La devise olympique « citius, altius, fortius » (plus vite, plus haut, plus fort) devrait être remplacée par la devise des écolos : « aller moins vite, partir moins loin, agir avec douceur. » L’écologie politique devrait mettre à son programme la suppression des Jeux Olympiques.
1/5) L’abominable histoire des Jeux Olympiques
Les Jeux Olympiques ne sont que le cache-sexe du politique. Aux premiers jeux olympiques de 1896 à Athènes, il y eut deux semaines de délire nationaliste : 180 Grecs vont rivaliser avec 131 concurrents venus de 12 nations des 5 continents. Le public réserve toute sa ferveur à ses champions nationaux sans le moindre égard pour ceux des autres pays, cela n’a pas changé en 2012. La présence toujours plus forte des JO dans les représentations collectives induit sa récupération croissante : les JO de 1936 à Berlin par le nazisme, mais aussi les pays de l’Est qui utilisent la compétition sportive pour essayer de démontrer la supériorité de leur système social grâce à leur succès sur les stades.
Aujourd’hui encore, chaque média national choisit de diffuser en priorité les épreuves dans lesquelles ses ressortissants ont des chances de médaille. Ainsi pour la France : « L’épéiste Gauthier Grumier est éliminé dès le premier tour. Au judo, Lucie Décosse entre en scène pour ajouter la médaille d’or à son palmarès. Au pistolet, Céline Goberville dispute les qualifications. Etc. » Le sport-spectacle confirme la vision traditionnelle de l’altérité, il y a eux, il y a nous, et c’est mon groupe d’appartenance qui de toute façon est préférable. Tout se passe comme si chacune des nations assistait à des jeux différents, il y a là comme une trahison de l’esprit même du sport qui suppose le respect de l’adversaire et l’attention portée aux efforts de l’autre. Par la suite, le fric s’est superposé aux enjeux étatiques.
Les jeux olympiques de « l’amateurisme » ont été privés de ressources financières jusqu’en 1972. Puis le CIO est devenu richissime grâce à la vente des droits de retransmission. Tout s’est accéléré dans les années 1980 avec la libéralisation du paysage audiovisuel. Le CIO décide la professionnalisation des JO en 1981 et leur exploitation commerciale en 1986 par le sponsoring. En 2004 à Athènes, la lutte contre le « marketing sauvage » s’était traduite par l’interdiction faite au public de pénétrer dans les enceintes olympiques en arborant d’autres marques que celles des sponsors officiels ou avec une boisson gazeuse autre que Coco-Cola ! L’expérience montre d’ailleurs que les pays candidats aux JO doivent être prêts à tordre leurs propres lois. Ainsi la ville de Paris dans son dossier de candidature malheureux pour 2012 précisait : « La France s’engage à prendre toute disposition législative ou réglementaire qui s’avérera nécessaire au bon déroulement des Jeux Olympiques. » Ainsi le gouvernement de Tony Blair s’était également engagé à introduire une législation destinée à renforcer la protection des marques olympiques et paralympiques.
La désignation du Brésil pour les JO de 2016 à Rio sert la popularité de son président Luiz Lula, les JO ne sont en aucun cas crucial pour le développement du Brésil. Les miséreux de Rio ne vont pas se loger dans les 25 000 chambres construites pour accueillir des spectateurs. Au Brésil, 36 % de la population urbaine habite dans des taudis. Le peuple est dasn la misère, mais on lui offre une arène sportive : panem et circenses, du pain et des jeux ! Alors, à quoi servent les JO ? A rien de bon.
2/5) Le CIO (Comité International Olympique), une caste détestable
Le CIO est en fait un regroupement de personnes auto-choisies qui mettent les JO aux enchères en pensant à la visibilité médiatique et aux retombées financières.
