En fait, l’hôtellerie québécoise bénéficie de conditions économiques avantageuses depuis quelques années : Tourisme Montréal a même qualifié 2015 « d’année exceptionnelle en tourisme » et tout indique que cette bonne performance se maintiendra ces prochaines années, en raison notamment de la baisse du coût de l’énergie, de la faiblesse du dollar canadien et des festivités du 375e anniversaire de Montréal en 2017. Le ministère du Tourisme du Québec vise même une augmentation des revenus dans l’industrie touristique d’environ 5 % par année d’ici 2020.
Les syndicats du secteur de l’hôtellerie de la Fédération du commerce (FC–CSN), qui prennent part à une 9e ronde de négociation coordonnée pour le renouvellement de leur convention collective, estiment que leurs membres doivent bénéficier de cet environnement économique prospère. « Il serait tout à fait inéquitable que les travailleuses et travailleurs qui participent à la croissance des recettes touristiques depuis quelques années ne puissent obtenir, eux aussi, les fruits de cette croissance », fait valoir Michel Valiquette, trésorier et responsable politique du secteur du tourisme de la FC–CSN. « Le professionnalisme, l’engagement et le savoir-faire des gens qui oeuvrent au quotidien dans le secteur hôtelier doivent être reconnus et cela passe par une bonification de leurs conditions de travail et de leurs salaires », renchérit le porte-parole de la négociation coordonnée 2016.
Les revendications syndicales
La plateforme de revendications syndicales tourne autour de quatre axes. La première demande vise à faire reconnaître l’ancienneté des employé-es en améliorant l’indemnité de vacances par l’ajout de 0,5 % du salaire gagné par semaine de vacances. Les syndiqué-es souhaitent également obtenir une meilleure protection des emplois, notamment pour empêcher des abolitions fictives de postes. On réclame aussi des indemnités de départ pour compenser la suppression d’emplois lors de changements technologiques ou de fermetures, par exemple.
Afin d’obtenir la reconnaissance de leur participation à la croissance que connaît cette industrie, les syndicats CSN revendiquent des augmentations de 4 % pour les trois premières années de la convention et 5 % pour la quatrième et dernière année. La hausse salariale demandée pour la dernière année de la convention est le fruit d’une réflexion effectuée par les syndicats : conscients du souhait des employeurs d’obtenir des contrats de travail de quatre ans, les syndicats jugent qu’il est légitime, en contrepartie, de demander une augmentation plus substantielle pour la quatrième année.
Une mobilisationen marche !
Une série de BBQ solidaires partout au Québec devant les hôtels en juillet a marqué le coup d’envoi du plan d’action de cette négociation. Par la suite, en assemblée générale, les syndicats se sont dotés de mandat de moyens de pression. Ainsi, plusieurs actions ont été entreprises, notamment le port d’objets de visibilité comme le foulard et le t-shirt. Au moment de mettre sous presse, les syndicats sont actuellement à la recherche d’une banque de 72 heures de grève (équivalant à trois jours) afin de pousser les directions d’hôtel à partager les recettes de la croissance avec les travailleuses et travailleurs de l’hôtellerie. C’est donc à suivre !
Les étoiles de l’hôtellerie
Les cinq étoiles qui forment le logo du secteur de l’hôtellerie sont liées les unes aux autres afin de former un « S ». Elles symbolisent l’importance qu’accordent les travailleuses et travailleurs au maintien de liens solides entre eux et c’est pourquoi ils portent une épinglette à l’effigie de ces étoiles.