Édition du 19 novembre 2024

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Donald Trump élu : la gauche étatsunienne, que faire ?

L’Amérique profonde a voté et a élu Donald Trump 45e président des États-Unis. Le populisme d’extrême droite a eu raison du candidat des élites. C’est aussi la victoire du Parti républicain qui a conservé sa majorité à la Chambre des représentants et au sénat. Paul Ryan devient, après Donald Trump, le politicien le plus puissant aux États-Unis. Un bon tremplin pour les ambitions de Ryan en 2020.

On peut s’attendre à des reculs majeurs dans le dossier de l’environnement et dans les mesures sociales. Une oppression accrue contre l’immigration légale et illégale accompagnée d’une augmentation des pouvoirs policiers est à prévoir, et ce, sous le couvert de la lutte contre le terrorisme domestique. La démocratie libérale sera plus autoritaire, plus réactionnaire et cela mettra cette démocratie libérale en péril. Et maintenant, que dire de la politique étrangère ?

Les mesures timides déjà mises en place pour contrer les changements climatiques seront vraisemblablement abandonnées et on assistera à un retour aux énergies fossiles comme le charbon. Keystone XL et la construction des oléoducs reviendront en force à l’ordre du jour et forceront le gouvernement canadien de Justin Trudeau à prendre position sur la question des sables bitumineux.

La majorité des personnes qui ont voté pour Trump était des White Anglo-Saxon Protestant ( les fameux WASP). Ces électeurs créeront une atmosphère de suspicion et de méfiance envers l’autre. L’idée de « Qui est un vrai Américain » installera un climat de peur dans la population comparable à celui créé par le McCarthyisme. Les Afro-américains, les Latinos, les musulmans, et toutes les autres minorités visibles ou invisibles vivront des moments de tension dans leur quotidien.

Avec la possibilité de nommer 3 juges et peut-être 4 juges à la Cour suprême, l’attaque contre le libre choix d’avortement (Roe v Wade) et les mariages de même sexe seront des priorités pour les conservateurs d’extrême droite comme Paul Ryan et Ted Cruz. La discrimination positive qui a aidé la communauté noire à accéder aux études supérieures serait remise en question. Et que dire des actions impunies de la police envers les Afro-américains ?

On pourrait être témoin d’une augmentation des forces armées, particulièrement dans la marine, dans le but de solidifier l’hégémonie américaine comme seule super puissance sur la planète. Une politique étrangère plus agressive (le « soft » Power est mort avec Obama) verra le jour ainsi qu’une augmentation de la politique d’endiguement contre la Chine avec l’aide des alliés en première ligne comme le Japon, la Corée du Sud, le Vietnam, l’Inde, les Philippines, etc.

Le Parti démocrate avec la fin de l’ère des Clinton entre dans une période de lutte interne entre la faction du statu quo (centre droit) et celle d’Elizabeth Warren et de Bernard Sanders. Ces derniers verront l’opportunité de reconfigurer le Parti et de le repositionner vers le centre gauche. En somme, ce pourrait être un retour vers la philosophie de FDR (Franklin Delano Rosevelt) d’interventionnisme d’état qualifié de centre gauche. Durant cette période de lutte interne, est-ce que le Parti démocrate pourra devenir l’opposition nécessaire pour contrer Trump et compagnie ?

Non seulement les États-Unis sont à la croisée des chemins, mais la gauche étatsunienne est aussi à la croisée des chemins. Nous avons été témoins de cet éveil parmi la jeunesse progressiste avec la candidature de Bernard Sanders Mais cette jeunesse (ils ont été 12 millions à voter pour Sanders durant les primaires et caucus) a été déçue quand Sanders a appuyé et travaillé au New Hampshire pour Hillary Clinton.

L’appel à s’organiser et à soutenir la politique de gauche fait la une de tous les journaux et tous les sites web de la gauche socialiste à travers le pays. S’organiser et lutter contre le recul promis par Trump et les réactionnaires du Parti républicain implique l’idée de travailler à la construction d’un Parti socialiste aux États-Unis. Le spectre de Eugene V. Debs revient au sein de la gauche et des forces progressistes.

Pour la première fois depuis le début du 21e siècle, nous voyons les manifestations, qui doivent leur existence à Occupy Wall Street, viser un président nouvellement élu. Les manifestants dans les grandes villes du pays rejettent le résultat, pas pour se lamenter sur la défaite de Hillary Clinton, mais pour organiser l’opposition à partir de la rue. Nous verrons, avec une organisation pan nationale de la gauche, une période de protestations contre la classe capitaliste à Washington et à Wall Street, comme nous l’avons vu durant les années 60.

Présentement, la discussion au sein de la gauche tourne autour de l’idée de saisir le moment pour construire une opposition organisée, pour élargir l’idéologie socialiste et pour démontrer que la véritable opposition ce ne sont pas les démocrates, mais ce sont les ouvriers et ouvrières qui prennent contrôle de leur destinée.

‘Black Lives Matter’, qui mène la lutte contre le racisme, est aussi présent au sein de ces manifestations ce qui permet à la jonction entre race et classe de se forger présentement. S’il y a un point positif avec l’élection de Donald Trump, c’est l’éveil pour la lutte des classes. Il l’aura créé par ses propos autoritaires et réactionnaires .

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