Les Premières Nations s’engagent à arrêter les cinq projets de pipelines et de terminaux pétroliers en cours d’étude (Kinder Morgan, Énergie Est, Ligne 3, Northern Gateway et Keystone XL), ainsi que les projets de transport ferroviaire des sables bitumineux tels que le projet d’exportation à partir du port de Belledune de Chaleur Terminals Inc. au Nouveau-Brunswick.
« Ce que signifie le traité c’est que du Québec, nous travaillerons avec nos alliés autochtones en Colombie-Britannique pour arrêter le pipeline de Kinder Morgan et nous lutterons aussi avec nos alliés autochtones du Minnesota contre l’expansion de la Ligne 3 d’Enbridge, et nous savons que nous aussi nous pourrons compter sur leur aide contre le projet Énergie Est », a dit le Grand Chef de Kanesatake Serge Simon.
Selon le texte du Traité : « Nos Nations s’unissent dans le cadre du présent traité pour officiellement interdire et pour convenir d’empêcher collectivement l’utilisation de nos territoires et de nos côtes respectifs en relation avec l’expansion de la production des sables bitumineux d’Alberta, incluant pour le transport d’une telle production accrue, soit par pipeline, train ou navire ».
« C’est une époque d’unité autochtone sans précédent où nos peuples luttent pour un meilleur avenir pour tous », a dit Rueben George du Tsleil-Waututh Sacred Trust Initiative. « Le projet de pipeline Kinder Morgan qui passerait dans notre territoire représente un risque inacceptable pour notre eau, nos terres et notre peuple : nous sommes fiers de faire front commun avec nos frères et sœurs pour exiger de meilleures alternatives à ces projets dangereux. »
« Les Yinka Dene ont déjà démontré, dans le cas de Northern Gateway d’Enbridge, qu’un pipeline n’a aucune chance de passer face à un mur d’opposition autochtone », a souligné le chef tribal Carrier Sekani Terry Teegee. « La même chose va maintenant se répéter avec tous les autres projets de pipelines, dont celui de Kinder Morgan en Colombie-Britannique. »
Le développement de l’industrie des sables bitumineux a déjà empoisonné l’eau des Premières Nations en Alberta et même dans les territoires avoisinants. Ces projets de transport par pipelines, par train ou par navires menaceraient les eaux de nombreuses autres Nations. Les populations autochtones sont directement affectées par les impacts intenses des changements climatiques, dont les feux de forêt et les inondations, et la crise climatique actuelle menace les plantes et les animaux qui font partie intégrante des cultures autochtones.
« Les peuples autochtones se mobilisent ensemble partout face aux nouveaux projets de combustibles fossiles destructeurs, avec comme meilleur exemple la contestation en cours de la communauté sioux Standing Rock dans le Dakota du Nord », a affirmé le Grand Chef Stewart Phillip, président de l’Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique. « Nous savons que les infrastructures qui entraînent l’expansion des sables bitumineux sont, à la fois, complètement irresponsables et incompatibles avec les objectifs du Canada de réduire ses émissions de gaz à effet de serre. »
Le Traité affirme par ailleurs que les Nations autochtones signataires souhaitent devenir des partenaires de premier plan dans le cadre de la transition vers une société plus durable. De nombreuses Nations autochtones montrent d’ores et déjà du leadership en développant des projets d’énergies renouvelables sur leurs territoires.
« Nous souhaitons collaborer avec le Premier ministre et le gouvernement afin de développer une économie durable qui ne marginalise par nos peuples », a dit le Grand Chef Derek Nepinak de l’Assemblée des chefs du Manitoba. « Il y a un grand éveil spirituel de nos peuples alors que nous redynamisons nos Nations dans le but d’un meilleur lendemain pour tous. »
Veuillez consulter le site treatyalliance.org pour plus d’information, y compris une liste à jour des Nations signataires
1- http://www.treatyalliance.org/wp-content/uploads/2016/09/Trait%C3%A9-info-suppl%C3%A9mentaire-1.pdf
Le traité
Traité autochtone contre l’expansion des sables bitumineux
Nous avons habité, protégé et gouverné nos territoires conformément à nos lois et traditions respectives depuis des temps immémoriaux. Des Nations Autochtones souveraines ont signé des traités solennels avec les puissances européennes et leurs successeurs, mais il y a une histoire encore plus longue de Nations Autochtones concluant des traités entre eux. Plusieurs de ces traités concernent la paix et l’amitié ainsi que la protection de la Terre-Mère.
L’expansion des sables bitumineux d’Alberta, une énorme menace qui pèse sur les Peuples Autochtones de l’Île de la Tortue et même au-delà du continent, nécessite la conclusion d’un tel traité entre Nations Autochtones :
L’augmentation planifiée de la production des sables bitumineux a donné naissance à de nombreux nouveaux projets visant à construire, convertir ou augmenter la capacité de pipelines et visant à introduire ou augmenter le transport de pétrole par trains et navires, lesquels projets présentent tous un réel risque de déversements toxiques de pétrole pour les territoires, les cours d’eau, les côtes et les communautés de nombreuses Nations Autochtones.
L’expansion des sables bitumineux aura aussi comme conséquence de détruire et d’empoisonner encore plus les terres, les sources d’eau et l’air des Peuples Autochtones qui se trouvent directement sur les lignes de front et en aval des sables bitumineux.
