Mes récentes vacances en Europe m’ont fait tomber sur un article
paru le vendredi 30 décembre 2011 dans le quotidien Le Soir de
Bruxelles en page 24. La nouvelle s’intitule « Les gauchers
davantage sujets à l’épilepsie ? »
On y rapporte les propos d’un savant psychiatre de l’hôpital de la
Charité à l’Université de Berlin. Il prend bien soin de rappeler
qu’« Être gaucher est un phénomène naturel », mais il signale que
« les gauchers semblent être plus sujets que d’autres à certaines
maladies comme l’épilepsie, la schizophrénie et l’autisme. »
Finalement, la ou le journaliste, qui signe C.D.B., reformule
certaines paroles du savant qui « suggèrent que l’activité diminuée
de l’hémisphère cérébral gauche par rapport à l’hémisphèree droit
peut mener à la dépression tandis que le contraire rendrait
l’apparition de manies plus fréquentes. »
Eh bien, la voilà, la réponse ! Les droitiers ont des manies, dont
celle de ne pas comprendre le monde dans lequel ils vivent et de
s’imaginer que les gauchers ont des défauts intrinsèques.
C’est bien sûr que les gauchers sont un problème pour les
droitiers. A-t-on pensé que les droitiers étaient un problème pour
les gauchers ?
À lire la réflexion de certains savants, et de certains journalistes,
car la nouvelle aurait pu être rapportée sous un autre angle, on se
demande vraiment s’ils sont capables de comprendre que
l’environnement, la façon dont la société est construite et leur
façon de penser impérialiste conduisent nécessairement les
minoritaires dans certaines voies qu’ils qualifieront de
« déviantes ».
J’avais signalé dans mon billet de 2009 le parallèle avec la façon
dont on traitait en général les homosexuels. On retrouve la même
condescendance et la même incapacité à se penser dans un
système dominant qui se manifestent chez les Blancs quand ils
analysent les Noirs, les hétérosexuels quand ils analysent les
homosexuels et les droitiers quand ils analysent les gauchers.
De la même façon qu’il importe, quand quelqu’un se prononce sur
les réalités sociales, de savoir si ce quelqu’un est riche, blanc,
mâle, hétérosexuel ou catholique, il importe aussi de savoir s’il est
droitier, car il semble bien que le fait d’être droitier induit des
raisonnements biaisés.
Et vive l’aristéraphilie !