Tiré de Courrier international.
Des dizaines de milliers d’Israéliens ont encore battu le pavé le jeudi 23 mars contre la très décriée réforme judiciaire du gouvernement de Benyamin Nétanyahou et de ses alliés d’extrême droite, qui prévoit de limiter certains pouvoirs de la Cour suprême au profit des élus et de renforcer le contrôle politique sur la nomination des juges.
“À Tel-Aviv, des milliers de manifestants ont hissé des drapeaux israéliens et défilé dans la ville, interrompant la circulation au milieu de la journée de travail, tandis qu’un petit groupe a mis le feu à des pneus devant un port maritime, bloquant brièvement la circulation”, rapporte le siteMiddle East Monitor.
À Jérusalem, les manifestants se sont rassemblés le long des murs de la vieille ville, où ils ont accroché une énorme copie de la déclaration d’indépendance, ajoute le site.
La tension était palpable durant la journée baptisée “journée de paralysie nationale” et marquée par des échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre, des feux de pneus et des dizaines d’arrestations.
“La police a arrêté au moins 92 personnes à travers le pays et déployé des chevaux et des canons à eau pour dégager les manifestants qui bloquaient les routes à Tel-Aviv et à Haïfa”, rapporte The Times of Israel.
La tension est montée d’un cran en début de soirée, lorsque “des milliers de personnes ont participé à une marche controversée dans la ville ultraorthodoxe de Bnei Brak, près de Tel-Aviv”, provoquant l’ire de certains habitants, qui “ont lancé des feux d’artifice sur des manifestants”, ajoute le média.
Ailleurs, dans la ville de Petah Tikva, des manifestants ont encerclé un immeuble où le ministre d’extrême droite Bezalel Smotrich et le député Simcha Rothman, l’un des architectes de la réforme judiciaire, assistaient à une réunion.
Tard dans la soirée, “la police a secouru le député Simcha Rothman”, a indiqué le journal Ha’Aretz, tandis que le bilan des arrestations a grimpé à 105 manifestants, rapporte le journal.
“Implication directe” de Nétanyahou
Jeudi à l’aube, avant le début des manifestations, le Parlement israélien avait adopté à 61 voix contre 47 la première disposition de sa réforme du système judiciaire, qui rend quasi impossible la destitution de Benyamin Nétanyahou, en procès pour corruption et abus de confiance.
Sans doute conforté par cette adoption, le Premier ministre a promis, dans un communiqué publié jeudi soir, de prendre en compte les préoccupations de l’opposition et de chercher à équilibrer la réforme judiciaire. Mais il a signé et persisté concernant le projet de loi – également controversé – sur la sélection des juges, affirmant qu’il serait adopté sous sa forme actuelle à la Knesset.
“À travers son discours, le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a non seulement affiché son implication directe dans la réforme judiciaire, mais a également montré qu’il se sentait protégé par la loi”, souligne The Jerusalem Post.
Depuis 2020, Nétanyahou est soumis à un accord de conflit d’intérêts qui implique “des restrictions sur son pouvoir et ses décisions susceptibles d’avoir des conséquences sur ses procès pour corruption en cours”, explique le journal.
La procureure générale rappelle Nétanyahou à l’ordre
La justice n’a d’ailleurs pas tardé à réagir. Vendredi matin, la procureure générale, Gali Baharav-Miara, a souligné dans une lettre adressée directement à Nétanyahou que son implication dans le dossier des réformes judiciaires était une violation de cet accord.
“Dans le discours que vous avez prononcé hier soir, vous avez commenté des initiatives qui ont des conséquences sur le système judiciaire, et plus particulièrement sur la composition du comité de sélection judiciaire, et annoncé que vous étiez désormais directement impliqué dans ces initiatives”, a écrit Gali Baharav-Miara, rapporte The Jerusalem Post.
La procureure générale a même lancé une mise en garde au Premier ministre :
- “Le cadre juridique est clair. Il vous appartient d’éviter toute implication dans des initiatives visant à modifier le système judiciaire, y compris la composition du comité de sélection judiciaire.”
Courrier international
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