Presse-toi à gauche : Quels sont les enjeux et alternatives que tu comptes mettre de l’avant lors de la campagne entourant l’élection partielle du 29 mai ?
Gabriel Nadeau-Dubois : La campagne sera sur le thème de l’éducation, l’éducation primaire et secondaire. Parce que bien sûr ce sont des valeurs qui m’habitent depuis longtemps, je n’apprendrai rien à personne là-dessus. Mais aussi parce que dans Gouin, c’est un enjeu qui a énormément mobilisé les gens dans les dernières années. C’est dans Gouin qu’est né le mouvement « Je protège mon école publique » qui a organisé des chaines humaines autour des écoles il y a quelques mois. Pour moi, ça tombe sous le sens de mettre de l’avant le thème de l’éducation publique. Aussi parce que j’en ai entendu abondamment parlé lors de la tournée du Québec que j’ai effectuée. Pour Québec solidaire, c’est intéressant de revenir à ces préoccupations là, proches des gens et très rassembleuses. On veut de meilleures écoles, de plus belles écoles avec plus de spécialistes. On veut que l’école redevienne une priorité nationale
Presse-toi à gauche : Comment s’organise ta campagne ? As-tu prévu une participation populaire dans la mobilisation ?
Gabriel Nadeau-Dubois : C’est sûr que dans notre discours on met cela de l’avant. On ne dévoilera pas de « punch » à ce moment-ci de la campagne mais oui, il va y avoir de la mobilisation autour de la question de l’école publique. Nous ferons des annonces autour de cela dans les prochaines semaines. Ce sera dans notre approche des citoyennes et citoyens.
Presse-toi à gauche : Outre la question de l’éducation publique quels sont les autres enjeux que tu comptes soulever lors de cette campagne. Notamment autour de la question de la gentrification qui est très présente dans les médias montréalais ?
Gabriel Nadeau-Dubois : Gouin est un quartier central de Montréal et la question de la protection du parc locatif est très importante. Depuis le début des années ’90, c’est 20% du parc locatif de Gouin qui a été converti en condo ou en co-propriété indivise. Donc c’est un enjeu réel. Et c’est sans compter AirBnb qui menace le parc locatif. Tous ces phénomènes-là mis ensemble font en sorte que Gouin qui demeure un quartier de locataires, plus de 70% de la population habite en logements, les personnes à faible revenu se voient poussées soit dans des logements insalubres ou dans des comtés périphériques où il y a moins de transport en commun. C’est un phénomène qui est partagé par plusieurs comtés de Montréal mais dans Gouin, on le vit beaucoup présentement. Nous sommes limitrophes avec le Plateau Mont-Royal, là où la gentrification est pas mal « terminée », disons-le comme ça et là ça monte dans Gouin. Pour nous, c’est tout un défi. J’ai rencontré des gens du comité logement qui m’ont fait part de leurs préoccupations. Je pense que déjà le projet de loi sur AirBnb présenté par Québec solidaire est un bon premier pas, une bonne base de discussion. Le projet de loi 792 de Françoise David à propos de l’éviction des aîné-e-s fait aussi du bien mais il y a encore des menaces et des mesures à prendre. C’est sûr que je vais en parler durant la campagne.
Presse-toi à gauche : Y a-t-il une forme de collaboration qui existe entre les trois élu-e-s solidaire qui partagent des comtés voisins pour ce genre de campagne ?
Gabriel Nadeau-Dubois : Les employé-e-s de QS à Montréal travaillent déjà ensemble sur ces sujets, notamment à propos de AirBnb. Notre politique là-dessus a été élaboré en commun par les employé-e-s des 3 comtés. Cette collaboration existe déjà et elle va se poursuivre parce que ce sont des enjeux montréalais.
Presse-toi à gauche : Tu as longtemps été associé au mouvement étudiant. Comment vois-tu ton implication en tant que candidat avec les autres mouvements sociaux : mouvement syndical, écologiste, mouvement des femmes, etc.
Gabriel Nadeau-Dubois : Je viens du mouvement étudiant et du mouvement écologiste. Ceci étant dit, ces mouvements veulent conserver leur autonomie et sont préoccupés par leur indépendance et je comprends ça. Je n’ai pas envie de leur dire quoi faire ou leur dire de militer pour nous mais c’est sûr qu’il faut que la collaboration soit étroite. Parce que mon expérience dans les mouvement sociaux fut brève mais intense et m’a appris au moins une chose, c’est que toutes les luttes que l’on mène se butent constamment au pouvoir politique. Il va falloir que la gauche prenne le pouvoir pour mettre ça en pratique.
Presse-toi à gauche : Comment vois-tu les autres candidatures qui te sont opposées lors de cette élections partielles ? Je pense entre autre à Alex Tyrrell qui vient d’annoncer sa candidature et qui se présente soudainement comme fédéraliste
Gabriel Nadeau-Dubois : Je suis content qu’il y ait des candidats de taille dans Gouin. Il n’y personne qui prend les gens de Gouin pour acquis. Il y aura un vrai débat, une vraie campagne. Mais cette campagne ne va pas se jouer sur la personnalité des candidats. Elle va se jouer sur les projets de société qui sont proposés. Et je crois que le projet de société le plus emballant pour les gens de Gouin est celui de Québec solidaire. Et je suis convaincu que ça va se refléter dans les résultats de l’élection.
Presse-toi à gauche : Tu mènes parallèlement à ta campagne dans Gouin une démarche pour être élu au poste de porte-parole masculin de Québec solidaire au niveau national. Comment gères-tu ces deux démarches simultanées ?
Gabriel Nadeau-Dubois : J’ai envie de poursuivre les rencontres avec les militant-e-s de Québec solidaire comme je le fais depuis un mois environ. Mais aussi je veux faire une campagne de terrain dans Gouin. Je ne prends pas mon élection pour acquise. Donc il va y avoir un équilibre à trouver et on va le trouver au jour le jour. Ce ne sera pas facile mais je peux compter sur une super équipe qui m’aide énormément.
Presse-toi à gauche : Ton adhésion à Québec solidaire a amené des milliers de personnes à adhérer à la formation de gauche. Est-ce que ces adhésions ont un impact dans le comté de Gouin précisément ?
Gabriel Nadeau-Dubois : Oui dans Gouin, nous avons atteint un sommet historique avec 950 membres dans le comté. C’est une bonne augmentation qui a suivi mon adhésion. À tous les jours, lorsque je fais du porte-à-porte, j’en constate l’effet. Des gens me disent « Je fais partie des nouveaux membres », « Nous sommes contents que tu sois là » C’est très positif.
Presse-toi à gauche : Et à l’extérieur du comté ?
Gabriel Nadeau-Dubois : 60% des nouvelles adhésions sont des gens de l’extérieur de Montréal. Ce ne sont pas seulement des montréalais qui ont adhéré et oui ça amène du sang neuf ce qui est toujours positif pour l’organisation : de nouvelles idées, de nouvelles énergies. Ce sont des gens qui sont présents depuis moins longtemps ce qui comporte des faiblesses mais aussi des avantages. Ça rafraichit les débats, ça amène de nouvelles perspectives. C’est foncièrement positif.
Propos recueillis par Yves Bergeron
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