Ils ont rendu visite aux décideurs politiques et économiques réunis à Lévis pour leur faire réaliser l’impact de la perte de milliers d’emplois de qualité en pétrochimie, le risque environnemental que fait courir la décision de Shell, les conséquences sur l’autonomie énergétique et les impacts catastrophiques sur l’avenir industriel du Québec.
Comme l’a déclaré le président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), M. Michel Arsenault, qui a accueilli les travailleurs en marge de la conférence : « Pour satisfaire ses besoins énergétiques et alimenter des industries comme le pharmaceutique, la plasturgie et la chimie, le Québec a besoin d’une industrie pétrochimique forte. Le gouvernement, qui cherche des moyens de relancer l’économie, ne doit pas permettre que la décision administrative d’une pétrolière vienne mettre un terme à des décennies d’investissements dans des secteurs porteurs pour l’économie, qui créent des emplois de qualité. Les retombées économiques de la raffinerie se chiffrent à 240 M$ par année, soit plus de trois fois celles du Grand Prix de Montréal, voilà qui devrait encourager tous les paliers de gouvernement à se mobiliser pour assurer un avenir à cette usine. »
« Dans la situation économique précaire que l’on connaît, après les graves crises traversées notamment par le bois d’œuvre, les pâtes et papier et la forêt, voilà une autre industrie structurante qui est menacée, a indiqué M. Joseph Gargiso, vice-président administratif du Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier (SCEP-Québec), cette fois par une mauvaise décision d’affaires qui va augmenter la dépendance énergétique du Québec face aux importations. Au moment où le gouvernement cherche à retrouver l’équilibre budgétaire, il ne semble pas conscient qu’en laissant sa base industrielle s’effondrer, tout le monde s’appauvrit ! Dans le cas de la raffinerie de Shell, il y a une alternative à la fermeture de cette entreprise rentable, c’est de la vendre à un autre opérateur, ce à quoi Shell s’était engagée. »
Comme l’a précisé le représentant national du SCEP-FTQ, M. Daniel Cloutier : « Contrairement à ce que certains ont dit, les travailleurs de la raffinerie sont majoritairement des jeunes parents, plus de la moitié, 55 % en fait, ont moins de 40 ans. Dans certains cas, les deux conjoints se trouveront à perdre leur emploi en même temps. Pour eux, cette fermeture annoncée, c’est une véritable catastrophe. Sans compter tous les fournisseurs, les commerçants du coin, les entreprises voisines comme Suncor, les projets partagés comme le pipeline Montréal-Portland, le développement d’expertise avec l’Institut de la chimie et de la pétrochimie, tout ça est aujourd’hui menacé alors que la rentabilité et le marché sont toujours au rendez-vous. Il faut trouver un nouvel opérateur à cette raffinerie, qui a été modernisée au fil des ans. »
Une décision négative pour l’environnement
Les représentants syndicaux ont tenu à dissiper un mythe concernant le raffinage que certains considèrent comme une activité néfaste pour l’environnement. Il faut être conscient que la fin du raffinage à la raffinerie Shell de Montréal-Est ne diminuera pas la demande sur le marché québécois, il est important de bien comprendre qu’en cessant de raffiner 130 000 barils par jour, qui approvisionnaient ce marché, il faudra les importer pour combler les besoins. Or, les produits raffinés sont plus volatils que le brut, ce qui rend leur transport par bateau plus risqué. Mais surtout, cela fera augmenter le trafic maritime sur le fleuve St-Laurent, faisant passer, selon nos estimés, le nombre de bateaux d’une dizaine PAR ANNÉE à deux ou trois PAR JOUR, dont un minimum de 700 navires par année. Un pensez-y bien !
Des impacts négatifs en cascade
La fermeture de Shell signifie la quasi-disparition du raffinage dans l’est de Montréal et fragilise tout un secteur industriel, à un moment où il aurait besoin d’être consolidé. L’expertise développée dans ce secteur risque de se perdre et des projets de formation notamment l’Institut de la chimie et de la pétrochimie seront mis à risque. La sécurité énergétique du Québec et sa dépendance face à l’importation en seront grandement affectées.
http://www.ftq.qc.ca/modules/communiques/communique.php?id=1104&langue=fr&menu=2&sousmenu=34