Un article paru dans La Presse a provoqué des réactions de plusieurs de nos membres les plus mobilisés sur le terrain. Cet article prétend que la grève sociale est exclue de notre boîte à outils. Cette impression est trompeuse. Nous avons déjà des syndicats qui ont tenu des votes sur un mandat de grève sociale. Non seulement nous ne les avons pas arrêtés dans leur démarche, nous allons continuer à les soutenir. D’ailleurs, nous pensons qu’il n’est pas une bonne idée que quelques syndicats soient isolés sur cette question. Cependant, nous allons tenir les débats qui s’imposent avec l’ensemble de nos syndicats en commençant par un premier débat à la fin du mois de mars.
En action contre le projet de loi 10 et les compressions budgétaires
À la FSSS-CSN, nous sommes en action depuis septembre dernier. L’essentiel de nos préoccupations touche la question du projet de loi 10, qui affaiblira considérablement notre réseau public de santé et de services sociaux. Dans l’ensemble des régions du Québec, nos syndicats se sont activés pour informer les travailleuses et travailleurs et pour les mettre en action. Manifestations devant les établissements, rencontres de députés, interpellations de la population, campagne de publicité, occupations des bureaux de députés, perturbation à l’Assemblée nationale lors de l’adoption du projet de loi sous le bâillon ; les actions se sont multipliées.
Il va de soi que pour faire reculer le gouvernement Couillard sur son programme d’austérité, aucun moyen d’action ne doit être exclu. Dans les prochaines semaines, nous aurons l’occasion de démontrer les impacts qu’ont les compressions budgétaires sur les services que reçoit la population dans le réseau de la santé et des services sociaux. Si l’automne a permis de prouver à la population que nous sommes bel et bien dans une période d’austérité, cette opération permettra de démontrer que cette austérité a des impacts désastreux sur notre santé.
Et la grève ?
Un autre dossier qui préoccupe particulièrement les travailleuses et travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux, c’est celui de la négociation dans le secteur public. Nous avons fait le choix de faire de cette négociation un enjeu sur la question de l’appauvrissement des travailleuses et travailleurs. Les données démontrent que la classe moyenne s’est appauvrie dans les dernières décennies, au profit d’un enrichissement sans commune mesure des plus nantis. Améliorer les conditions salariales du personnel du secteur public, c’est non seulement travailler à consolider et valoriser nos services publics, mais c’est aussi travailler à mieux redistribuer les revenus dans notre société.
Les travailleuses et travailleurs du secteur public s’appauvrissent et subissent un retard de 7,6% de leur rémunération globale par rapport aux autres salarié-es québécois. Et tout ce que le gouvernement Couillard a à leur proposer, c’est de s’appauvrir davantage ! Il a en effet déposé des offres d’une très grande arrogance ! Ce n’est pas bien compliqué : il veut piger dans la poche des travailleuses et travailleurs à tous les endroits où cela est possible.
La mobilisation n’est pas du même ordre partout. Sur la Côte-Nord, nos syndicats sont particulièrement actifs pour faire reculer le gouvernement sur la fin de la prime de rétention de 8%. Trois de nos syndicats ont d’ailleurs obtenu des mandats de grève pour dénoncer ce recul. D’autres syndicats sont actuellement en réflexion. On doit par contre admettre qu’il nous reste du travail à faire pour rencontrer les travailleuses et travailleurs et les entendre sur leur vision des mobilisations à venir.
Que faire face à un gouvernement qui méprise les institutions démocratiques, qui attaque les services publics et qui veut appauvrir les travailleuses et travailleurs ? En clair, est-ce que nous envisageons d’avoir recours à la grève ? La réponse est claire : oui.
Nous avons toujours été transparents dans les débats que nous avons menés à la Fédération. Nous serons prêts à aller aussi loin que nos membres le voudront. Nous appuierons les travailleuses et travailleurs en lutte. On ne peut s’engager dans une négociation aussi importante face à un adversaire si arrogant sans prendre tous les moyens à notre disposition pour améliorer le sort des travailleuses et travailleurs. Une négociation, cela ne se mène pas uniquement par la force des arguments. Ce qui fait entendre raison à un gouvernement, c’est le rapport de force que nous pouvons développer.
Et cela passe notamment par le recours à la grève. C’est pourquoi nous participerons le 31 mars prochain avec l’ensemble des organisations syndicales du Front commun à un colloque sur la grève. Nous avons déjà lancé nos travaux pour obtenir notre droit de grève légal. En effet, nos syndicats sont déjà en discussion afin d’obtenir les listes des services essentiels. Parce que dans le réseau de la santé et des services sociaux, nous devons faire face à une loi sur les services essentiels, qui vise essentiellement, avouons-le, à brimer l’action syndicale.
Une lutte à poursuivre
Je comprends que les leaders syndicaux marchent sur des œufs sur la question de la grève. Nous n’avons pas encore lancé le débat dans nos syndicats et déjà on nous demande de nous prononcer sur la grève illégale.
Ce qui est clair, c’est que la direction de la FSSS-CSN n’empêchera aucune réflexion sur les moyens à prendre pour résister au gouvernement. Nos syndicats vont nous alimenter sur les meilleurs moyens accessibles à nos membres. Ensuite, nous allons faire une proposition basée sur ces échanges. Ce sera à nos membres de trancher sur le plan d’action qui sera mis en place, notamment si on veut utiliser la grève (légale ou non).
Je connais assez bien le président de la CSN pour savoir qu’il n’a pas froid aux yeux. Que nous ne soyons pas prêts pour faire la grève au moment où les étudiant-es vont commencer la leur, est une évidence qui saute aux yeux. Après, rien n’est éliminé ! Il y en aura plusieurs qui tenteront de nous diviser sur cette question, particulièrement le gouvernement. Nous ne nous laisserons pas aveugler par ces tentatives de division. Nous allons garder nos yeux sur l’objectif : résister à l’austérité et faire une vraie négociation.