Itzel Gonzalez, militante féministe mexicaine, a lancé le bal avec une poignante présentation sur la violence envers les femmes au Mexique. Dans un pays où la criminalité est un grave problème, les femmes sont particulièrement victimes de violence, d’agressions et, de façon générale, d’insécurité au quotidien. La régularité des agressions commises par des proches – collègues de classe, de travail, etc – place les femmes dans une situation particulièrement difficile. Pour illustrer ses propos, Gonzalez a parlé de la région la plus dangereuse où vivre en tant que femme, Chihuahua. Elle a terminé sa présentation par un appel à la solidarité dans les luttes mutuelles et à la consolidation des alliances.
La deuxième intervenante, Shalmali Guttal, militante féministe de l’Inde, a profité de son temps de parole pour rendre hommage aux femmes asiatiques qui mènent la lutte chaque jour au sein de leurs communautés contre l’appropriation de leurs territoires par les gouvernements et les corporations. Elle a offert de nombreux exemples de femmes du Cambodge, de l’Inde ou des Philippines qui ont amené des villages entiers à se dresser contre les militaires et les milices privées pour défendre leurs terres et entrepris des actions de désobéissance civile. Elle a finalement vanté le mérite des femmes qui font perdurer la lutte de dans le temps par l’éducation des générations futures.
La panéliste suivante était Mama Koité Doumbia, militante féministe et syndicaliste du Mali et candidate au prix Nobel de la paix en 2005. Rejoignant les propos de sa camarade mexicaine, elle a elle aussi dénoncé le statut particulièrement précaire des femmes dans un continent africain aux prises avec des violences continuelles. Selon elle, la paix et la sécurité sont essentielles au développement des sociétés. Mama Koité a poursuivi en parlant de la lutte qu’elle et ses sœurs ont entreprise dans leur pays contre les islamistes, qui menaçaient de faire régresser dangereusement les droits des femmes maliennes. Sur un ton humoristique, elle a offert des exemples d’expériences familiales et professionnelles personnelles pour faire état du sexisme institutionnel encore omniprésent dans son pays natal. Elle a terminé sa présentation en offrant sa reconnaissance aux femmes militantes partout dans le monde et en saluant le courage que chacune doit conserver pour continuer la bataille tant et aussi longtemps qu’elle sera nécessaire.
La dernière présentation de la soirée, celle de Bertita Caceres, était grandement attendue par le public. En effet, l’assassinat politique de sa mère, Berta Caceres, militante féministe écologiste au Honduras a créé une onde de choc partout sur la planète l’année dernière. Elle-même militante écologiste au Honduras, elle a fièrement parlé de la place prépondérante que prennent les femmes indigènes au Honduras dans le combat contre l’appropriation des terres et la surexploitation des ressources. Également, la jeune activiste a insisté sur l’importance d’une lutte intersectionnelle qui s’oppose à la fois au patriarcat, à l’impérialisme et au racisme. Elle a conclu par un émouvant hommage en faisant la lecture d’une lettre à l’intention de sa mère rédigée par sa sœur, qui est par la suite venue la rejoindre sur la scène sous les applaudissements nourris de la foule.