Cette situation découle directement de deux catastrophes majeures qui ont frappé le pays au cours de l’année 2010. La première s’est produite en janvier de cette année-là : un puissant séisme a fait près de 300 000 morts, incluant de nombreux fonctionnaires, surtout dans la région de la capitale nationale. Quasiment toutes les institutions gouvernementales se sont effondrées. Parmi les instances de la « communauté internationale » qui ont œuvré à porter secours à la population, certaines en ont profité pour prendre le contrôle du pays. Par exemple, moins de 5% de l’aide internationale a été gérée par l’État haïtien. De plus, la « communauté internationale » a exigé la tenue d’élections générales en décembre de la même année et a imposé ouvertement la modification des résultats du scrutin.
Cela a mené à la deuxième catastrophe : la prise du pouvoir de l’équipe dirigeante la plus corrompue de l’histoire d’Haïti, le régime PHTK. Aujourd’hui certains membres de cette équipe dirigent encore le gouvernement, avec l’appui inconditionnel de la « communauté internationale ». La crise actuelle, bien qu’elle ait éclaté en juillet 2018, est le résultat de la politique délétère de ce régime qui détient le pouvoir depuis plus de 12 ans. Des solutions haïtiennes viables à la crise ont été proposées, les plus importantes étant l’Accord du 30 août 2021, dit Accord du Montana et la déclaration de Kingston, regroupant le groupe Montana et la plupart des partis politiques en Haïti. Elles ont cependant toutes été repoussées par le gouvernement dirigé par le premier ministre de facto Ariel Henry, fort de l’appui inconditionnel de la « communauté internationale ». La déclaration de Kingston réclame justement sa démission.
Entre temps, toutes les institutions du pays ont été démantelées, il n’y a plus aucun élu en Haïti. Le Premier ministre de facto, concentre entre ses mains tous les pouvoirs et gouverne donc sans partage, avec la bénédiction de la « communauté internationale ». Parallèlement, par la terreur et une violence devenue insupportable, les gangs contrôlent presque toute la capitale qui se retrouve de plus en plus isolée du reste du pays. Cette violence s’étend aux centres nourriciers les plus importants du pays, en particulier l’Artibonite, bloquant production agricole et activités commerciales, contribuant à affamer des populations déjà fragilisées et à perpétuer la dépendance économique du pays.
Une évidence s’impose : l’actuel Premier ministre de facto ne peut pas rester en poste. Son départ, réclamé par la majeure partie de la population, y compris la diaspora, est nécessaire et obligatoire pour trouver une solution à la crise actuelle. Les choses n’ont fait qu’empirer depuis son arrivée au pouvoir, le 20 juillet 2021, suite à un tweet du Bureau intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH) : hausse importante de l’instabilité et de la terreur dans le pays (meurtres, viols, kidnappings, forte extension du territoire contrôlé par les gangs de rue, augmentation spectaculaire du nombre de déplacés internes, etc.), forte augmentation de l’insécurité alimentaire, inflation galopante, chute du taux de change de la devise nationale, etc. Qui plus est, le Premier ministre de facto est soupçonné d’avoir fait partie du complot qui a mené à l’assassinat du Président Jovenel Moïse le 7 juillet 2021.
Il faut respecter l’esprit de la Constitution et revenir à un exécutif bicéphale, soit un Conseil d’union nationale et un Premier ministre, mettre en place une instance de contrôle pour une période de transition d’au moins deux ans. Cela permettra au pays de reconstituer les institutions démolies par l’actuelle dictature, tenir une conférence nationale pour, notamment, décider des changements constitutionnels à opérer éventuellement, mettre sur pied un Conseil électoral crédible disposant des moyens viables pour préparer de bonnes élections dans un délai réaliste.
La « communauté internationale » peut accompagner ce processus de solution à la crise :
• en cessant d’appuyer le Premier ministre de facto Ariel Henry ,
• en décidant d’un moratoire sur les déportations de migrant.e.s haïtien.ne.s, principalement de la République dominicaine et des États-Unis (ces personnes déportées sont souvent ciblées par les gangs comme recrues potentielles…),
• en renforçant de façon substantielle l’appui technique et matériel à la police nationale, en fonction des besoins exprimés par les forces de sécurité du pays,
• en aidant à financer un programme d’urgence pour atténuer les difficultés que connaît la population en général après cinq années quasiment en état de siège,
• en bloquant le trafic d’armes et de munitions vers Haïti, principalement à partir de la Floride,
• en ciblant et en sanctionnant les personnes coupables de corruption et d’activités illégales, qui jouent un rôle important dans la situation actuelle (les produits de la corruption sont généralement placés hors d’Haïti, chez des membres de la dite « communauté internationale »…)
Aujourd’hui le peuple haïtien ne peut plus continuer à endurer cette crise qui a fait des milliers de morts, qui a donné lieu à une situation de terreur et a causé une catastrophe humanitaire inédite dans l’histoire du pays.
Des solutions tenant compte de la réalité actuelle existent. Elles doivent passer nécessairement par le départ du Premier ministre de facto Ariel Henry, principal obstacle à la mise en place du processus conduisant à la construction d’un État de droit.
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