Édition du 17 décembre 2024

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États-Unis

Derrière les folies meutrières aux USA, l'argent !

C’est comme ça parce que ça a toujours été comme ça. En premier, une pluie de violence et de meurtres de masse comme nous venons tout juste de le voir à Santa Barbara en Californie. Elle vient avec une furie irrationnelle la plus part du temps au moyen d’armes à feu obtenue légalement par de quelqu’un qui n’aurait jamais du les avoir.

MOYERS &COMPANY
Alternet.org, 31 mai 2014,
Traduction, Alexandra Cyr,

Puis vient le deuil, les mémoriels de fleurs et de toutous, les processions aux chandelles les vigiles et les funérailles. Les familles, les amiEs pleurent de désespoir et condamnent une société qui permet que de telles choses arrivent. Ils et elles attaquent la National Rifle Association (NRA, l’emblématique association qui défend la vente libre et la possession d’armes par tous et toutes. N.d.t.) qui prêche une philosophie libertaire de non régulation des armes à feu.

Cette fois, c’est Richard Marinez qui a été la victime la plus en vue. Son fils Chris a été victime de ce plus récent tireur de masse. Il pose la question : « Pourquoi Chris est-il mort ? À cause de politicienNEs peureux-euses et irresponsables et de la NRA. Il est toujours question des droits aux armes. Et le droit de Chris à la vie » ?

Ensuite, la NRA observe un lourd silence pendant quelques jours. Soit disant pour respecter les morts. En réalité pour garder profil bas jusqu’à ce que le ciel se dégage un peu pour permettre à ses représentants Wayne Lapierre et les autres de prétendre qu’ils sont sous le choc, sous le choc de cette tuerie mais jamais ils ne mettront en cause le rôle des armes à feu dans l’événement. Il se peut que nous ayons besoin de plus d’enquêtes sérieuses sur l’état mental de ceux et celles qui veulent se procurer des armes mais je ne veux plus de ce droit de posséder mes propres armes de et de les transporter partout où je le veux.

Il y aura du bruit et des promesses, des projets de loi seront présentés au moins dans les parlements des États et peut-être seront-ils adoptés. Depuis la tragédie de Santa Barbara, un projet de loi est maintenant déposé à l’assemblée de la Californie. Il introduirait des restrictions pour empêcher : « les gens qui ont un potentiel d’agissements violents d’acheter ou de posséder des armes ». De son côté, le New-York Times rapporte qu’après la tuerie de Sandy Hook à Newtown de nouvelles lois en rapport avec les armes ont été adoptées dans presque tous les États : « Presque les deux tiers de ces lois ont allégé les restrictions existantes et étendu les droits des propriétaires d’armes à feu ».

Et rien à attendre du Congrès. Même si la Chambre a approuvé cette semaine une augmentation des fonds du National Instant Criminal Background Check System au FBI cela ne signifie pas que les règlements et les règles seront modifiés. Toute tentative pour aller dans ce sens est immédiatement neutralisée par le lobby des armes à feu. Donc il ne se passera rien de plus. Jusqu’au prochain événement, la prochaine tuerie où le cycle infernal reprendra. Comme si on se cognait la tête contre le mur encore et encore parce qu’on se sent mieux quand ça s’arrête. Sauf que ça ne s’arrête pas. Parce que nous nous laissons intimider, pousser dans la soumission par de grandes gueules armées.

Et arrive Joe Wurzelbacher « le plombier » qui a fait sa gloire en luttant contre la proposition 08. Il écrit aux parents du garçon assassiné à Santa Barbara : « Je suis désolé que vous ayez perdu votre fils. J’ai aussi un fils et une fille et je ne voudrais jamais faire face à ce qui vous arrive en ce moment. Mais, aussi dur que cela puisse apparaitre, la mort de votre fils ne remet pas en cause mes droits constitutionnels ».

Ouais ! Si le brave Joe le plombier avait été à Santa Barbara vendredi soir dernier il aurait tiré lui aussi en compagnie d’Elliot Rodger, (le présumé auteur de la tuerie. N.d.t.). À moins qu’il ne lui aurait offert que de déboucher son évier.

Et imaginez ! Quelques jours avant les meurtres de Santa Barbara, Chris Cox, le lobbyiste en chef de la NRA s’en est pris au groupe Doctors of America qui lutte pour le contrôle des armes à feu. Il a écrit à leurs propos : « Les médecins connaissent la médecine mais, comme groupe, ils n’ont aucune expertise en matière d’armes à feu ou de politiques les concernant ».
Ça en dit long. D’abord, n’importe quel docteur qui a travaillé dans une salle d’urgence où il a du tenter d’aider une victime de tir qui saigne abondamment et frôle la mort, peut-être qualifié de spécialiste des effets des armes à feu. Ensuite, la NRA a fait tout ce qui est pensable et impensable pour empêcher les médecins et les scientifiques d’effectuer les recherches nécessaires pour évaluer le niveau de dommages fait par armes à feu.

