagnie nous vendra l’idée de convertir ses oléoducs inutiles en gros arrosoir dernier cri quand le plan de réduction de GES planétaire sera mis de l’avant.

Benoit St-Hilaire
Rimouski
18 août 2014

1.
http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/415611/keystone-xl-pourrait-entrainer-quatre-fois-plus-de-ges-que-prevu

2.
http://sei-us.org/publications/id/504

Mots-clés : Edition du 2014-08-26

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