Dans ce cas particulier, il aura fallu l’intervention d’une infirmière du CLSC pour que la dame, âgée de 92 ans, soit transférée à l’hôpital. Mme Brykowycz n’aura malheureusement pas survécu aux lacunes de l’entrepreneur en termes de soins et de sécurité.
Devant un tel drame, je peux comprendre que l’Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic s’élève vivement contre les mesures vagues et incomplètes contenues au projet de loi 16, tel que le rapportait La Presse cette semaine. Censé resserrer le processus de certification des résidences privées, ce projet de loi donne plutôt aux entrepreneurs la possibilité d’obtenir une « certification à rabais ». De la poudre aux yeux visant à apporter un faux sentiment de sécurité aux personnes âgées.
Doit-on se surprendre que ce projet de loi semble plutôt chercher à faciliter la vie aux entreprises privées, sachant que le gouvernement Charest n’a jamais caché son désir de s’en remettre au secteur privé pour assumer des responsabilités qui reviennent normalement à l’État ?
Qu’on m’explique la logique selon laquelle il serait acceptable qu’une entreprise privée empoche des profits sans avoir à répondre aux mêmes exigences que celles imposées à un établissement public ! Permettez-moi de vous rappeler ici l’étude de l’Institut de recherche en politiques publiques qui confirmait que c’est l’État qui est le mieux placé pour assurer la qualité des services aux aînés.
Les personnes âgées ont besoin de soins, ont besoin d’être sécurisées. Ça fait partie d’une responsabilité collective. Ces mots, ce sont ceux de la ministre déléguée aux Services sociaux, Dominique Vien, qui réagissait, en janvier dernier, à une enquête dévastatrice [partie 1, partie 2] menée par l’équipe de l’émission J.E. En revoyant cette entrevue, où la ministre déléguée affirme avec conviction qu’il n’y aurait pour elle aucun compromis possible quant aux règles à mettre en place, j’en comprends qu’elle a abdiqué.
Oui, Madame Vien, les personnes âgées ont droit aux soins et à la sécurité que leur condition exige, peut importe la classe sociale à laquelle elles appartiennent. Mais elles sont également en droit d’attendre de leurs élus qu’ils prennent d’abord position en leur faveur avant de chercher à répondre aux intérêts du privé.
Les consultations sur ce projet de loi débuteront sous peu et la FIQ y présentera un mémoire le 15 septembre. J’aurai donc l’occasion de vous en reparler, surtout que le gouvernement semble vouloir diriger toute l’attention médiatique vers le volet du projet de loi portant sur la certification des résidences privées, ce qui permettrait de passer sous silence les mesures visant à ouvrir davantage le secteur de la santé et des services sociaux québécois aux marchés internationaux, notamment via l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union Européenne.