Les 115 membres du CIO sont cooptés intuitu personnae, c’est-à-dire qu’ils ne représentent qu’eux-mêmes. Même si le choix d’une ville pour les JO est à bulletin secret, chacun sait qu’il ne s’agit pas seulement de promouvoir le bien de l’olympisme. Pour la détermination de la ville olympique en 2012, c’est Londres qui avait été choisi au détriment de Paris. Si le lobbying ne repose plus sur des valises de billets, il y eut des commissions sur contrats et des subventions pour des projets qui ont été discutés entre quatre yeux. Dans son livre Paris 2012, pari gâché, A. de Redinger, reconnaît que, depuis vingt ans qu’il navigue dans ce milieu, il ne connaît aucune ville qui n’ait emporté les suffrages sans avoir acheté de voix. De toute façon, pour avoir le droit d’accueillir les JO auprès de cet aréopage, il faut faire preuve d’une totale soumission à des règles qui changent au gré des circonstances.
Lemonde.fr du 24 juillet 2012 affirme que le CIO joue à Big Brother au service de ses sponsors. Route, nourriture, moyens de paiement, réseaux sociaux : en 2012, le CIO et ses partenaires ont imposé leurs règles à la capitale britannique qui a été, le temps de cet événement planétaire, sous juridiction olympique. Autour des principaux sites olympiques, les publicités pour des marques autres que celles approuvées par les organisateurs sont interdites. Il faut dire que les onze grands sponsors du CIO (McDonalds, Coca-Cola, Acer, Atos, Visa...) lui rapportent la bagatelle de 730 millions d’euros pour la période 2010-2012. Le CIO est devenue une ONG de droit privé suisse, tentaculaire, qui règne sans partage sur les villes hôtes…
3/5) Bilan écologiquement décevant des Jeux Olympiques
En 2000, organiser des Jeux Olympiques responsables et respectueux de l’environnement devient une obligation pour toutes les villes participantes. Le rapport publié le 20 juillet dernier par le WWF-UK et l’ONG britannique BioRegional évalue les performances environnementales des J.O. de Londres, promis comme « les plus verts de l’histoire olympique ». Dans ce premier bilan écologique, le négatif l’emporte forcément sur le positif.
Le positif :
WWF : « La plupart des visiteurs arriveront en transport public. Les services de restauration transformeront leurs déchets produits durant les jeux en compost ou en carburant. »
Le négatif :
WWF : « Comme tout grand évènement sportif, les J.O. ont une empreinte écologique énorme du fait de la consommation massive des visiteurs et de toutes les infrastructures spécialement construites pour les héberger. La production d’énergies renouvelables s’est avérée profondément insuffisante. Seulement 9 % de l’énergie consommée se veut « verte », un chiffre relativement faible en comparaison avec l’objectif de 20 % soutenu dans le cahier des charges. L’autre bémol : la consommation de nombreux produits dérivés loin d’être éco-conçus et qui plus est, labellisés J.O. »
Conclusion de BIOSPHÈRE :
NON, les JO ne sont pas comme dit WWF « une formidable opportunité pour démontrer que des alternatives sont possibles pour vivre dans les limites des ressources naturelles de la planète en changeant nos modes de vie et de production ». Cette compétition, sponsorisée pour leur plus grand profit par des marques (Coca Cola, etc.) dont on n’a pas besoin, est une fausse parenthèse ludique. Les Etats envoient leurs sportifs pour faire étalage de leur « puissance » et avouent dans le même temps leur incapacité à régler aucun des problèmes fondamentaux comme le réchauffement climatique ou les exportations d’armes conventionnelles.
Pour l’écologie, rien ne vaut le sport qu’on pratique en jardinant ou en organisant entre proches une partie de foot.
4/5) Les sportifs oublient leurs limites aux JO
Le sport-spectacle s’accompagne du dopage, les JO ne font pas exception à la règle. Normal ! Quand on demande à un individu de dépasser ses limites, la tentation est grande de se faire aider. Le sportif est dénaturé par obligation. Au cours des six derniers mois, au moins 107 athlètes de sport olympiques d’été ont été sanctionnés pour une période de suspension qui inclut les jeux de Londres, a révélé le président de l’AMA (Agence mondiale antidopage)*. Une étude en cours de finalisation devrait révéler d’ici à la fin de l’année que plus de 10 % des athlètes prennent part à des activités de dopage. Les JO poussent les sportifs au-delà de leurs limites.
