Des citoyens en pleine campagne de Pennsylvanie vont faire leur marché à une foire alimentaire voisine d’un site de forage pour gaz de schiste, entourés de terres agricoles. Est-ce que l’exploitation du gaz de schiste peut cohabiter sainement avec des terres dévouées à alimenter les humains et les bêtes qui les nourrissent ? Il semblerait qu’encore même ici, au Québec, il y ait encore des agriculteurs, surtout ceux qui sont dans "les grandes cultures", qui pensent toujours que le dossier des gaz de schiste ne les concerne pas !
Voici un article traduit d’un journal local de la Pennsylvanie qui traduit bien les préoccupations des consommateurs de la région. N’importe quel fermier digne de ce nom devrait s’inquiéter de la réaction des consommateurs s’ils constatent que leur nourriture ait cohabité avec des activités de forage durant leur production !
Les consommateurs de fruits et légumes se questionnent sur la sécurité de forer à un marché champêtre appelé Trax Farms, bien connu pour son marché champêtre, son festival de la fraise et ses tours de charrette à foin. Il est maintenant reconnu pour une caractéristique industrielle également : du forage pour gaz de schiste.
Une tour de forage, des camions-citernes et des torchères fonctionnent pour des mois depuis le printemps le long de la Route 88. La compagnie Chesapeake Energy Corp. a foré dans un champ qui poussait autrefois du blé d’Inde et des fraises, de l’autre côté de la rue du marché de produits de la ferme dans la municipalité de Union, juste au sud de la frontière entre Allegheny et Washington counties.
Certaines personnes sont préoccupés de voir que l’endroit n’est plus le bastion de la ferme familiale comme elles le croyaient. Mais comme dit Bob Trax, le président de la compagnie, l’agriculture n’est l’un des plusieurs usages des terres agricoles de la Pennsylvanie : comme les festivals, les magasins de machinerie lourde et les restaurants, le puits de gaz est une autre façon de contribuer à une économie diversifiée et rester compétitif. "Nous faisons tous ce qui est possible pour rester en affaires, comme n’importe qui d’autre. C’est pas facile." dit Trax.
Les clients ont réagi au puits de gaz de schiste comme ils n’ont jamais fait : avec des plaintes. Le magasin a reçu environ 30 lettres de clients inquiets et d’opposants au forage, dit Courtney Robinson, le gérant en marketing. Certains ont même menacé de les boycotter sur Facebook et Google.
"Je n’y retournerai jamais. Je suis très déçue." dit Jodi Borello, 34 ans, de South Franklin. Elle organisait des fêtes d’anniversaires pour enfants sur le site du marché champêtre, et ramassait des citrouilles au moins une fois à chaque automne." dit-elle. "Je pensais qu’ils se préoccupaient des familles et de la nourriture saine, et cela n’est pas un bon choix pour la santé de leurs clients."
La compagnie agricole existe depuis près de 150 ans et avait ouvert un magasin sur le site au milieu du 20e siècle. Trax possède 327 acres et loue de 50 à 100 acres pour ses récoltes de blé d’Inde, citrouilles, pommes et pêches ainsi que d’autres récoltes vendues sur place. Trax a essayé un forage en 2004 et 2 ans plus tard a signé un bail, pensant qu’il s’agirait de puits de gaz conventionnel.
Ce n’était pas l’un de ces baux à grosse argent qui sont maintenant chose courante du boom gazier dans le schiste à grande profondeur comme ailleurs en Pennsylvanie, mais cela fournit le gaz pour le chauffage et un peu d’argent de poche, selon Trax. Il y a moins de plaintes cet été et les affaires vont mieux cet été, selon Trax, bien qu’il ne veut pas donner de détails chiffrés sur l’entente du bail qu’il a signé, sur sa fidélité de sa clientèle ni sur ses profits.