De plus, ces pipelines, trains et navires causeront d’énormes torts à chaque Nation Autochtone sur l’Île de la Tortue puisqu’en permettant l’expansion des sables bitumineux, ces projets alimenteront indéniablement les changements climatiques catastrophiques. Les changements climatiques ont déjà commencé à mettre en danger les modes de vie de nos Peuples Autochtones et mettent maintenant en péril notre survie.
L’expansion des sables bitumineux est une menace collective pour nos Nations et nécessite donc une réaction collective.
Par conséquent, nos Nations s’unissent dans le cadre du présent traité pour officiellement interdire et pour convenir d’empêcher collectivement l’utilisation de nos territoires et de nos côtes respectifs en relation avec l’expansion de la production des sables bitumineux d’Alberta, incluant pour le transport d’une telle production accrue, soit par pipeline, train ou navire.
Comme Nations Autochtones souveraines, nous concluons le présent traité en vertu de notre autorité légale inhérente ainsi que notre responsabilité de protéger nos territoires respectifs contre des menaces à nos terres, à nos sources d’eau, à notre air et à notre climat, mais nous sommes tout de même conscients qu’il est dans l’intérêt des peuples autochtones aussi bien que non-autochtones de mettre fin à la menace de l’expansion des sables bitumineux.
Nous souhaitons collaborer avec tous les peuples et tous les gouvernements pour bâtir un futur plus durable et plus équitable, un futur qui produira des communautés plus prospères et plus en santé à travers l’Île de la Tortue et le monde et qui préservera et protègera le mode de vie de nos peuples.
À propos du traité
Le Traité constitue une prohibition légale, basée sur le pouvoir inhérent des Nations Autochtones d’adopter leurs propres lois, contre les pipelines/trains/ pétroliers qui alimenteront l’expansion des sables bitumineux d’Alberta.
Cette alliance de Nations Autochtones s’inscrit dans le cadre d’une renaissance de Souveraineté Autochtone partout sur l’Île de la Tortue où les Peuples Autochtones sont en train de réaffirmer leurs rôles comme les gouvernements légitimes et les gardiens de leurs territoires.
Les Nations Autochtones alliées signataires du Traité cherchent à prévenir un déversement de pipeline/ train/pétrolier qui empoisonnerait leurs sources d’eau et veulent aussi empêcher les sables bitumineux d’augmenter leur production et ainsi devenir un obstacle encore plus important dans la lutte contre la crise climatique.
Le monde ne peut peut-être pas se passer de pétrole du jour au lendemain, mais la dernière chose dont il a besoin est encore plus de pétrole, et surtout pas le pétrole le plus sale de la planète. Nous devons de façon urgente commencer à bâtir un monde plus durable et équitable et les Nations signataires comptent se trouver au coeur de ce processus.
L’interdiction dans le Traité couvre notamment les projets de construction, conversion et expansion des pipelines au Canada et aux États-Unis figurant ici, chacun d’entre eux ayant la capacité de permettre une expansion importante des sables bitumineux :
Plus d’informations sur le traité
Les sables bitumineux sont toxiques
L’expansion des sables bitumineux détruira et empoisonnera encore plus les terres, l’eau et l’air des Peuples Autochtones vivant à côté ou en aval des sables bitumineux. En plus, l’expansion prévue des sables bitumineux a donné naissance à toutes sortes de projets de pipelines/trains/pétroliers qui menacent les rivières, les lacs, les côtes et les communautés des Peuples Autochtones de l’Île de la Tortue avec des déversements toxiques qui détruiraient les écosystèmes et ne pourraient pas être nettoyés.
Expansion = Changements climatiques
L’expansion sans arrêt des sables bitumineux a été l’obstacle principal empêchant le Canada de faire face à la crise climatique : depuis 1990, cette expansion a été responsable de pas loin de la moitié de l’augmentation totale des gaz à effet de serre (GES) au Canada. Or, les gouvernements sont en train de permettre encore plus d’expansion – une augmentation hallucinante de la production de 50% dans les années à venir ! Mais cette expansion ne peut se réaliser qu’avec les projets de pipeline à l’étude.
Le leadership Autochtone est l’unique solution
Bien que les Peuples Autochtones aient contribué le moins aux changements climatiques, ces derniers seront les plus grands perdants. Les Nations Autochtones ont déjà été à la tête des combats contre les pipelines des sables bitumineux Northern Gateway d’Enbridge et Keystone XL de TransCanada . Ce Traité assurera que les sables bitumineux ne peuvent pas s’échapper par une autre porte de sortie (pipelines/ trains/pétroliers) et ainsi compromettre la lutte contre la crise climatique. Sinon, aucun de nos peuples ne sera à l’abri de cette crise.
Bâtir un avenir plus prometteur – ensemble
Les Nations Autochtones doivent être au coeur de l’élaboration des réponses et des solutions à notre crise climatique planétaire. Et au même moment que nous délaissons de manière urgente les combustibles fossiles, il sera essentiel de nous assurer que les gens ne sont pas laissés pour compte, en particulier les communautés autochtones se trouvant dans la zone sacrifiée au développement des sables bitumineux. Plusieurs de ces communautés sont en fait plus que près pour un virage vert et ont même pris les devants.