Après des décennies d’austérité, le Québec nage dans le plus important surplus budgétaire de son histoire. Néanmoins, la Coalition avenir Québec (CAQ), un parti issu de la nouvelle frange québécoise de l’élite des affaires, fait le choix du conservatisme fiscal. Le gouvernement Legault a choisi de verser des sommes colossales pour le remboursement de la dette, plutôt que de réinvestir massivement en environnement, en santé ou en éducation.
L’opposition parlementaire est unanime : les principaux allègements fiscaux proposés aux familles par la CAQ – allocation familiale, uniformisation de la taxe scolaire, abaissement des tarifs de services de garde – diminueront les dépenses des propriétaires et des ménages aisés aux dépens du reste de la population. En environnement, le gouvernement Legault n’adopte que des mesures cosmétiques.
Des autoroutes et des entreprises « moins polluantes »
Déjà minime avec les gouvernements précédents, le budget consacré à l‘environnement baisse encore en passant de 0,35% à 0,2% du budget total. Le désintérêt de la CAQ quant à la question environnementale est flagrant. Le gouvernement priorise les infrastructures routières plutôt que le développement du transport en commun, bien que 43% de l‘empreinte écologique du Québec soit causée par le transport.
Près de 18 millions $ iront au transport en commun et au transport actif, tandis que 156 millions $ sont dédiés au programme Roulez Vert. Ce programme de soutien à l’achat de véhicules électriques participera à la croissance du parc automobile et contribuera à l’étalement urbain. De plus, l’absurde « 3e lien » entre Québec et Lévis est passé de projet « à l’étude » à projet « en planification », sous la forme d’un investissement de 325 millions $ pour les travaux préparatoires.
Pour rajouter l’insulte à l’injure, 410 millions $ sont prévus pour soutenir les entreprises dans leur réduction d’émissions polluantes et 320 millions $ iront à la décontamination « de terrains stratégiques » et à la construction d’infrastructures destinées aux « entreprises innovantes ». Les entreprises ont-elles vraiment besoin de notre argent pour réduire leur pollution ? C‘est encore une autre façon de refiler la facture aux travailleurs et aux travailleuses, tout en déresponsabilisant les vrais coupables pour leur destructive chasse aux profits.
La CAQ a choisi le camp de la division
Le gouvernement Legault a plutôt décidé de s’en prendre aux personnes issues de l’immigration pour « accroître la prospérité socio-économique du Québec ». Le projet de loi 9 – qui prétend « répondre adéquatement aux besoins du marché du travail par une intégration réussie des personnes immigrantes » – a entraîné l’annulation de 18 000 dossiers d’immigration non traités.
Déréglementer l’industrie du taxi
Avec le projet de loi 17, la CAQ déréglemente l’industrie du taxi au profit de multinationales comme Uber ou Lyft. L’arrivée de ces compagnies a cassé les prix. Elle a aussi fait baisser la valeur des permis de taxis sur laquelle plusieurs détenteurs comptaient comme fonds de retraite. Les représentants de l’industrie du taxi estiment que la valeur des 9 000 permis a diminué de plus de 1 milliard $.
Le gouvernement plonge ainsi les familles des 12 000 chauffeurs dans la misère, dont une grande partie est issue de l’immigration. Un propriétaire de permis de taxi a d’ailleurs tenté de s’enlever la vie en direct à la télévision à la fin mars.Après une vague d’actions militantes des chauffeurs, le gouvernement leur a promis 814 millions $ en indemnisation. Or, environ le tiers de l’indemnisation proviendra d’une redevance que les gens payeront pour chaque course de taxi. Cette offre jugée insuffisante par les chauffeurs est encore une façon de nous refiler la facture !
Restreindre le droit au travail
Avec le projet de loi 21 sur la « laïcité » de l’État , le gouvernement Legault s’apprête à restreindre le droit au travail pour les personnes portant des signes religieux tels le voile islamique, la kippa juive ou le turban sikh. Les personnes visées par cette loi vivent déjà dans des conditions de vie plus difficiles que la majorité des gens, en particulier les femmes musulmanes qui portent le voile. La ministre de la Sécurité publique a même soutenu que ce sera à la police de faire appliquer cette loi !
Le projet de loi 21 légalise ainsi une forme de discrimination au travail, un élément de racisme systémique, surtout dans la fonction publique. Le racisme de certaines personnes, déjà présent de manière insidieuse, est désormais socialement validé. Signes ostentatoires ou non, leur port n‘est en rien un gage de respect de la neutralité de l‘État par les gens qui y travaillent. Où est le signe ostentatoire d‘un policier qui fait du profilage racial ? Où est le signe ostentatoire d‘un juge qui ne reconnait pas la culpabilité du violeur et fait des remarques paternalistes et sexistes à la victime ?
S’organiser pour combattre la CAQ et les capitalistes
Ce n’est pas le voile qui menace notre culture et nos services publics, mais bien l’argent des multinationales et celui que le gouvernement leur donne ! Les capitalistes et leurs politiciens utilisent les innovations technologiques, la peur de l’autre et la pollution pour faire toujours plus d’argent.Pour en finir avec ces stratégies de division et de destruction, il faut en finir avec le capitalisme.
Pour s’en sortir, les chauffeurs d’Uber doivent se tenir debout face à cette multinationale qui pratique l‘évasion fiscale et se syndiquer ! Afin que tous les chauffeurs de taxi du Québec, y compris ceux d’Uber, puissent vivent décemment de leur travail, il est temps de nationaliser l’industrie du taxi sous le contrôle démocratique de ses travailleurs et travailleuses. Pour mieux répondre aux besoins des gens, le réseau de taxi doit être intégré aux systèmes de transport en commun, qui eux-mêmes doivent être financés massivement pour devenir écologiques, gratuits et accessibles. Des emplois de qualité seront créés, le système des permis pourra être aboli, la dette des chauffeurs annulée et les petits propriétaires individuels compensés.
Ce n’est que sur la base d’une mobilisation massive, dans toute la diversité de notre classe sociale, que les travailleurs, les travailleuses et la jeunesse pourront contrer les attaques de la CAQ. Les projets de loi 9, 17 et 21 doivent être combattus dans les milieux de travail et dans la rue. Alternative socialiste soutien les actions de désobéissance civile sur les milieux de travail et appelle les comités d’action politique des milieux syndiqués et de Québec solidaire à s’organiser contre le racisme systémique qui s’incarne dans PL21. Les militant·e·s d’AS font déjà parti d’initiatives en ce sens et offre leur aide en terme de formation, de mobilisation et d’organisation.
Ensemble, faisons tomber ce gouvernement et son système pourri ! Joignez-vous à Alternative socialiste pour construire dès maintenant une alternative politique réellement au service des travailleurs et des travailleuses !
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