Le Parti vert marque des points lors de récentes élections provinciales et fédérales. André Frappier analyse le parcours de cette mouvance politique dans le contexte de l’urgence climatique et n’y trouve rien de bien rassurant pour ceux et celles qui souhaitent le développement d’une alternative politique qui ira au fond des enjeux climatiques et sociaux. On y trouve la vieille recette du capitalisme vert qui s’efforce de nous faire croire qu’un système productiviste et compétitif comme le capitalisme peut lutter efficacement contre les changement climatiques si l’on lui injecte une bonne dose de vert. Or, la réalité nous indique l’inverse : ce sont les Verts qui, lorsqu’au pouvoir, s’adaptent au capitalisme ambiant et aux politique néolibérales et ne peuvent que générer des réformettes qui n’ont que peu d’impacts réels sur la lutte aux changements climatiques.
Justin Trudeau est en fin de mandat et ça parait. Yves Bergeron montre les limites de la gestion libérale qui ressemble davantage à l’approche conservatrice, les discours remplis de poudre aux yeux et l’aspect spectacle en sus. Le PLC de Trudeau avait bénéficié de circonstances particulières pour créer la surprise lors des dernières élections : les conservateurs complètement discrédités après un premier mandat majoritaire, le NPD qui vire à droite et parsème ses discours de déficits zéro et de lutte à la dette plutôt que de tabler sur des politiques en faveur des plus vulnérables et des classes populaires et un Bloc québécois en pleine crise. Ces facteurs ne jouent plus en cette période pré-électorale. Les conservateurs sont en tête des sondages et aucune alternative sérieuse ne se pointe à l’horizon. C’est le résultat d’années d’attentisme dans le projet de construction d’une alternative politique résolument à gauche à l’échelle pan-canadienne. Il faudra bien s’y mettre un de ces jours.
Les consultations sur le projet de loi 21 sur la laïcité sont terminées et Sébastien Barraud revient sur l’historique du débat et son contexte. Il souligne que le débat s’est construit sur des perceptions fausses et entretenues par une clique de faiseurs d’opinion et de chroniqueurs payés grassement pour entretenir la haine des minorités alors que rien n’indique qu’une crise pointe à l’horizon. Il dresse un tableau du débat sur la laïcité qui a eu cours en France et montre que rien ne devrait nous inspirer dans cette histoire, que le cas Français n’a rien d’exemplaire et que le cas du Québec n’est pas comparable. Et qu’« il ne faudra pas s’étonner si, dans quelques années, le principe de précaution laïciste auquel aspire le PL21 aura produit les effets inverses de ceux qu’il prétend anticiper... » Nous vous offrons en complément une série de vidéos des audiences de la commission parlementaire etles textes des prises de position de la Fédération des femmes du Québec.
L’industrie québécoise du taxi est sous attaque alors que la CAQ déroule tapis rouge pour Uber alors que cette dernière fait son entrée en bourse. La compagnie dotée d’une capitalisation de 72 milliards $US... sans profit à l’horizon. François Desrochers de l’IRIS explique dans un deuxième texte que Uber veut à la fois investir massivement dans la recherche et développement, en particulier sur la technologies entourant le projet de voitures autonome et tranche dans les prix afin de s’assurer d’une position de monopole dans le marché du transport des personnes et acquérir des données sur leurs habitudes, données qu’elle pourra monnayer plus tard. L’auteur mettant dans la balance le but avoué de Uber da faire disparaitre le métier de chauffeur.e.s de taxi et son caractère hautement spéculatif, s’explique mal les raisons qui poussent l’Etat québécois è se faire complice de cette opération en dérégulant l’industrie et en payant pour les pots cassés.
Enfin, nous publions deux textes entourant les enjeux du projet de pipeline entre l’Ontario et le Saguenay. La Coalition Fjord considère scandaleuse l’idée de financer le transport des énergies fossiles sales de l’Alberta et les intérêts de multinationales américaines comme Breyer Capital et Freestone International qui sont à la tête du projet GNL Quebec et Gazoduq. Michel Roche quant à lui s’attaque au discours qui présente le gaz naturel comme une « énergie de transition » davantage écologique que le pétrole. Or, selon l’auteur, si on prends en compte le processus d’extraction du gaz naturel, celui-ci n’a rien d’écologique, les fuites de méthane générées par ces opérations annulant ainsi la différence entre gaz et pétrole. Les promoteurs du projet font dans la désinformation lorsqu’ils prétendent que ce projet aura des retombées positives sur l’emploi ce qui peut s’avérer vrai mais que les effets économique d’une transition énergétique auraient des impacts supérieurs.
