Bonjour, dans cette courte présentation, je vais me concentrer sur quelques thèses concernant la relation à développer entre les mouvements sociaux et la gauche politique.
1- Du point de vue des mouvements sociaux, il existe plusieurs moyens pour faire avancer nos revendications. La construction d’une organisation politique de gauche est un des moyens qui a été historiquement utilisé par les mouvements syndicaux, populaires et coopératifs pour réaliser leurs objectifs. Je dirais même que si l’on perdait le droit de vote, les mouvements sociaux se battraient pour le retrouver. Mais une fois que nous avons gagné le droit de vote, il semble évident qu’il ne faut pas laisser le pouvoir politique à la droite. Ne pas construire de gauche politique, c’est prendre la décision laisser la droite gagner les élections et gagner la légitimité démocratique d’imposer ses politiques antisociales. BREF : les mouvements sociaux devraient intégrer dans leur analyse et plan d’action la construction de la gauche politique.
2- Du point de vue de la gauche politique, les mouvements sociaux doivent être compris comme des acteurs clés dont les luttes sont le principal levier pour transformer la société dans un sens progressiste. L’action de la gauche politique ne doit donc pas se limiter à la défense parlementaire de son programme et à la construction de son organisation. Elle doit être le relais des luttes sociales, mais aussi un acteur participant à la mobilisation de ces luttes. BREF : les partis politiques devraient intégrer dans leur analyse et plan d’action la construction des mouvements sociaux et le soutien de leurs luttes.
3- Les mouvements sociaux et les partis de gauches doivent s’autoalimenter de leurs analyses et de leurs critiques. Ainsi, les mouvements sociaux devraient viser à faire connaître et reprendre leurs revendications et leurs campagnes par la gauche politique. De son côté un parti de gauche doit viser à rassembler des militantEs de tous les mouvements et de toutes les régions. Sur cette base, le parti de gauche doit être capable de proposer une vision stratégique et des tactiques de transformation sociale et les proposer aux mouvements sociaux. BREF : Tout en respectant l’autonomie démocratique de chacune des organisations, l’ensemble des groupes progressistes devraient se voir comme parti d’un vaste front et viser l’auto-influence dans une perspective d’unité.
4- Cette unité entre la gauche politique et les mouvements sociaux peut se faire dans plusieurs lieux
a. Dans les luttes sociales
b. Durant les élections
c. Dans la construction des médias de gauche
d. Dans la construction des centres de recherche de gauche
e. Dans des débats communs sur des enjeux stratégiques
5- Les défis sont nombreux. Parmi ceux-ci, notons :
a. L’échec de la social-démocratie historique et son virage social-libéral pose le défi de la construction d’une alternative de gauche. Les possibilités de construction de cette gauche clairement anti-néolibérales ou anticapitalistes se posent différemment selon les modes de scrutin en place, les modèles britannique et étasunien étant les plus restrictifs.
b. L’institutionnalisation de certains mouvements sociaux et de partis politiques, liée à la création d’une bureaucratie salariée, qui peut développer le corporatisme, l’inertie et limiter sa démocratie interne.
En conclusion, il est nécessaire de développer des pratiques qui favorisent l’unité entre la gauche politique et les mouvements sociaux, tout en maintenant leurs autonomies démocratiques et permettant les débats critiques et ouverts.
Sébastien Bouchard, août 2016