Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Politique canadienne

Créer un mouvement syndical qui soit à la hauteur (Deuxième partie - extrait)

Si la seule chose qui puisse empêcher la défaite des fonctionnaires ontariens dans la bataille à venir, repose sur notre détermination de nous engager dans des actions militantes, déployées avec intelligence et de manière innovantes afin de sensibiliser la population ; la question qui se pose est de savoir comment ce genre de mouvement doit se bâtir.

Un point de départ serait de reconnaître nos faiblesses au sein de nos propres organisations – antérieures aux présentes attaques. ( Il y a évidemment des poches de résistance, forces incroyables au sein de notre mouvement, mais il serait honnête de préciser que celles-ci sont plutôt rares). Nos faiblesses passent aussi bien par notre culture bureaucratique débilitante, une démocratie faible et inefficace, que par une solidarité de classe inadéquate ; et surtout peu de sens stratégique pour appréhender les grands changements qui se sont déroulés ces trois dernières décennies.

C’est sur ces points, que les travailleurs, les travailleurs et militant-e-s doivent, dès à présent, discuter. Comment devons-nous nous mobiliser pour affronter les petites batailles dans l’immédiat, tout en veillant à construire les bases nous permettant d’étendre nos options pour lutter à une échelle plus grande ? Que devons-nous faire pour que cela fasse partie de l’ordre du jour de nos syndicats ? Comment les pousser à élaborer un plan d’action concret et un calendrier ? Les enjeux spécifiques sur lesquels les syndicats doivent travailler, portent sur le leadership syndical. Ce dernier doit renoncer aux mécanismes, utilisés auparavant, pour maintenir le contrôle politique lors de période de prospérité relative du secteur public. La créativité et le militantisme, qui sont les éléments particulièrement craints par les responsables syndicaux, représentent les qualités ( ou force) exigées, actuellement, des leaders à tous les niveaux de l’organisation syndicale. De plus, les dissidents doivent être considérés comme un atout, car les débats internes nous obligent à appréhender les enjeux avec plus de profondeur.

Une démocratie effective suppose d’élaborer des moyens pour les syndicats locaux, en leur faisant bénéficier significativement des ressources financières nationales et de doubler ou tripler le nombre de militants syndicaux, qui ont l’aptitude de remporter plus d’adhésions. Les leaders locaux, dont la formation et les responsabilités mettent l’accent sur les règlements de conflits rencontrés sur le lieu de travail et au niveau législatif doivent recevoir une formation et un soutien leur permettant de mener de vastes campagnes de sensibilisation au sujet de la défense des membres syndiqués et des services.

Bien que plusieurs syndicats du secteur public aient établi des structures intermédiaires entre locaux issus du même secteur, celles-ci sont dépourvues de mécanismes de responsabilités et d’agents à temps-plein, d’un personnel ainsi que de fonds spécialement consacrés à une réelle mobilisation et à des campagnes de sensibilisation. De ce fait, seul le mirage d’une coordination entre secteurs nous est offert. De plus, de telles organisations professionnelles/ sectorielles se doivent d’être démocratisées, dirigées par des responsables syndicaux élus et obtenir des fonds suffisants pour coordonner les batailles, allant au delà des intérêts locaux. (Là, où l’activité syndicale est inexistante ; il faut remédier à la situation, afin que celle-ci puisse être/ exister).

Dans nombre de syndicats du secteur public, la logique ou culture entrepreneuriale rend les militants plus cyniques. Le militantisme se dévitalise au sein d’un environnement fortement hiérarchisé, où la créativité est réprouvée, la critique constructive punie et où les membres du personnel sont cantonnés à un rôle d’automates, au lieu d’être considérés comme des acteurs militants. Les milliers de salarié-e-s occupant des emplois à temps-plein, constituent une ressource majeure pour l’organisation et la mobilisation des employé-e-s syndiqués et des collectivités, en prévision des luttes à venir. Mais cela ne réalisera que si nous leur donnons la place et les encourageons à prendre les devants ainsi qu’à redécouvrir l’enthousiasme et l’optimisme, qui les ont premièrement attirés vers le syndicalisme.

Si les syndicats ( incluant les syndicats du secteur public) s’accrochent à leur engagement d’augmenter le taux de syndicalisation du secteur privé, cela vient se heurter aux problèmes de temps limité du personnel. Si les membres syndiqués sont affectés à l’organisation et aux campagnes, les membres élus à des postes locaux devront être formés à certaines fonctions qui sont actuellement occupées par le personnel, et de nouveaux militants devront être recrutés et formés pour porter les revendications croissantes concernant le syndicat.

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