« Pas question de se taire ! » rétorquent les citoyens à l’attaque du gouvernement fédéral contre l’environnement et la démocratie, dans le cadre d’une campagne nationale lancée le lundi 7 mai par les principaux organismes environnementaux du pays.
« Ces changements — qu’on a dissimulés dans une loi budgétaire dans l’espoir qu’ils passent inaperçus — menacent les valeurs fondamentales chères à tous les citoyens : l’environnement et la démocratie, affirme Sidney Ribaux, coordonnateur général d’Équiterre. Nous n’avons d’autre choix que de prendre la parole, et nous invitons les Canadiens de tous les horizons à se joindre à nous. »
Coiffée du slogan Silence, on parle (Black Out Speak Out en anglais), la campagne invite les organismes, les entreprises et les citoyens de tout le pays à plonger leurs sites Web dans le noir le 4 juin et à s’exprimer contre les modifications liées à la loi budgétaire du gouvernement fédéral (C-38).
Le gouvernement menace l’avenir de notre sol, de l’eau et du climat par son projet de loi de mise en œuvre du budget. Plus du tiers de ses dispositions vise à affaiblir les lois environnementales les plus importantes au Canada. C’est le cas notamment des mesures entravant la participation des organismes de bienfaisance environnementaux aux processus politiques publics. Les groupes invitent les citoyens à prendre la parole avec eux et à faire savoir au gouvernement que ceux qui se préoccupent des pertes annoncées n’ont pas l’intention de se taire.
« Les attaques contre les organismes environnementaux et l’affaiblissement des règles d’évaluation environnementale ont pour but de réduire au silence les citoyens de tous les milieux et horizons qui souhaitent faire valoir leur point de vue sur les projets de développement de nos ressources naturelles, soutient Karel Mayrand, directeur général pour le Québec de la Fondation David Suzuki. « Non seulement est-ce antidémocratique — mais cela va miner la capacité du gouvernement de prendre des décisions éclairées pour diminuer les risques, protéger notre santé et notre environnement ».
« Les puissants intérêts pétroliers changent les règles du jeu. Pire encore, ils disqualifient tous les joueurs qui ne font pas partie de leur équipe, avance Rick Smith, directeur administratif de l’organisme Environmental Defence. Nous arborons le noir pendant une journée, mais nous prendrons la parole aussi longtemps que nécessaire. »
Le projet de loi C-38 remplace la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale, habilite le gouvernement fédéral à réprimer les organismes de bienfaisance - dont les groupes environnementaux - qui préconisent de meilleures lois et politiques, renverse les décisions de l’Office national de l’énergie, précipite les projets soumis à des études environnementales désormais affaiblies pour accélérer les processus d’approbation, et exclut les groupes de la société civile des examens environnementaux concernant les pipelines.
La campagne Silence, on parle commence lundi par la publication d’annonces pleine page dans La Presse, The Globe and Mail et l’hebdo Hill Times d’Ottawa. Elle inclut un site Web, silenceonparle.ca/blackoutspeakout.ca. Au cours des quatre prochaines semaines, les groupes environnementaux consolideront leurs appuis, invitant d’autres organismes, les groupes communautaires et de justice sociale et les citoyens du pays à se joindre à eux pour exprimer leurs inquiétudes face à l’érosion des valeurs canadiennes fondamentales.
Voici les organisations environnementales participantes : Ecojustice, Environmental Defence, Équiterre, Fondation David Suzuki, Greenpeace, Institut Pembina, Nature Canada, Sierra Club Canada, SNAP, West Coast Environmental Law et WWF Canada.
Les citoyens qui désirent appuyer la campagne peuvent s’inscrire sur le site silenceonparle.ca (blackoutspeakout.ca en anglais).