Édition du 17 décembre 2024

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Santé

Des travailleuses du sexe dénoncent les impacts du couvre-feu*

*Tiohtià:ke (Montréal, territoire traditionnel non cédé des Kanien’keha:ka
(Mohawks) ), 9 janvier 2022 - Des travailleuses du sexe militantes au
Comité autonome du travail du sexe (CATS) dénoncent les impacts délétères
du couvre-feu sur leurs conditions de travail et de vie. Après 21 mois de
pandémie, elles craignent que cette mesure accentue la répression à leur
égard et crée davantage de précarité économique et de violence. Elles
revendiquent plutôt la décriminalisation complète de leur travail, afin de
pouvoir mettre en place des stratégies pour réduire les risques de
propagation du virus efficacement.*

*Une mesure qui accentue la précarité et la violence*

Suite à l’annonce du couvre-feu le 30 décembre dernier, plusieurs
travailleuses du sexe se demandent comment elles vont faire pour travailler
et payer les factures. C’est le cas d’une militante du CATS qui travaille
dans un salon de massage : « Les heures d’ouverture ont été réduites, ce qui
fait qu’il y a moins de clients et moins de plages horaires pour
travailler. On est consciente de l’ampleur de la crise, mais en bout de
ligne, on a encore un loyer à payer ! » Cette dernière dénonce que plusieurs
TDS n’ont pas eu accès aux aides financières d’urgence telle que la PCU et
la PCRE depuis le début de la pandémie, dû à la criminalisation
de leur travail. « Des mesures comme le couvre-feu, ça accentue la
répression policière à notre égard, surtout pour celles qui travaillent à
l’extérieur », dénonce une autre militante. « Il y a aussi des TDS qui vont
avoir peur de fuire des situations de violence si elles sont avec un client
après le couvre-feu ! » rappelle-t-elle.

*Des droits pour lutter contre la pandémie*

Ces dernières revendiquent la décriminalisation immédiate et complète de
leur travail, ce qui permettrait de mettre en place des stratégies pour
préserver leur santé au travail et limiter les risques de contamination.
« Les travailleuses du sexe ont mis en place toutes sortes de mesures depuis
le début de la pandémie pour s’assurer de réduire les risques de
transmission du virus. Mais tu ne peux pas faire grand-chose si ton
employeur s’en fout de la COVID et fait comme si de rien n’était. Parce que
si tu dénonces, tu vas perdre ton travail, ou pire, ton milieu de travail
va fermer », déplore cette militante. « La décriminalisation nous permettrait
d’avoir accès aux droits du travail. Ça ferait en sorte que nos milieux de
travail reçoivent des recommandations de la part de la santé publique comme
dans les autres industries et qu’on puisse dénoncer nos employeur.euses
quand iels ne s’y plient pas, comme c’est le cas en Nouvelle-Zélande où le
travail du sexe est décriminalisé ! » renchérit sa collègue.

Rappelons qu’un collectif de spécialistes universitaires dénonçait en début
de semaine que Québec n’a commandé aucune étude sur l’efficacité du
couvre-feu de l’année dernière. Ces derniers soulèvent également les
conséquences de cette mesure sur la santé mentale de la population en
général et les risques pour la sécurité des femmes, personnes migrantes,
itinérantes, racisées, travailleur.euses du sexe et utilisatrice de drogues.

Comité Autonome du travail du sexe

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