Dans l’histoire récente du Québec, il est arrivé à une reprise que le ministre de l’Éducation obtienne les fonds qu’il réclamait pour son ministère. Nommons-le : Paul Gérin-Lajoie. Ensuite, certains ministres et sous-ministres se sont mis à dire que l’éducation constituait une dépense, une dépense coûteuse et, en période d’austérité ou de rigueur budgétaire, il s’agissait d’une dépense compressible. Il fallait en plus en restreindre l’accès principalement à celles et ceux qui ont les moyens de payer ou qui veulent s’endetter pour s’instruire.
Quoi qu’il en soit, c’est indubitablement par l’éducation, même dans les conditions les plus difficiles, qu’une personne parvient à s’enrichir. L’éducation comprise ici au sens de processus par lequel on développe méthodiquement les capacités et les facultés d’une personne. C’est également par l’éducation qu’un individu réussit à devenir autre et mieux que ce qu’il n’est pas ou ce qu’il est incomplètement à un moment précis de sa vie.
Œuvrer en éducation c’est apprendre aux étudiantes et aux étudiants à penser par elles-mêmes et par eux-mêmes. « Penser, comme l’écrivait le philosophe Alain, c’est dire non ». Dire non aux opinions spontanées, aux préjugés, aux prénotions et aux pensées extérieures.
Il m’arrive souvent dans cette profession que j’exerce depuis plus de quarante-ans de m’émerveiller quand je vois mes étudiantes et mes étudiants dire « Non » devant les voix des membres des classes dominantes et dirigeantes qui appellent à la résignation, à la soumission, à la fatalité et au conformisme. En présence de ce résultat, je me laisse m’éblouir en me disant que j’ai contribué à l’épanouissement intellectuel de ces personnes à qui j’ai enseigné dans des conditions rarement idéales, des conditions parfois même précaires…
Yvan Perrier
2 juin 2021
23 h.
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