Un peu de réalité crue : le 19 novembre 2016, date à laquelle Mario Dumont publie sa chronique « Cassés, par idéologie » [2],le Québec a triplé sa population (presque 8,5 millions d’habitants [3], à l’instar de la population mondiale. Les ventes d’automobiles croissent exponentiellement. Les changements climatiques sont devenus une menace que personne ne peut nier [4]. Plus personne ne se mouille l’orteil dans notre majestueux fleuve Saint-Laurent, dont la santé est dorénavant minée par les déversements industriels, agricoles et domestiques.
La région de Montréal, dont la qualité de l’air laisse à désirer, vit en moyenne une soixantaine de journées de smog annuellement [5]. Le territoire est quadrillé de pipelines dont le suivi est douteux. Les sites miniers et les puits abandonnés se comptent par centaines, « décontaminés » aux frais de la population [6]. Les milieux humides supposément protégés sont vendus au promoteur le plus avenant [7]. Même la production agricole est devenue toxique, avec tous ses excès d’OGM, pesticides et engrais de synthèse [8].
Il est maintenant généralement admis que les transnationales exploitent cavalièrement tout échappatoire fiscal afin d’éviter de contribuer leur juste part au bien commun [9]. Le cancer domine maintenant les causes de mortalité au Québec [10].
Néanmoins, l’héritier du visionnaire M. Dumont ne rechigne pas : presque 90 ans plus tard, il reprend la recette miracle de son prédécesseur pour sauver les pauvres provinciaux que nous sommes. Habile communicateur, Mario Dumont raffine son message et, de manière subtile, il appelle les Québécois à « ne pas fermer la porte à l’exploitation d’hydrocarbures ». [11]
Mario Dumont et autres chantres de la fuite en avant de la croissance infinie, de grâce, prenez le recul nécessaire pour bien saisir la situation : deux planètes seront nécessaires pour satisfaire aux besoins de notre consommation débridée de produits d’hydrocarbures en 2030. [12]
Admettez-vous que c’est à cause de l’idéologie néo-libérale régnante que le paradigme de la croissance indéfinie nous pousse au bord du précipice environnemental ?
Votre prétendu réalisme économique à courte vue est totalement insignifiant face à l’implacable logique du système écologique dont nous sommes tous dépendants.
Le Québec compte maintenant une majorité de gens éduqués. Nous avons le savoir et les ressources nécessaires pour développer une transition énergétique gagnante pour tous. À défaut d’être un acteur positif dans ce renouveau inéluctable, ayez à tout le moins la décence de ne pas entraver les efforts de ceux qui embrassent ces nouveaux défis avec courage.
Christian Jacques
Repentigny
Le 29 novembre 2016