Édition du 12 novembre 2024

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Le blogue de la présidente de la FIQ

Droits des femmes, on avance, on avance, on ne recule plus !

Dimanche, nous soulignerons la journée internationale des droits des femmes. Et je souhaite profiter de l’occasion pour nous remémorer les luttes féministes menées au Québec, et souligner qu’il reste encore de nombreuses batailles à mener dans lesquelles nous avons avantage à toutes nous investir afin de les conduire à terme.

Les mesures d’austérité ont affecté davantage les secteurs d’activités à prédominance féminine, soit 30 % de plus que les secteurs à prédominance masculine ; malgré les luttes passées pour l’équité salariale, un écart salarial de 10,2 % demeure entre les hommes et les femmes et le revenu moyen des femmes à la retraite est inférieur de 33 % à celui des hommes. Les faits parlent d’eux-mêmes, nous devons continuer à être « féministes de toutes nos forces ! ».

Il est de notre responsabilité, en tant que femmes et en tant que société, de combattre les inégalités économiques que nous vivons. Il est aussi de la responsabilité de toutes et de tous d’exiger un rattrapage salarial dans le secteur public au Québec, où une femme sur trois occupe un emploi. Les inégalités perdurent à la retraite, nous avons donc également la responsabilité de revendiquer une meilleure reconnaissance de la rémunération des professionnelles en soins en incluant certaines primes au salaire admissible, et ce, aux fins de leur régime de retraite.

Bien qu’en 2020, les hommes assument une part plus importante des responsabilités familiales, les études démontrent que les femmes portent encore majoritairement la charge mentale du foyer et vivent davantage de défis reliés à la conciliation famille-travail-études. Les femmes demeurent encore plus nombreuses à s’occuper d’un parent ou d’un enfant malade et elles y consacrent plus de temps. En 2016, 75 % des familles monoparentales du Québec étaient sous la responsabilité d’une femme.

En ce 8 mars, j’affirme que le travail invisible ne devrait plus l’être. Le travail exigeant des professionnelles en soins interfère trop souvent avec la vie familiale, les plaçant devant des choix impossibles pour concilier leurs responsabilités familiales. Par conséquent, il est de notre responsabilité de revendiquer une augmentation et une amélioration des droits parentaux.

J’éprouve aussi une grande envie de profiter de cette journée internationale du droit des femmes pour nous rappeler que les femmes ont le droit de travailler dans un milieu sécuritaire, exempt de violence. Trop souvent, on banalise la violence vécue par les professionnelles en soins en se disant que les cris, les insultes, les crachats et les coups viennent de patient-e-s souffrant-e-s, ou qui ont perdu contact avec la réalité. Malheureusement, ça peut faire partie du travail des professionnelles en soins. Or, les événements récents, à Saint-Jérôme, au Pavillon Albert-Prévost, à Granby, au Douglas, à Sorel, et j’en passe, sont la preuve que les agressions ne sont pas des cas isolés.

Je m’insurge contre la banalisation des violences organisationnelles auxquelles sont exposées les professionnelles en soins. La surcharge de travail, le manque de personnel, le recours systématique au TSO et l’augmentation incessante du nombre de patient-e-s sont aussi des formes de violence, que l’on côtoie quotidiennement comme professionnelles en soins. Or, aucune autre profession n’est soumise à autant de violence.

Ainsi, à l’aube de ce 8 mars, il est important qu’on se dise qu’il est de notre responsabilité de professionnelles en soins et de femmes, de cesser d’excuser la violence que nous vivons, d’exiger de nos employeurs de prendre enfin cette question au sérieux, de sécuriser davantage notre environnement de travail, de mettre sur pied des équipes en nombre suffisant, d’avoir des ratios sécuritaires, et finalement de réclamer au gouvernement d’utiliser les leviers législatifs en son pouvoir pour protéger les femmes au travail.

Profitons de cette journée internationale des droits des femmes pour célébrer l’apport des luttes féministes à la société québécoise, mais aussi pour se rappeler que c’est toutes ensemble que nous arriverons à obtenir les prochains gains. L’année 2020 sera importante pour nous, en tant que professionnelles en soins et aussi en tant que femmes.

Nancy Bédard

Présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ)

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