Les politiques d’austérité et d’ajustement structurel ont été imposées dans la plupart des pays. Les populations sont soumises à des mesures restrictives, dont les principales victimes sont parmi les plus vulnérables. Ce système économique est directement responsable des changements climatiques, qui menacent l’intégrité des écosystèmes et la survie des populations.
Les élites des pays industrialisés en particulier tentent de faire croire qu’elles participent au développement d’un monde plus juste et plus respectueux de l’environnement. Or, il n’en est rien. En 2015, l’Accord de Paris sur les changements climatiques et l’adoption de nouveaux objectifs de développement durable (ODD) à l’ONU, témoignent plutôt du manque de volonté politique pour relever les défis de l’heure.
Par ailleurs, le contexte de guerres et ses conséquences avec les colonnes de migrants sont les symptômes d’une crise encore plus profonde du système, qui alimentent les fausses solutions de repli et de haine, la xénophobie et le racisme, les relations patriarcales et colonialistes, au mépris de la dignité humaine et de la démocratie.
Pourquoi un FSM dans un pays du Nord ?
C’est dans ce contexte que se tiendra un premier Forum social mondial (FSM) dans un pays du Nord, au Canada, à Montréal, du 9 au 14 août prochains. Ce rendez-vous est une formidable occasion de porter le message qu’un autre monde est possible au sein d’une des économies les plus prédatrices de la planète. Il s’agit de témoigner, dans un des pays capitalistes les mieux nantis, que la solidarité mondialisée des 99% de la population du Nord et du Sud, exigent de stopper le développement effréné des inégalités.
Pour les mouvements sociaux du Sud, il s’agit de dire haut et fort, dans un pays du Nord, avec l’appui solidaire des mouvements sociaux locaux, que l’exploitation et l’oppression est partout inacceptable et que le salut de la planète passe par un transfert massif de richesses au Sud pour soutenir la justice sociale et climatique.
Dans un contexte de crise généralisée, le capitalisme cherche les moyens de se réinventer et les forces conservatrices sont en recrudescence dans plusieurs pays. Le Québec fait pourtant figure de proue comme un important territoire de résistance au néolibéralisme et de construction des alternatives collectives au système dominant en Amérique du Nord. Lors des élections d’octobre 2015, la population canadienne a chassé le gouvernement conservateur qui, depuis 10 ans, menait une politique économique ultralibérale appuyée sur un extractivisme prédateur et un fort conservatisme social. La lutte contre les sables bitumineux et les oléoducs au Canada, la mobilisation des peuples autochtones pour leurs droits, la force des mouvements sociaux, syndicaux et environnementaux, ont contribué à ce changement politique et ont motivé le choix de tenir le FSM 2016 à Montréal.
Il faut reprendre l’initiative et réagir ensemble !
Depuis quinze ans, les Forums sociaux mondiaux mobilisent des mouvements sociaux, des associations, des citoyennes et des citoyens pour affirmer qu’un autre monde est non seulement possible, mais nécessaire et urgent. Des centaines de milliers de personnes ont déjà défini et mis en pratique des alternatives concrètes pour traiter de problèmes qui affectent la vie des populations. En ce sens, il est important d´accroître l’impact politique des FSM sur nos convergences et nos luttes. L’objectif de ce premier FSM au Nord est ainsi d’aller au-delà du seul partage de nos mobilisations et de nos luttes : saisissons l’occasion pour permettre aux mouvements sociaux d’offrir des réponses politiques pour changer le cours de l’Histoire.