En avril dernier, Lois Beckett rapportait via l’agence d’enquête indépendante de nouvelles ProPublica : « Depuis près de 20 ans, le Congrès a fait pression sur le Centre pour le contrôle des maladies et la prévention(CDC) pour qu’ils se tiennent loin de toute recherche sur la violence par armes à feu. Comme cette violence augmentait au début des années quatre-vingt-dix, le CDC a légèrement augmenté son financement sur cette problématique. En 1996, il a reculé sous la pression du Congrès et de la NRA. Le financement pour la recherche sur les blessures par armes à feu et leur prévention a été réduit de plus de 2,7 millions de dollars en 1995 à tout juste 100,000$ en 2012 selon les chiffres officiel du Centre ». En 2014 ? 0$.

Oui le Département de la justice a dépensé 2 millions de dollars et il a offert 1,5 millions pour la recherche sur la violence armée cette année. Et l’Institut national sur la santé a fait un appel à la recherche même si on ne connait pas encore les montants que cela peut impliquer. Mais la NRA s’oppose à ce genre de travaux. Elle les discrédite en disant qu’il s’agit de propagande et que dépenser plus pour cela n’est pas « éthique ». Du même souffle elle soutient pourtant que les médecins n’en savent pas assez pour être capable de juger de la chose. Cela rappelle l’histoire des enfants qui, ayant tué leurs parents demandent la charité parce qu’ils sont orphelins.
M. Cox et ses associés affirment que le but ultime de ceux et celles qui demandent plus de contrôle sur les armes à feu est d’arriver au « désarmement civil ». S.V.P. Nous avons répété sans fin : « Allez-y, mais gardez vos armes pour la chasse, pour les centres de tir et pour votre sécurité à la maison, même si comme l’a rapporté la ‘Brady Campaign to Prevent Gun Violence’, il y a 22 fois plus de risques qu’un fusil dans la maison serve à tuer ou à blesser durant les scènes de violence domestique, au suicide ou à des accidents de tir, qu’à être utilisé pour la légitime défense ».

Expliquez-moi pourquoi vous avez besoin de détenir un arsenal équivalent à celui d’un pays émergent. Donnez-moi une bonne raison qui n’est pas à voir en fin de compte avec votre insécurité à propos de votre existence ?
La NRA qui ose se présenter comme « la plus vieille organisation de défense des droits civiques des État-Unis » invoque la liberté. C’est faux ! Le fond de l’affaire c’est l’argent ! Son existence et son lobbying en faveur des armes fait progresser le marché. Et les manufacturiers d’armes et de munitions, dont Remington Outdoor, Smith & Wesson, Sturm Rugar et Olin (qui fabrique les munitions pour les Winschester) donnent des millions lui donne des millions de dollars. Selon les compagnies cela prend la forme de contributions, de pourcentage des ventes et parfois même le paiement de l’adhésion des acheteurs à l’association.

Selon un rapport de Walter Hickey dans la revue Business Insider, l’an dernier « depuis 2005, l’industrie des armes à feu et ses associés ont donné entre 20 et 52,6 millions de dollars à la NRA via son programme de soutient appelé NRA Ring of Freedom. En 2010 selon IRS Form 990, elle a aussi fait 20,9 millions, soit environ 10% de ses revenus, en vendant des espaces publicitaires à des compagnies de cette industrie dans la plupart de ses publications.

Le grand bloqueur politique du magasine Esquire, Charlie Pierce, à raison de dire : « Nous sommes une nation en guerre avec elle-même et pour le profit. Nous sommes un pays en guerre avec lui-même parce que l’élite dirigeante est trop intimidée, trop corrompue ou trop lâche pour reconnaitre qu’il y a des gens qui s’enrichissent en armant les deux belligérants parce que seule une bonne personne armée peut arrêter une mauvaise personne armée. Donc vous vous assurez que les méchantEs puissent se procurer des armes pour permettre à des millions de bonnes personnes de s’en procurer (pour neutraliser les autres) ».

Sans doute avez-vous entendu dire que cela ne se produit pas dans des pays comme le Japon, l’Australie, le Royaume-Uni et le Canada. Les armes y sont strictement contrôlées et des vies sont sauvées. Mais ici le cycle de la mort, du dénie, de la résistance et de la folie continue.

Terminons avec la déclaration de The Onion, le site satirique de nouvelles qui dit la vérité après les tristes événements de Santa Barbara. Voici sa manchette : « Impossible de prévenir de tels événements dit la seule nation où cela arrive à répétition ».

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