« Un bilan positif, mais limité »
Pour la plupart des membres du CI présent à la réunion qu a suivi le FSM 2016, le bilan de l’événement est « globalement positif », pourrait-on dire. Malgré toutes les embûches, le Collectif du FSM a réussi à permettre la tenue de l’événement selon une méthodologie qui reprend celle des éditions précédentes. Aussi, le FSM s’est conclu par des concertations au niveau de plans d’actions de différents mouvements et réseaux sociaux. Toutefois, à l’instar de Francine Mestrum, représentante du Centre tricontinental (CETRI), une ONG belge membre du CI, la participation globale au FSM est plus près du 15,000 personnes que du 35 000 annoncées.
On ne peut juger de l’événement en tentant de le rapprocher, dans ses résultats quantitatifs, aux précédentes éditions des FSM. La conjoncture politique et les contraintes liés au Canada ne permettent pas une telle comparaison. Il ne s’agissait pas seulement d’un pays du Nord, mais d’un pays du G8, qui est maintenant le 2e pays vendeur d’armes dans le monde ! Paradoxalement, l’ampleur des refus des visas contribue à démasquer le double discours du gouvernement Trudeau.
Le FSM 2016 fut un succès parce qu’il a réussi à mobiliser l’ensemble des organisations de la société civile au Québec et qu’on pouvait échanger avec des militantes et des militants provenant de toutes les régions de la planète. Parmi les résultats positifs du FSM 2016 relevées par les membres du Conseil international, il y a la présence plus nombreuse de jeunes dans le Collectif et les comités d’organisation, proportionnellement aux expériences passées.
La nécessité de renouveler FSM !
Le FSM 2016 de Montréal a contribué a écarté l’hypothèse d’enterrement des FSM. Toutefois, la question du renouvellement demeure le principal défi et la discussion à ce sujet fut marquée par de fortes tensions qui sont demeurées présentes au lendemain du 12e FSM.
Les deux questions majeures qui ont provoqué en amont du FSM 2016 des polarisations entre les membres du CI se sont évidemment invitées au cours de la trop courte rencontre du CI. Il s’agit de la campagne de Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) d’Israël et des exigences de solidarité avec le peuple brésilien face au récent coup d’État législatif. La question d’une prise de position du CI comme instance heurte la Charte des principes adoptée en 2002. Les deux questions ont provoqué des disputes qui laisseront certainement des cicatrices.
Néanmoins, différentes solutions ont été évoquées. Sur la question de la Palestine, un protocole pourrait offrir un consentement à faire des FSM une zone libre d’apartheid israélien. Par ailleurs, une commission a été mise sur pied pour rédiger un document d’analyse politique qui permettrait d’actualiser la pertinence des prochains FSM, en tenant compte des nouvelles réalités de la conjoncture politique. Aussi, il fut convenu de réfléchir à la mise sur pied d’une assemblée, voire un conseil, des mouvements en lutte, afin d’offrir un levier d’action politique à celles et ceux en première ligne. Toutes ces avenues n’exigent pas de modifier la charte. Ainsi, le caractère anti-systémique des FSM pourrait trouver des modalités d’expressions, tout en conservant les dispositions qui ont permis les rassemblements larges et inclusifs.
Ces pistes soulevées dans les travaux du CI sont encourageantes, mais le chemin de la relance des FSM demeure très laborieux. Toute la discussion concernant une prise de position du CI en vue de dénoncer l’attitude du gouvernement canadien sur les visas s’est soldé, malheureusement, sur une montagne de confusion, alors que la vaste majorité était prête à voir le CI assumer la responsabilité qui lui revient dans la tenue des FSM. Alors que personne n’a manifesté d’opposition sur le champ, le consensus ne semble pas avoir été atteint, selon des versions exprimées après la réunion par les personnes à l’animation de la discussion.
Tout reste à concrétiser. Étant donné les discussions qui se sont tenues au CI, le danger le plus important qui pèse sur l’avenir du FSM est l’absence de consensus et de volonté de le trouver. Souhaitons que celles et ceux qui ont eu à cœur la réussite du FSM 2016 de Montréal œuvrent dans une réelle perspective de renouvellement de ce projet collectif et internationaliste.
Le présent texte a été publié sur le site d’Alternatives.