Édition du 17 décembre 2024

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Afrique

Egypte : L'armée vérifie la virginité des manifestantes

Les preuves réunies ici sur la contre-révolution menée par Tantaoui évoquent essentiellement la torture des manifestants aux mains des militaires. D’autres preuves sur la corruption au sein de l’armée sont en train d’être réunies et seront rendues publiques dans les semaines à venir.

Le Caire, 28 Mars 2011. Le 11 février 2011, la rue égyptienne criait sa joie à l’annonce du départ de Hosni Moubarak. Alors, les égyptiens n’avait qu’un seul slogan à la bouche : le peuple, l’armée une seule main ! Dans un tel moment de joie, nul ne voulait se souvenir d’une réalité que, pourtant, nul n’ignorait : l’homme dans lequel les égyptiens ont fondé tous leurs espoirs révolutionnaires est un des hommes les plus fidèles de Moubarak, le maréchal Tantaoui. Tantaoui, 76 ans, est un loyaliste, revêche aux réformes et à toute forme de changement, dont le tempérament et les intentions véritables n’ont pas tardé à faire surface.

Pour mémoire, l’armée s’est abattue le 9 mars sur les manifestants de la place Tahrir, manifestants dont elle a arrêté quelques centaines qu’elle a ensuite torturé, puis jugé en cours martiale. Les peines expéditives vont de 1 an à 5 ans et sont, pour la plupart, sans aucun fondement. Les femmes arrêtées ont subi des humiliations atroces, dont celle consistant à "vérifier leur virginité". Abus de pouvoir et abus sexuel à peine déguisés, perpétrés par des hommes, civils et militaires.

Le 14 mars, l’armée s’est abattue avec la même violence sur une manifestation de coptes réunis au Caire à Maspero, devant le bâtiment de la Radio-Télévision. 14 seront emmenés à l’hôpital : bras cassés, os brisés. Le 23 mars, les tanks entrent dans la Faculté de Communication où des étudiants voient déferler sur eux des soldats munis de matraques et de Taser, résolus à briser avec un maximum de violence un sit-in à l’intérieur de l’université demandant le départ du doyen de la Faculté de Communication.

Depuis le 26 mars, l’armée annonce qu’il sera désomais interdit de se mettre en grève et de manifester. L’un et l’autre droit seront désormais considérés comme des actes criminels (sic).

Depuis le 12 mars 2011, les scandales à l’endroit de l’armée se suivent et se succèdent, étouffés tant bien que mal par une télévision égyptienne et une presse d’Etat muselées. Qu’importe, l’information circule et atteint les bureaux de la presse étrangère et les associations des droits de l’homme. Plus important encore, la presse d’opposition égyptienne, elle aussi sous la menace de l’armée, joue son va-tout.

Al Masry Al Youm journal d’opposition au plus gros tirage, prend le risque depuis une semaine de publier vidéo sur vidéo sur son site Internet. Les activistes et les associations pour la défense des droits de l’homme recueillent minitieusement et publient des preuves et des témoignages accablants sur la contre-révolution orchestrée par l’armée de Tantaoui.

Dans un pays écrasé par les rumeurs, les contre rumeurs, les propagandes télévisuelles et où personne ne sait plus qui croire ou quoi penser, la décision à prendre à l’égard de l’armée est difficile. Peut-on ou doit-on se confronter à l’armée, comme l’on s’est confronté à la police et à la Sécurité d’Etat ? La question que chacun se pose est simple : que nous resterait-il ?

Si la question est difficile, l’injustice, elle, est insoutenable et, au sein d’une population qui semble s’être résignée à la stabilité, l’on sent monter une colère nouvelle, celle d’un peuple qu’on a trahi, à qui on a volé sa révolution, ses morts et aussi ses espoirs.

Hier, 27 mars 2011, ce sont 2000 personnes qui se réunissent devant le Syndicat des Journalistes, puis devant le Conseil des Ministres, puis enfin à Tahrir. Les slogans visent directement Tantaoui : le peuple souhaite la chute de Tantaoui !

Il faut entendre cela comme un fait exceptionnel, plus exceptionnel encore que les slogans visant Moubarak. L’armée en Egypte est une chose sacrée, intouchable, et il semblerait qu’un tabou, et un gros, soit en train de perdre de sa vitalité.

Quid de Moubarak ? Quid de Safwat el Sherif ? Quid de Zakaria Azmy ? Quid de Fathy Sorour ? Ce sont les questions quotidiennes de millions d’égyptiens. Ces hommes sont les icônes de la corruption et de l’ignominie du régime Moubarak et tous, sans exception, mènent une vie tranquille sous la protection du maréchal.

Le documentaire ci-dessous réunit des preuves qui accablent le nouvel homme fort de l’Egypte post révolutionnaire, responsable, comme on sait, de sa transition démocratique. On y voit que, sous sa houlette, l’armée égyptienne s’est retournée avec violence contre la société civile qu’elle est censée protéger.

Les preuves réunies ici sur la contre-révolution menée par Tantaoui évoquent essentiellement la torture des manifestants aux mains des militaires. D’autres preuves sur la corruption au sein de l’armée sont en train d’être réunies et seront rendues publiques dans les semaines à venir.

Cette vidéo publiée simultanément en arabe, en anglais et en français invite à un débat sur les risques qu’encoure l’Egypte en se confrontant ainsi au maréchal Tantaoui pour obtenir la véritable chute du régime Moubarak.

La vidéo Le scandale tantaoui : http://www.youtube.com/watch?v=5wjsLvhu1Pc

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