Sur la scène interntionale
La situation internationale est toujours dominée par la situation au Proche-Orient. Nous avons retenu un excellent article-entrevue avec Gilbert Achcar. Si vous avez le temps de lire un seul article, lisez celui-ci. La montée de la gauche aux États-Unis a aussi retenu notre attention de même que la recrudescence des dépenses militaires. Nous terminons avec un livre réflexion liant technologie et environnement.
Concernant le Proche Orient
« Le long printemps arabe » et la place actuelle des soulèvements en Algérie et au Soudan » Cette entrevue est des plus instructif sur la situation en Afrique du Nord et au Proche-Orient. Il explique la montée des mobilisations de masses mais aussi leurs échecs et les expliquent dans un langage accessible.
L’auteur avance son analyse en peu de mots : un processus révolutionnaire : « un processus révolutionnaire sur la longue durée qui a commencé en 2011 pour toute la région arabophone. La cause principale en est le blocage social et économique provoqué par la combinaison du néolibéralisme soutenu par le FMI et des systèmes politiques autoritaires pourris qui l’imposent »
Ce constat pose la nécessité d’un changement social radical sinon la situation de crise va persister en montée des luttes-répression-offensive contre révolutionnaire. Après 2011, nous avons connu une période de contre révolution. De tout ce bouleversement, l’auteur souligne que les masses ont appris 2 choses : « On le voit dans leur insistance sur le caractère non-violent du mouvement. Ils sont très soucieux d’éviter de faire quoi que ce soit qui donnerait à l’Etat l’occasion d’utiliser toute la panoplie de ses moyens répressifs contre eux. » « La deuxième leçon que les militants soudanais et algériens ont tirée est que le commandement militaire n’est pas un allié. »
D’abord la non violence car les masses ont vu comment les despotes et leurs alliés internationaux ont fait dégénérer les situations. Et ensuite, ils ont compris que : « Ces Etats ont en commun le fait que les militaires contrôlent le pouvoir politique. Les forces armées ne sont pas seulement l’épine dorsale répressive de l’Etat, ce qui est commun à tous les Etats, mais le centre de gravité du pouvoir politique. » L’auteur poursuit son analyse en introduisant un concept : « En Libye, comme en Egypte, en Syrie et dans les autres pays du soulèvement de 2011, il y a eu une dynamique triangulaire avec un pôle révolutionnaire face à deux pôles rivaux contre-révolutionnaires : l’ancien régime et ses opposants fondamentalistes islamiques. Partout, les progressistes sont marginalisés et la situation est dominée par l’affrontement entre les deux pôles contre-révolutionnaires. »
La dernière partie de l’article porte sur la situation au Soudan, sa particularité et son importance. Et aussi les revendications avancées par la gauche soudanaise : « Les FDLC exigent au contraire que le pouvoir souverain soit entièrement entre les mains d’une majorité civile et que les forces armées soient limitées au rôle de défense apolitique qu’elles devraient normalement jouer dans un Etat civil. » L’auteur tient aussi à souligner la nécessaire solidarité :Tout geste de solidarité significatif encouragera et donnera du courage au mouvement soudanais. La clé aux Etats-Unis est de dénoncer le soutien de Trump à l’armée soudanaise, en compagnie de « ses potes » des monarchies pétrolières. Il serait important de contraindre les démocrates, même si ce n’est que pour des raisons électorales, à mettre en question cette politique. C’est urgent, car cela pourrait grandement aider les FDLC à prendre l’avantage dans leur lutte acharnée contre l’armée pour la transition démocratique dans le pays.