Robinson a répliqué aux plaintes avec des lettres expliquant pourquoi la compagnie avait signé des baux pour autoriser le forage avant que les reportages sur les problèmes environnementaux des forages dans le schiste soient rendus publics.
Trax pense que les opérateurs forent d’une façon sécuritaire, et il a loué ses droits miniers à sa résidence. Sept des 11 membres de sa famille qui ont des parts dans la ferme vivent sur la propriété. "On ne ferait rien qui mettrait en danger notre famille ou notre commerce." dit-il. La ferme se fie beaucoup sur des sources naturelles et des puits pour son eau, explique Trax. Chesapeake a fait des tests environnementaux sur la nappe phréatique pour s’assurer qu’elle est en bonne condition, selon lui.
La contamination des puits d’eau potable peut être problématique quand il s’agit de forage dans le schiste, car on utilise une technique appelée fracturation hydraulique à plus d’un mille de profondeur. Dans le document Proceedings of the National Academy of Sciences, les chercheurs de Duke University ont rapporté que l’eau de puits près des opérations de fracturation dans les comtés de Bradford et de Susquehanna contenait des concentrations élevées de méthane.
Des représentants de l’industrie et le secrétaire du DEP de l’état ont critiqué cette recherche, ajoutant que les auteurs avaient appuyé les compétiteurs de l’industrie gazière et ont limité leur étude à une région reconnue pour ses puits d’eau potable contaminés. La Pennsylvanie a resserré ses normes environnementales l’année passée pour tenter d’arrêter les fuites de puits de gaz à cause des problèmes d’eau près des sites de forage.
"Nous prenons des précautions extrêmes dans toutes nos opérations, peu importe l’endroit." écrit Stacey Brodak, le directeur du développement corporatif pour Chesapeke, dans un courriel. "Nos meilleures pratiques en gestion environnementale et en sécurité sont conçues pour protéger l’environnement, la communauté voisine et nos employés."
Chesapeake tient le record pour avoir reçu les plus grosses amendes en Pennsylvanie pour un foreur de schiste : $1,1 million. L’état a reçu la majorité de cette somme pour la contamination d’un puits en 2010 dans Bradford County et $188,000 pour un feu le 23 février dans Washington County où il y a eu 3 blessés. Les amendes datent du mois de mai, quelques semaines après qu’un blowout, une explosion d’eaux de reflux, ait contaminé un ruisseau dans Bradford County. À ce moment-là, la compagnie forait sur la ferme de Trax.
"C’est toujours une crainte qui nous hante." dit Trax, en parlant du potentiel pour des accidents. Le puits n’a pas causé de problèmes pour la ferme, dit Trax. Des données disponibles en ligne du DEP indiquent que 5 inspections en mars et avril n’ont pas trouvé d’infractions. Chesapeake a terminé le puits en juillet, a posé une tête de puits en attente d’un gazoduc dont la construction sera terminée au printemps prochain, dit Trax. La compagnie a les permis pour forer 5 autres puits et un bassin pour entreposer de l’eau.
Les clients de Trax ont des opinions diverses au magasin quand on leur demande ce qu’ils pensent du forage. Certains croient que le forage est un "mal nécessaire" dans cet état, et d’autres pensent qu’il n’y a pas de problèmes. Fran Castellano de Bethel Park visite Trax au moins 4 fois par année, surtout pour des fruits frais comme des fraises et des pommes, dit-elle. Elle est inquiète à propos du forage depuis qu’elle l’a apprise au mois de mai, mais elle n’arrêtera pas de venir au magasin, à moins qu’il n’y ait un accident.
"Vous acceptez de le faire, et quand un accident arrive, vous dites "oops !" dit Castellano. "Hé bien ! Je ne veux pas que le "oops !" arrive ici."
Article écrit pas Timothy Puko tiré du PITTSBURGH TRIBUNE-REVIEW : http://www.pittsburghlive.com/x/pittsburghtrib/news/pittsburgh/s_749891.html