Édition du 17 décembre 2024

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Environnement

Jour du dépassement : l'endettement écologique explose

Alors que l’analyste économique Gérald Fillion nous apprenait récemment sur les réseaux sociaux que l’indice boursier TSX avait atteint un sommet historique, voilà qu’en contrepartie, le Global Footprint Network (GFN) nous apprenait que notre planète avait épuisé son capital écologique en huit mois en date du 20 août 2014.

Deux indices différents, deux réalités qui semblent elles aussi différentes, mais qui pourtant ne devraient pas être en dichotomie : économie et environnement. Pourquoi ? Parce qu’un système économique viable se devrait d’être la résultante d’un environnement sain...plutôt que le contraire, tel qu’on l’observe présentement.

La dette des générations futures

L’indice généré par le GFN est très évocateur puisqu’il nous permet de réaliser que nous épuisons/consommons les ressources naturelles de la planète plus rapidement qu’elle ne peut les fournir. L’équivalent écologique de dépenser la totalité de votre salaire annuel en moins en moins d’un an.

Au début des années 1960, l’humanité consommait trois quarts des ressources de la planète en l’espace d’un an. Cependant, dès le milieu des années 70 nous avons commencé à vivre à crédit et à épuiser notre budget « écologique » de plus en plus rapidement. En chiffres, ceci signifie qu’il nous fallait 294 jours pour consommer la totalité des ressources de la planète en 1993, le tout passant à 265 jours en 2003, puis à 231 jours cette année. Selon les projections, il nous faudrait l’équivalent de 3 planètes Terre en 2050 afin de satisfaire nos besoins sans cesse grandissants.

Si rien n’est fait pour changer la donne, il est évident qu’à ce rythme les générations futures hériteront d’une dette écologique considérable dont les intérêts cumulés se feront sentir par d’importants bouleversements environnementaux et sociaux.

Comment renflouer la dette

Si l’importante croissance démographique mondiale contribue sans aucun doute à dilapider les ressources de la planète, il n’en demeure pas moins qu’à la base, c’est notre relation avec la biosphère qui se doit de changer.

La biosphère, cette mince couche d’atmosphère, d’air, d’eau et de terre, est ce qui permet à la vie d’exister telle que nous la connaissons sur la planète. Comme tout système vivant, celle-ci est, de par sa nature, limitée et finie. À l’opposé, le système économique global qui dicte le fonctionnement de la plupart des nations mondiales repose principalement sur la prémisse de la croissance à tout prix. Quand l’économie va, tout va !

Cette perspective est pourtant difficilement juxtaposable à un environnement, une biosphère, dont les ressources sont limitées. C’est pour cette raison que de plus en plus d’initiatives, internationales et régionales, se proposent de réformer le système économique actuel afin d’y inclure les biens et services que nous rapportent les différents écosystèmes terrestres ou, en d’autres mots, notre capital naturel. Celui-là même dont notre économie mondiale dépend pour sa bonne forme.

Outre cette internalisation des coûts écologiques au sein de notre système économique, d’autres initiatives plus locales valent la peine d’être explorées afin de réduire notre dette écologique. Pensons au mouvement de l’agriculture urbaine qui contribue à rapprocher les communautés citoyennes des grandes et moins grandes métropoles, tout en réduisant leur empreinte écologique. Les écocentres (partout au Québec) sont aussi de belles initiatives permettant au citoyen de donner une seconde vie à des matériaux ou des biens qui autrement auraient trouvé le chemin du dépotoir.

Ultimement, si nous ne voulons pas que les générations futures, celles de nos enfants, héritent d’une planète surendettée écologiquement, il nous faut trouver le courage et le leadership nécessaires afin d’adopter des changements dans nos modes de développement économique, notre conception de la répartition de la richesse, ainsi que notre façon de consommer.

Jean-Patrick Toussaint

Chef des projets scientifiques pour le Québec de la Fondation David Suzuki.

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