« Au nom de la gouvernance entrepreneuriale, qui sous entend que le privé peut faire mieux que le public, on assiste à une volonté de l’État de contractualiser la prestation des soins et services au profit du privé. L’exemple du projet d’assurance autonomie du ministre Hébert témoigne de cette nouvelle idéologie », lance Jean Lacharité, vice-président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), qui dénonce également les dérives managériales du réseau de la santé et rappelle l’adhésion massive de la population au concept d’accès universel et gratuit. L’IRIS critique par ailleurs la « posture de sous-traitance » et les emplois précaires laissés aux organismes communautaires qui sont appelés à jouer un rôle important dans le projet d’assurance-autonomie avec tarification du ministre Réjean Hébert.
La gestion « basée sur le marché » analysée par l’IRIS s’accompagne du principe de l’« utilisateur-payeur ». L’étude insiste d’ailleurs sur le fait que 30 % des dépenses en santé sont maintenant privées au Québec, alors que cette proportion était de près de 25 % en 1990. L’IRIS affirme que l’État a été un « facilitateur » de cette progression du privé, notamment en permettant l’incorporation des médecins en 2007. La gestion entrepreneuriale s’est également accompagnée d’une augmentation du nombre de cadres, alors que le ratio de salarié-es par cadre est passé de 19 au moment de la création des CSSS à 17,5 dix ans plus tard.
L’Institut met également en lumière les effets de la méthode d’optimisation des soins nommée Lean Six Sigma qui serait à l’origine d’une augmentation de près de 400 M$ en dix ans des coûts de congés de maladie provoquée par des problèmes de santé mentale et des troubles musculo-squelettiques.
« Il s’agit encore là d’un effet pervers de la gestion néolibérale de notre système de santé et dont les impacts financiers et humains commencent à peine à être connus », commente Jean Lacharité. Il estime que les différents partis politiques doivent dire s’ils entendent persister dans un mode de gestion entrepreneuriale du système de santé qui favorise une hausse constante du privé en santé.
Si rien ne change, l’IRIS estime que tant les patients que les travailleurs du réseau « feront les frais » de ce mode de gestion importé de façon imprudente du secteur des entreprises.