Édition du 17 décembre 2024

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Environnement

Eau potable et pétrole : l'équipe Couillard joue à la roulette russe avec la santé des Québécois

Et bien dans cette série « tapis rouge pour les hydrocarbures » à laquelle nous convie notre gouvernement québécois depuis des mois, l’annonce du nouveau règlement sur la « protection » des sources d’eau potable (http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/infuseur/communique.asp?no=2932) présenté aujourd’hui par le ministre Heurtel pourra entrer dans les annales de l’applaventrisme.

L’auteur est de Greenpeace Canada.

Alors que les municipalités se battent actuellement pour faire respecter une distance minimale de deux kilomètres entre les forages pétroliers et les sources d’eau potable, voilà que le gouvernement Couillard et son ministère de l’Environnement viennent forcer les municipalités et les citoyens québécois à tolérer ces forages à une distance quatre fois moindre, soit 500 mètres.

Un pied de nez pour les municipalités comme Ristigouche et Gaspé aux prises avec les forages dans leurs arrière-cours, et un message clair envoyé à tous les Québécois : votre eau potable est moins importante que le profit des pétrolières.

La tête 500 mètres dans le sable

S’il est primordial de garder une distance importante entre les forages pétroliers et les sources d’eau potable, c’est bien sûr parce que la perforation et l’extraction entraînent d’immenses risques de contamination des nappes phréatiques et des eaux de surface. Une fois le pétrole, le gaz ou les sous-produits toxiques libérés dans les sources d’eau potable, ce sont des millions de litres d’eau qui deviennent souillés et impropres à la consommation, affectant ainsi les populations qui dépendent de cette source. C’est donc par pur principe de précaution que l’extraction de l’eau potable et celle du pétrole doivent être maintenues séparées.

Il n’y a pas de règle magique pour les distances minimales de séparation, mais il y a une évidence frappante : plus les forages sont proches des sources d’eau potable, plus les risques de contamination sont élevés. Ce que monsieur le ministre Heurtel nous annonce est donc que le gouvernement du Québec est prêt à jouer à la roulette russe avec l’eau potable des Québécois en maximisant le risque de contamination pour optimiserle profit de l’industrie pétrolière en lui donnant un plus grand terrain de jeu.

Alors que même deux kilomètres de distance peuvent être nettement insuffisants dans certains cas pour éviter la contamination, il est clair que d’imposer une distance quatre fois moindre n’est nul autre que de se mettre la tête dans le sable et se croiser les doigts.

Quand Québec nivèle par le bas

Au contraire des États-Unis où les municipalités peuvent défendre les droits de leurs citoyens avec des lois et règlements qui surpassent ceux des États et du Fédéral, les municipalités québécoises ne peuvent surpasser les règlements provinciaux. 

Ici, c’est le provincial et le fédéral qui ont le dernier mot. Ainsi, le nouveau règlement provincial vient de niveler, par le bas, de façon extrême, ce que les municipalités ont comme outils pour défendre la qualité de leur eau potable. 



Pire, nulle part dans ce nouveau règlement ne parle-t-on d’imputabilité pour les compagnies qui contamineraient nos nappes phréatiques. Qu’elles soient à 500m ou à 10km d’une source d’eau potable, si les pétrolières finissent par souiller notre eau, c’est encore vous contribuables qui vous retrouverez à payer en plus des conséquences sur la santé des citoyens touchés.

Aux prises avec une poursuite de 1,5 million de dollars (plus de 5 fois le budget total de la municipalité) par la compagnie Gastem pour avoir tenté de protéger ses sources d’eau potable, la municipalité de Ristigouche peut maintenant voir sans aucun doute quel camp a choisi le gouvernement Couillard face à la santé de ses concitoyens. C’est clair comme de l’eau de roche ! 

Nicolas Mainville

Greenpeace Canada

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