Édition du 12 novembre 2024

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Environnement

Convois de pétrole : ce n’est pas de nos affaires ?

Selon le Devoir, le ministre de l’environnement « ...David Heurtel a de nouveau refusé vendredi de lancer une étude indépendante sur le transport de pétrole par train, malgré les nombreuses demandes en ce sens, notamment de la Ville de Montréal... »[1]. Pourtant, on sait que le projet de Chaleur Terminals implique qu’il y aura, quotidiennement, deux convois de 110 wagons-citernes transportant 160 000 barils de brut qui circuleront au cœur de nos municipalités. Et ces chiffres ne comptent pas les convois qui déchargeront leur pétrole au terminal Kildair de Sorel-Tracy ! Une catastrophe environnementale, humaine et financière comme Lac Mégantic, ce n’est pas assez ?

Le projet de Belledune nécessitera 700 convois de 110 wagons de pétrole brut par année, ce qui demandera une production annuelle d’environ 60 millions de barils. L’exploitation, le transport, le raffinage et la combustion de ce pétrole feront augmenter la production de GES (gaz à effet de serre) du Canada de l’équivalent de 24 millions de tonnes de CO2 par année, c’est-à-dire l’équivalent de 10 millions d’automobiles. Et ce, au moment où il faut réduire nos émissions de GES pour rencontrer les exigences de la Conférence de Paris et du GIEC ; belle contradiction !

Quant à la sécurité du transport ferroviaire en général, « ...trois déraillements sont par ailleurs survenus dans le sud-ouest de Montréal depuis 2011. C’est dans ce secteur à forte densité de population que doivent passer les convois qui se dirigeront vers Belledune, sur des voies du CN... » ; il y a eu, également, un déraillement sur une voie du CP la semaine dernière.[2] On sait également que deux convois de pétrole ont déraillé l’hiver dernier dans la région de Gogama en Ontario. Et une rapide inspection visuelle des rails du CN à l’intérieur des limites de notre ville de Saint-Hyacinthe n’est pas très rassurante !

Par contre, les propriétaires de Chaleur Terminals au Nouveau-Brunswick affirment que le transport par rail est de juridiction fédérale, et que la production du pétrole en Alberta et le port de Belledune ne se trouvent pas sur le territoire québécois ! En autres mots, que ce n’est pas de nos affaires !

Allons bon ! La santé et la sécurité de nos citoyens, ce n’est pas de nos affaires ? Quarante-sept décès et plus de 400 millions de dommages à Lac-Mégantic, ce n’est pas de nos affaires ? Le pétrole lourd dans le lit de la rivière Chaudière, et la contamination possible de la source d’eau de municipalités riveraines comme Lévis, ce n’est pas de nos affaires ? Et après la catastrophe, tous, du gouvernement fédéral à la société de chemin de fer, en passant par les propriétaires du pétrole transporté et les compagnies d’assurances, se renvoient la balle pour mieux nous laisser payer la facture totale !

Pourquoi abdiquer devant cette menace directe au bien-être de la population ? Pourquoi ne pas examiner l’impact réel du transport de tout ce pétrole par train sur notre territoire ? Serait-ce que les deux lobbyistes de Chaleur Terminals[1] ont plus d’importance aux yeux du gouvernement Couillard et de M. Heurtel que les huit millions de Québécois ?

Gérard Montpetit
Membre du CCCPEM (comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain)
Le 3 novembre 2015

1] Heurtel refuse de lancer une étude indépendante sur le transport de pétrole
2] Le SPVM ouvre une enquête criminelle sur le déraillement de jeudi

Gérard Montpetit

Membre du comité Non au schiste La Présentation

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