Depuis 2019, le gouvernement du Québec offrait une compensation financière de 28 $ par jour pour encourager les cours de francisation à temps partiel. Il soutenait aussi les entreprises de plus de 100 employés qui offraient de la francisation en remboursant en partie les salaires. En proposant plusieurs manières de se franciser, on augmentait du coup l’accessibilité.
Vingt-huit dollars par jour peut sembler peu, mais pour les personnes immigrantes, qu’on sait plus vulnérables et précaires, ce montant consistait en un soutien précieux et essentiel. Quant au soutien financier offert aux entreprises, nous doutons fortement que les entreprises continueront de libérer leurs employés pour leur permettre de se franciser sans ce soutien. Un consensus existe pourtant entre les différents partenaires syndicaux, patronaux et communautaires quant à la nécessité d’augmenter la francisation.
En effet, le succès de la formation passe par une offre flexible. Tous ne vivent pas les mêmes réalités. Pour les personnes immigrantes, la possibilité d’apprendre le français à temps partiel tout en recevant un soutien financier consiste en des voies intéressantes d’apprentissage qui se conjuguent bien avec le cumul d’autres responsabilités familiales ou professionnelles.
Les organismes communautaires de francisation et les milieux de travail auront appris la nouvelle à deux semaines de préavis. Pour les personnes immigrantes déjà engagées dans une démarche de francisation, elle fait l’effet d’une douche froide et accentuera leur précarité. Alors que les discours publics se durcissent à l’endroit des personnes immigrantes, il est inquiétant de voir le gouvernement mettre la hache dans des mesures qui fonctionnent pourtant bien. Nous le répétons : l’intégration passe par l’accès à la fois à l’emploi et à notre langue commune, et le succès de toute mesure de formation par une offre flexible. La décision du ministre Roberge va exactement dans le sens contraire.
Il n’est pas trop tard pour revenir sur cette décision. Le ministre a encore l’occasion de corriger le tir en montrant qu’il est à l’écoute du milieu, mais surtout de celles et ceux qui ont choisi le Québec.
Signataires
Luc Vachon, président, Centrale des syndicats démocratiques (CSD)
Caroline Senneville, présidente, Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Pascal Côté, vice-président, Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
Denis Bolduc, secrétaire général, Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
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