photo et article tirés de NPA 29
Il est extrêmement important de comprendre ces deux éléments pour pouvoir bien conceptu-aliser, pouvoir argumenter correctement et ne pas nous permettre de nous faufiler dans des conceptions misogynes qui rendent les femmes invisibles. Le travail de confusion que le « féminisme » néolibéral fait à cet égard est en train d’être brisé.
Le patriarcat est particulièrement renforcé lorsque les fausses déclarations proviennent de courants féministes autoproclamés. Le féminisme sait se défendre clairement contre les discours fascistes ou ouvertement anti-féministes, mais quand des voix nient les concepts de base ou leur donnent une interprétation individualiste, la confusion est servie.
Et comme le dit Celia Amorós, « conceptualiser, c’est politiser ». Si nous ne conceptualisons pas correctement, nous politisons mal. Et dans cette mauvaise politisation, on sait déjà qui sont toujours celles qui paient.
SEXE.
Le sexe est une réalité biologique. Je commence de cette façon parce que les auteurs des théories Queer insistent sur le fait qu’il s’agit d’une construction, utilisant des personnes intersexes pour se charger des raisons. Mais non, les êtres humains naissent avec une vulve ou un pénis (sauf les personnes intersexes, qui présentent les caractéristiques sexuelles masculines et féminines dans une mesure ou une autre).
À quoi sert notre sexe au patriarcat ? Il sert à tout et il l’utilise dès la naissance pour perpétuer le système des oppressions.
Comment ? La première chose qu’une société patriarcale doit savoir sur un nouveau-né est son sexe. Garçon ou fille. En fait, avant votre naissance, vous avez déjà préparé une série d’éléments classés par sexe.
En Espagne, les bébés filles se feront percer les oreilles pour mettre un ornement qui les différenciera des garçons.
Vos vêtements seront différents et avec des couleurs et des motifs différents. De plus, dès leur naissance, elles recevront un nom typiquement féminin si elles naissent avec une vulve. Il convient de garder à l’esprit qu’en tant que bébé, la société ne fait pas bien la distinction entre une fille ou un garçon, de sorte que le patriarcat se sert du berceau pour que son propre environnement l’identifie correctement.
Une fois « correctement » identifiés, avec leurs couleurs correspondantes, leurs parures ou leur absence, leurs différents vêtements et accessoires, la société sera prête à leur transmettre tel ou tel contenu. Un bébé est-il traité de la même manière qu’un autres bébé ? Non, voici un des nombreux exemples.
Autour du sexe, réalité biologique qui implique une anatomie spécifique, le genre se construit, une construction socioculturelle exclusive et répressive, et le principal outil du patriarcat pour opprimer les femmes.
GENRE.
Après nous avoir parlé différemment, nous avoir traités différemment, nous avoir appelés différents, nous habiller et nous coiffer différemment, il nous apparaît très clairement à quelle catégorie nous appartenons, que ce soit les privilégiés (hommes) ou les opprimées (femmes). Rappelons qu’à seulement six ans, les filles se considèrent déjà moins brillantes que les garçons. En d’autres termes, le travail du patriarcat est excellent.
Quelques informations supplémentaires sur ce que signifie naître avec une vulve dans le monde entier :
Au moins 200 millions de femmes et de filles âgées de 15 à 19 ans ont subi des mutilations génitales féminines dans les 30 pays disposant de données représentatives.
On estime aujourd’hui à 650 millions le nombre de femmes et de filles dans le monde qui sont mariées avant l’âge de 18 ans.
Les filles se font moquer plus souvent pour l’apparence de leur visage ou de leur corps que les garçons. La violence basée sur le genre dans le contexte scolaire est un obstacle majeur à la scolarisation universelle et au droit des filles à l’éducation
Environ 120 millions de filles de moins de 20 ans dans le monde (environ 1 sur 10) ont subi des rapports sexuels forcés ou d’autres actes sexuels forcés
C’est çà le genre. Il existe une catégorie sociale privilégiée, les hommes, qui sont créés avec le droit d’exercer des violences de toutes sortes contre les filles, les adolescentes et les femmes. Et ils le pensent parce que le système patriarcal l’enseigne, l’encourage et le perpétue.
Le genre institue des rôles classés en deux : ceux des filles et les femmes et ceux des garçons et des hommes, en les façonnant de différentes manières afin qu’ils s’intègrent dans l’un ou l’autre compartiment étanche. La violence reçue pour ne pas rentrer dans le compartiment qui vous est assigné, nous le savons toutes très bien, va jusqu’à la mort, bien sûr.
C’est pourquoi le féminisme cherche l’abolition du genre. Sans genre, sans rôles différents, sans ces messages qui nous sculptent comme deux types de personnes différents, personne n’aura besoin de s’insérer dans une boîte rigide. Les femmes ne différeront des hommes que par l’anatomie. Personne ne recevra une éducation différente pour être né avec un pénis, et personne ne sera traité avec violence pour être né avec une vulve.
Autre conséquence du genre dont nous, les femmes, souffrons, évidemment simplement parce qu’elles sont nées avec une anatomie féminine, ou comme l’écrivait Simone de Beauvoir, avec « le deuxième sexe » :
ANDROCENTRISME :
Que le monde prenne le modèle masculin comme standard nous affecte les femmes, qui sommes l’altérité. Notre corps et notre anatomie sont « l’autre ».
Cela se manifeste à bien des égards, mais l’un des plus graves pour notre santé et notre vie est l’androcentrisme médical : la médecine prend le corps masculin comme modèle et cette vision nous exclut, en plus du biais macho qui est appliqué affecte directement nos vies simplement en étant né avec vulve, utérus, ovaires …
Pourquoi l’anatomie masculine est-elle prise comme modèle alors que nous, les femmes, sommes 52% de la population ? Parce qu’il y a le genre : les hommes sont l’important, le standard, le générique – même en langage : UN. Les femmes sont l’accessoire, l’altérité, les DEUX.
Le classement des sexes dans notre société est évident. Le premier sexe peut nous opprimer partout. Le premier sexe bénéficie de l’exploitation sexuelle et reproductive du deuxième sexe. C’est pourquoi il y a traite, prostitution, mère porteuse, violence masculine, violence sexuelle, etc. Parce qu’il y a des hommes et parce qu’il y a des femmes, au sens socioculturel du terme.
Barbijaputa 13 mai 2020
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