Une solidarité donc à construire
Concernant la gauche américaine
Les nouveaux visages de la gauche américaine
Cet article fait un résumé d’un vidéo ayant comme thématique quatre femmes qui se présente à l’investiture démocrate : « Le film suit quatre femmes progressistes qui ont fait campagne lors des élections de mi-mandat de 2018 contre des candidats centristes del’establishment démocrate : Ocasio-Cortez à New York, Amy Vilela à Las Vegas (Nevada), Cori Bush à Saint-Louis (Missouri) et Paula Jean Swearengin en Virginie-Occidentale. »
Ce qui enthousiasme l’auteur de l’article s’est que ces femmes expliquent dans le film pourquoi elles se sont présentées : « Mais toutes savaient une chose : le temps est venu pour des femmes comme elles, issues des classes populaires, de concourir à des élections »
Ces femmes défient ainsi le pouvoir et les libéraux mainstream. Pourquoi ces femmes font-elles exception dans le décor ? Le film répond ainsi : « En moyenne, l’élu au Congrès des États-Unis possède une fortune d’un million de dollars – c’est même trois fois plus pour les seuls sénateurs. Il est fréquent que les travailleurs ne se voient pas comme de potentiels leaders politiques. »
L’article se poursuit en racontant les motivations de chacune des quatre femmes et comment elles mènent leur campagne électorale.
En fin d’article, la question du pouvoir au Parti Démocrate est abordé et surtout du soutien des grandes entreprises. La réflexion autour de créer un autre parti politique est aussi argumentée.
De quoi nous préparer aux prochaines élections américaines.
Concernant les dépenses militaires
Dr Aude Fleurant et les dépenses militaires mondiales
L’article n’a pas besoin d’être soutenu par une analyse politique profonde. Les seules chiffres rassemblés dépeignent un tableau très clair de la militarisation en croissance à l’ère de la mondialisation. « Le total des dépenses militaires mondiales s’élève à 1822 milliards de dollars en 2018, soit une augmentation de 2,6 % par rapport à 2017, selon les nouvelles données du SIPRI. Les cinq plus grands dépensiers – États-Unis, Chine, Arabie saoudite, Inde et France [4] – concentrent à eux seuls 60 % des dépenses militaires mondiales. ... Les dépenses mondiales, désormais 76 % supérieures au niveau le plus bas de l’après-guerre froide, représentent 2,1 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, soit l’équivalent de 239 $ par personne. »
L’article se poursuit ainsi en examinant les États-Unis, les pays asiatiques et européens. Et voici de quoi faire froid dans le dos : « Les dépenses militaires des États-Unis augmentent – pour la première fois depuis 2010 – de 4,6 % pour atteindre 649 milliards de dollars. Les États-Unis, de loin les plus grands dépensiers au monde, ont investi en 2018 presque autant que l’ensemble des huit pays les plus dépensiers qui les talonnent dans le classement. »
Concernant la technologie et la lutte aux changements climatiques
La technique ne sauvera pas le monde
Cet article fait un résumé du livre suivant : « Le bonheur était pour demain. Les rêveries d’un ingénieur solitaire, de Philippe Bihouix, éditions du Seuil, avril 2019 366 pages, 19 euros. » Tout le monde rêve du futur et l’imagine en fonction de ses intérêts et de ses projections du présent dans l’avenir. Mais cet ingénieur en écrivant son essai dégonfle nos rêves les plus fous en les plaçant dans le gaspillage écologique qu’ils signifient. En ce sens l’auteur du livre brise bien des analyses de certaines personnes écologistes : « Pour remettre d’aplomb une planète bien malade, ceux qui prêchent la course au progrès sont des menteurs ou des illuminés, accuse-t-il avant de fustiger, avec une égale vigueur, les effets de mode et les fausses bonnes idées colportées par certains courants écolos. »
Et l’auteur du résumé du livre et l’auteur du livre pose bien le problème des alternatives pour le futur : « En dépit des discours des grands prêtres du technoscientisme moderne (plusieurs se font joliment épingler dans le livre), sans doute ne faut-il pas attendre de ces utopies techniciennes la solution à nos problèmes de fond (dérèglement climatique, raréfaction des ressources, biodiversité en berne, épuisement des sols…) Mais quelles sont les alternatives ? Ou réside l’espérance ? Sûrement pas dans une économie circulaire, répond Bihouix. Pas plus que l’économie « durable » (un concept qui n’a plus guère le vent en poupe, selon lui) elle n’est une solution. C’est « un fourre-tout consensuel », une tarte à la crème qui inclut des idées « indéniablement intéressantes [qui] peuvent et font émerger des alternatives » sans être à la mesure du défi à relever. »
Il nous reste à rêver mais à tenir compte aussi de nos analyses sociales et politiques sinon les désillusions s’annoncent graves.
Bonne lecture
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