« Les déversements d’eaux usées semblent être la norme au Québec et on sent que les gens sont vraiment découragés par la situation. Les élus nous disent que ces déversements sont inévitables, mais c’est faux. Plusieurs solutions existent ; tout ce qu’il manque, c’est un peu de volonté politique », explique Alice-Anne Simard, directrice générale d’Eau Secours. Les solutions proposées par les groupes incluent la constitution par le gouvernement d’une équipe d’experts en gestion des eaux usées, un encadrement des 93 municipalités qui déversent constamment leurs eaux usées sans traitement, une interdiction formelle d’effectuer des déversements sans autorisation du ministère de l’Environnement, une amende imposée aux municipalités en fonction des volumes d’eaux usées déversés et des mesures d’aménagement du territoire qui s’attaquent au problème en amont, comme réduire l’imperméabilité des sols et aménager des infrastructures vertes.
Une pétition qui s’adresse à François Legault ainsi qu’aux deux ministres impliquées dans le dossier a été mise en ligne. Les écologistes invitent les différents appareils gouvernementaux à travailler en collaboration afin d’alléger les processus et de raccourcir les délais. « Il y a un manque de cohésion au sein du gouvernement. Présentement, c’est le ministère de l’Environnement qui récolte les données sur les déversements, mais c’est le ministère des Affaires municipales qui donne l’argent aux municipalités pour qu’elles se conforment au règlement. Le problème, c’est que les deux ne se parlent pas », déplore Alain Saladzius, président de la Fondation Rivières.
Dans les dernières années, Gatineau, Québec et Trois-Rivières ont chacune déversé des millions de litres d’eaux d’égout, en plus de Montréal qui en a déversé 5 milliards de litres lors du fameux flushgate de 2015. Même si ces déversements ont été largement médiatisés, ils ne sont que la pointe de l’iceberg : il y a eu 62 000 déversements au Québec en 2017, comparativement à 1 300 déversements en Ontario. « Le Québec a un sérieux problème et la situation ne s’améliore pas. Il n’y a eu aucune réduction des déversements depuis que des statistiques sont disponibles. C’est un manque de contrôle flagrant de la part du gouvernement du Québec ! Il faut s’attaquer rapidement au problème, surtout que la CAQ a fait des promesses à ce sujet en campagne électorale », explique Christian Simard, directeur général de Nature Québec.
Les groupes environnementaux s’inquiètent des impacts que ces déversements peuvent avoir sur les écosystèmes et la santé. Les eaux d’égout non-traitées causent des dommages aux espèces aquatiques, se répercutent dans la chaîne alimentaire et, dans certains cas, peuvent poser des risques pour les humains qui boivent l’eau des rivières et du fleuve Saint-Laurent où ces eaux usées sont déversées. « Le gouvernement doit changer les politiques qui permettent aux municipalités de polluer nos cours d’eau. Sans oublier que les déversements pourraient devenir plus fréquents à cause du vieillissement des infrastructures et des changements climatiques. On veut donc que le gouvernement agisse rapidement avant que la situation empire », conclut Mme Simard.
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