Décembre 2011
D’après la Société pour vaincre la pollution, la gestion et le traitement des eaux de fracturation des puits gaziers est un des dossiers qui aura une grande importance dans la protection des eaux au Québec. L’expérience américaine nous enseigne que les eaux de remontée des puits contiennent, en plus des produits de fracturation injectés, des saumures (eau salée), des éléments radioactifs et toxiques que l’on retrouve dans les formations géologiques.
Une excellente enquête publiée dans le New York Times il y a plusieurs mois a montré que des usines d’épuration des eaux usées de la Pennsylvanie qui traitent les eaux de fracturation dépasseraient les normes de rejets pour la radioactivité.
Un bilan très préliminaire de la gestion des eaux de fracturation au Québec par les stations municipales d’épuration des eaux usées a été fait par le BAPE (voir les p. 135 à 139 du rapport du BAPE). Tout semble se baser sur une évaluation en cours des rejets dans le fleuve de la station d’épuration de Trois-Rivières qui reçoit les eaux de fracturation de Talisman (puits Gentilly). Fait intéressant, il y a plusieurs mois un technicien de la station d’épuration de Trois-Rivières a contacté la S.V.P. pour nous demander des informations sur les composés dans les eaux de fracturation qu’il devait épurer.
La station d’épuration de Trois-Rivières dessert 120,000 personnes et a un débit de 98,000 m3/jr et rejette ses eaux traitées dans le fleuve Saint-Laurent qui a un débit de 11 000 m3/s devant Trois-Rivières.
Pour sa part, la station d’épuration d’Huntingdon (sur le Chemin Connaught) dessert 6,100 personnes (20 fois moins que Trois Rivières) et a un débit de 10,200 m3/jr (9 fois moins que Trois-Rivières) et rejette ses eaux traitées dans la rivière Châteauguay qui a un débit de 15 m3/s soit près de mille fois moins que le fleuve à Trois-Rivières.
La station d’épuration d’Huntingdon est donc beaucoup plus petite que celle de Trois-Rivières et rejette ses eaux traitées dans un cours d’eau aussi beaucoup plus petit. La petite échelle de la station d’Huntingdon affecterait sa capacité de dilution des eaux de fracturation reçues (une mauvaise chose). Aussi le faible débit de la rivière Châteauguay affecterait aussi la capacité de ce cours d’eau à diluer les rejets (aussi une mauvaise chose).
D’ailleurs, selon le ministère des Affaires municipales, un débit minimum de conception d’une station d’épuration pour traiter des eaux de fracturation serait de 10,000 m3/jr. La station de Huntingdon serait donc très proche de la limite requise.
Finalement, en traitant des eaux de fracturation, les boues d’épuration de la station de Huntingdon pourraient s’avérer trop contaminées pour en faire une valorisation (compostage, biogaz) ce qui augmentera les coûts de gestion de ces boues pour la municipalité.
En conclusion, la SVP ne croit pas que la station d’épuration de Huntingdon devra être autorisée à recevoir des eaux de fracturation. Cette station est trop petite et le débit de la rivière Châteauguay trop faible pour en assurer une minimisation des impacts sur la région.
L’auteur est co-président de la Société pour vaincre la pollution.