Aux JO ou ailleurs, le sport de haut niveau est un enfer. C’est un enfer physique, il faut se focaliser sur l’entraînement, des heures et des heures d’entraînement, des entraînements dans la douleur et dans la souffrance pour repousser toujours plus loin ses propres limites. Il faut se faire mal ! C’est aussi un enfer psychologique. Le sport de haut niveau est un déséquilibre. On ne peut pas nager quinze kilomètres par jour comme le faisait Laure Manaudou et savoir gérer sa vie. Et puis les sportifs subissent trop fréquemment un véritable enfer de proximité. L’entourage est primordial, c’est lui qui porte la motivation première. Combien de pères abusifs ont poussé jusqu’à la dépression leur progéniture ! Combien de mères ont fait de leur propre désir de gloire un transfert sur leur enfant ! Combien d’entraîneurs ont joui dans une relation de maître à esclave envers leur poulain ou leur pouliche ! Combien de pays poussent leurs athlètes au-delà de leurs limites.
Cet enfer existe parce qu’il est pavé de vanité. Le goût de la performance, c’est souvent pour être le premier, pour cet afflux d’adrénaline qui rend artificiellement heureux sous les applaudissements. Et puis il y a l’amour de soi dans l’œil du public ; le sportif de haut niveau sait qu’il rentre dans le sport spectacle, qu’il devient l’objet de tous les regards, et cela ne peut que flatter son amour-propre. Si le sportif s’allongeait sur le divan d’un psychanalyste, il arrêterait sans doute le sport du jour au lendemain.
Marre des JO. Supprimons les spectateurs, il n’y aurait plus de Jeux Olympiques, il n’y aurait plus de sportifs, il n’y aurait plus ces gloires déchues et ces corps brisés. La marche à son rythme est le meilleur des sports. Si le contact avec la nature est donné de surcroît, ce serait le paradis.
5/5) L’esprit Olympique, contraire au sens des limites
La devise olympique « citius, altius, fortius » (plus vite, plus haut, plus fort) ne fait que correspondre à l’expansion de la révolution industrielle et du goût de la bourgeoisie pour la concurrence et le record : vive le règne des plus forts !
Mais battre les records du monde devient de plus en plus rare, de plus en plus dépendant des innovations technologiques. Selon l’Irmes, l’homme utilisait 65 % de ses capacités physiques en 1896 (début des JO), contre 99 % actuellement et 99,95 % en 2025 si on prolonge les tendances. Nos performances ne sont pas séparées de nos paramètres vitaux, l’alimentation, l’hygiène, l’instruction, les possibilités d’entraînement. La natation détient encore paraît-il le plus de potentiel, mais principalement grâce aux nouvelles combinaisons qui s’améliorent d’années en années jusqu’à ce que la peau des nageurs s’apparente à la peau des dauphins (LE MONDE du 9.08.2008). Si les Jo se déroulaient comme au temps des cités grecques, athlètes nus, on ne parlerait de record que très très rarement.
De toute façon, la devise « Plus vite, plus haut, plus fort », est à l’inverse des principes de la Biosphère : « Aller moins vite, aller moins loin, agir avec douceur » : il faut respecter les écosystèmes. Notre futur n’a pas besoin de jeux et de télévision, mais de sobriété et de réflexion. Cet été, la propension des dirigeants à détourner l’attention des crises grâce aux clameurs dans les stades a encore repris le dessus. François Hollande voudrait encore les JO à Paris ! Démesure orgueilleuse d’un pays endetté. Mais bientôt, un jour, grâce à la descente énergétique, nous serons débarrassés des Jeux Olympiques et nous pourrons recommencer à marcher au lieu de s’avachir devant un poste de télé. Retrouvons le sens de limites…