Cette offensive menée au nom d’une mythique défense des valeurs du Canada vise à diviser la majorité populaire et à constituer un front uni de l’ensemble de la population canadienne et québécoise avec la classe dominante du pays contre les minorités ethniques ou religieuses, particulièrement les populations d’immigration récente, qui sont présentées comme le principal danger pour la paix et la sécurité du pays. On n’hésite pas à stigmatiser ces populations, à opérer les amalgames les plus infamants entre islam, djihadisme et terrorisme. Les personnes originaires du Proche-Orient ou d’Afrique du Nord et ceux et celles qui les défendent deviennent la cible privilégiée de la surveillance et des dénonciations les plus irresponsables. Dans tous les pays capitalistes, les classes dominantes et leurs mass media véhiculent le même tpe de discours, stigmatisent des boucs émissaires e cherchent à masquer les raisons de cette nouvelle croisade.
Les nationalistes péquistes et consorts acceptent également de jouer de cette politique de division des classes populaires au nom de la défense de l’identité et des valeurs québécoises.
Cette offensive des gouvernements fédéral et québécois ainsi que des partis politiques dominants nécessite une riposte unitaire de toutes les personnes et organisations politiques et sociales qui sont non seulement attachées à la liberté d’expression, mais refusent aussi l’ordre injuste, notamment l’islamophobie, l’antisémitisme, le profilage racial et les intolérables inégalités sociales. Cette riposte doit refuser que l’on cible les minorités sociales, religieuses ou politiques comme des ennemis potentiels. Ce serait masquer les politiques d’austérité, de destruction de l’environnement et les guerres de pillage défendues par les élites économiques et politiques dominantes au Canada et au Québec.
Contre l’injonction binaire « vous êtes solidaire des valeurs québécoises ou canadiennes (jamais définies clairement d’ailleurs) ou vous êtes solidaire des terroristes et des tares qui seraient inhérentes au monde musulman : sexisme, racisme, violence, autoritarisme et antidémocratise. Alors que ces réalités marquent encore profondément notre société. Soit vous affirmez ouvertement que nous n’êtes pas d’accord avec les élites dominantes du pays, soit vous êtes contre le Canada (et le Québec) et vous vous rangez dans le camp des forces qui représentent un danger pour notre sécurité nationale. Si vous n’affirmez pas publiquement que vous êtes d’accord avec les autorités bien pensantes de ce pays, c’est que vous êtes contre ce pays.
Face à la chasse ouverte aux terroristes qui visent à créer un climat de suspicion généralisée, de crainte et de délation renforçant la discrimination systémique que vivent déjà les minorités ethniques et culturelles, il faut sensibiliser la population aux réalités que vivent déjà les minorités ethniques et culturelles et construire un large mouvement contre toutes les discriminations et les inégalités dans l’emploi, la location de logements, la restriction des droits sociaux et politiques.
– Contre la tentative de stigmatiser ceux et celles qui dénoncent l’islamophobie et les tentatives de criminalisation de la contestation sociale,
– contre les lois sécuritaires (comme la loi C-51) visant à museler ceux et celles qui remettent en question les injustices vécues dans cette société,
contre l’offensive libérale de grande ampleur qui se traduit par l’accentuation des politiques d’austérité dont les premières victimes sont les couches populaires quelles que soient leur origine,
– contre la logique du « nous sommes en guerre »,
construisons un mouvement contre la discrimination raciste et les préjugés qui défendra une égale liberté de s’exprimer, de contester et de dénoncer tous les racismes, et réaffirmera la légitimité du combat contre l’islamophobie, le racisme d’État, le profilage racial et les campagnes de discrédit menées contre des populations qui veulent prendre toute leur place dans les sociétés canadienne et québécoise.
Un mouvement contre la discrimination raciste et les préjugés qui se battra pour que des femmes, des hommes, des enfants n’aient pas à subir des stigmatisations injustes, des restrictions à leurs libertés civiles et religieuses et la vindicte haineuse de grands médias.
Un mouvement contre la discrimination raciste et les préjugés cherchera à démonter, expliquer, déjouer le piège du prétendue soutien de la majorité de la population aux politiques guerrières et sécuritaires du gouvernement, soutien largement construit par la propagande médiatique et les sondages construits sur mesure pour modeler l’opinion dans ce sens et évoquer une prétendue majorité silencieuse pour se draper de légitimité.
Un mouvement contre la discrimination raciste et les préjugés visera à éradiquer les racines structurelles, politiques et socio-économiques du racisme d’État pour construire ensemble une société où invoquer la liberté et l’égalité ne servirait pas qu’à camoufler la domination. Dans cet objectif, un tel mouvement cherchera à impliquer toutes les minorités culturelles et nationales (autochtones) dans ce combat d’ensemble. Il faut unir ceux et celles que les politiques néolibérales et conservatrices cherchent à diviser, alors que de graves attaques contre les libertés démocratiques qui visent d’abord les minorités toucheront bientôt la vaste majorité de la population canadienne et québécoise.
Un tel mouvement citoyen s’opposera à l’intervention militaire canadienne en Irak, aux investissements massifs dans l’achat de matériel de guerre, au soutien sans faille du gouvernement Harper aux politiques d’oppression contre le peuple palestinien.
Nous appelons à construire une riposte collective opposant l’union populaire et solidaire contre les personnes et partis politiques défendant les partisans de la guerre de civilisation qui ciblent des concitoyennes et des concitoyens comme des ennemis potentiels qui seraient incapables de prendre toute leur place dans les lieux de travail, dans les écoles, dans les quartiers, dans les institutions sociales et politiques, bref dans la société d’accueil. Nous dénonçons aussi les tentatives de mettre en oppositions les “bons” et les “mauvais” immigrantEs.
Engageons-nous à nous mobiliser lors des prochaines semaines et les prochains mois pour mener cette lutte essentielle avec vigueur et acharnement.