Cette situation ubuesque traduit un total mépris des risques pour la santé et exprime la primauté de la rentabilité, érigée par ce gouvernement comme une vertu cardinale. Elle dénote aussi un flagrant manque de reconnaissance de l’expertise et de la qualification des professionnelles et professionnels de l’État, ainsi qu’à l’égard de l’autonomie de leur travail. Nos membres sonnent l’alarme pour dire que le feu se propage dans la maison, mais le gouvernement choisit de faire fi de l’élément destructeur et préfère épousseter les meubles !
Le SPGQ s’explique mal que le gouvernement refuse de reconnaître les dangers associés à l’utilisation des pesticides sur la santé humaine, l’environnement, la qualité de l’air et les réserves d’eau. Pourtant, des experts du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) et de la FADQ ne recommandent pas cette pratique et évoquent un malaise éthique envers elle.
Si des solutions moins pernicieuses existent et que toute une série d’acteurs professionnels manifeste son indisposition envers une méthode nuisible, nous devons forcément conclure que le gouvernement fait la sourde oreille à la parole de ses experts, entendu qu’il rembourse l’utilisation de pesticides classés cancérigènes probables depuis 2015 par l’Organisation mondiale de la Santé. L’ingérence de lobbyistes en faveur des pesticides semble donc se poursuivre impunément, au vu et au su du gouvernement qui ne prend aucune action pour contrer ce fléau, si ce n’est que de rembourser l’utilisation de pesticides qu’il sait parfaitement dommageables.
Cette situation complètement aberrante se justifie très mal, d’autant que le Québec dispose de tous les leviers pour réglementer la vente, l’utilisation, l’entreposage, le transport et l’élimination des pesticides. Le SPGQ peine donc à saisir pourquoi Québec favorise l’industrie des pesticides alors qu’il a le pouvoir de restreindre ou d’interdire l’usage de ces produits. L’incompréhension monte aussi d’un cran envers la FADQ qui a pourtant pour mission de soutenir et de promouvoir, dans une perspective de développement durable, le développement du secteur agricole et agroalimentaire.
La notion de développement durable échappe notoirement à l’attention de ce gouvernement mercantile. Sachant que le premier ministre aime la lecture, nous lui recommandons bienveillamment de lire le rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’Organisation des Nations unies. Il pourra ainsi s’initier à ce concept qui exprime l’idée d’un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs.
Line Lamarre
Présidente du SPGQ
Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec
Un message, un commentaire ?