Au cours de son travail de représentation, il a fait une sortie publique dans laquelle il a laissé entendre que « ces événements s’inscrivent dans une incapacité chronique de TVA Nouvelles de donner une juste part de temps d’antenne à des journalistes issus des minorités visibles ». Le télédiffuseur a donc suspendu M. Beaudet, en lui interdisant du même coup toutes activités syndicales, car « il aurait laissé planer d’injustifiables allégations de racisme à l’égard de TVA ».
Une sanction très sévère
La grande sévérité de la sanction n’a échappé à aucun observateur du milieu syndical.
Je n’irai pas sur le fond de la question, à savoir s’il y a eu discrimination ou non. D’autres instances en décideront. Par contre, je ne peux m’empêcher de signaler l’intransigeance de l’employeur. Dans bien des milieux de travail, les syndiqués auraient cessé toutes activités sur-le-champ pour appuyer leur président. Les employés de TVA ne l’ont pas fait. Pourtant, ces gens n’ont pas moins de courage que d’autres. Pourquoi ? L’inflexibilité de Quebecor, ce champion des lock-out, y est certes pour quelque chose. L’empire nous en offre d’ailleurs un autre exemple ici. Et on ne peut s’empêcher de penser qu’on a voulu par ce geste casser le syndicat. Mais cela n’explique pas tout.
Une critique peut être fatale
Le Québec est un état de droit où tout le monde peut exprimer librement son opinion. Les journalistes ne sont pas bâillonnés comme dans certains pays. Le quatrième pouvoir joue ainsi son rôle et dénonce les abus lorsqu’ils surviennent. Cela est fondamental en démocratie. Les journalistes peuvent théoriquement enquêter et chroniquer sur à peu près tous les sujets. Cependant, à l’heure de la convergence, une critique des agissements de la direction d’un des grands empires médiatiques peut être fatale pour votre plan de carrière.
Ainsi, au fur et à mesure que se précise la convergence des médias, un phénomène d’omerta s’installe insidieusement dans la communauté journalistique. Par un curieux revers des choses, la censure frappe ceux-là mêmes qui ont charge de la pourfendre et qui devraient jouir de la plus grande liberté de parole pour assurer le droit à l’information des citoyens. Quand les journalistes sont ainsi bâillonnés, toute la société y perd.
Avons-nous créé un monstre avec l’aide des fonds de retraite des milliers de travailleuses et de travailleurs de l’État ? Ces hommes et ces femmes qui ont choisi de faire carrière au service des citoyens dans les services publics et que les journaux de l’empereur traitent avec le plus souverain mépris. La question mérite d’être posée.
Convergence, quand tu nous tiens…