Les syndicats auraient fait des demandes exagérées. Le PQ a ensuite reproché au gouvernement libéral le caractère trop élevé du déficit public. Puis, récemment, Nicolas Marceau, porte-parole officiel du PQ en matières de finances publiques a annoncé qu’il soutenait explicitement la hausse des frais de scolarité.
On comprend que seuls trois députés aient annoncé qu’ils seraient présents à la manifestation du 12 mars pour rencontrer... la presse. Il ne s’agissait surtout pas de rencontrer les étudiantes et les étudiants. Ils auraient risqué de se faire interroger sérieusement sur la volonté du Parti québécois de hausser les frais de scolarité universitaires. Il ne s’agissait pas non plus pour le PQ de se prononcer sur les revendications mises de l’avant par l’Alliance sociale et la Coalition opposée à la privatisation et à la tarification des services publics. C’est pourquoi les pancartes du PQ étaient absentes de la manifestation. Le PQ ne veut pas s’opposer trop clairement à des politiques qu’il risque de défendre s’il prend le pouvoir. Cette absence criante de mobilisation en soutien à la majorité des travailleuses, des travailleurs, des femmes, des jeunes et des aînés est la démonstration que ce parti est d’abord préoccupé d’assurer le pouvoir économique et politique des élites nationalistes.
À la rencontre des présidents et présidentes du Parti québécois, Pauline Marois et d’autres députés ont affirmé que François Legault serait le bienvenue au Parti québécois. La direction de ce parti est prête à accueillir un fervent partisan du rapetissement du secteur public, de sa privatisation et des attaques contre les organisations syndicales. D’autant, que sur la question nationale, Pauline Marois a déjà promis de ne se laisser lier les mains par aucune échéance référendaire. François Legault aurait pu s’en satisfaire, mais sa volonté d’attirer des fédéralistes lui a fait pousser le renoncement un peu loin pour nombre de « souverainistes apathiques » qu’il aurait pu convaincre de mettre la question sur la glace s’il avait évité un tel dérapage.
Le PQ peut encore prendre certaines postures citoyennes pour démontrer qu’il est sensible à certaines revendications. Mais la "proposition principale" présentée à son prochain congrès ose prétendre que l’enrichissement de certains est la condition de l’enrichissement de tous. Alors que les propositions pour une nouvelle répartition de la richesse brillent par leur absence.
Il est plus que temps que l’ensemble des organisations syndicales, populaires féministes et jeunes d’en finir avec les illusions envers un parti qui s’ancre de plus en plus clairement à droite alors qu’il est encore dans l’opposition. Une fois au pouvoir, il mènera une politique qui sera complètement en phase avec la politique menée par la bourgeoisie des différents pays capitalistes avancés. Ce sera la politique d’austérité sur toute la ligne.
Il est moins pertinent que jamais d’introduire, au nom dont on ne sait quelle nostalgie, des différences qualitatives, au niveau des politiques économiques et sociales, entre le Parti libéral du Québec et le Parti québécois. L’adoption de la "proposition principale" de Pauline Marois au congrès du parti en avril mettra pour toute une période le pilote automatique sur les politiques néolibérales et sur la volonté de composer avec la droite du champ politique c’est-à-dire avec la Coalition de François Legault ou le résultat d’une possible alliance avec l’ADQ.
Il faut en finir avec l’idée qu’une fois Charest chassé du pouvoir, on retrouvera au gouvernement un parti avec lequel il sera possible de se concerter comme au temps lointain des trente glorieuses.
Faire reculer le gouvernement Charest... sur certaines mesures, c’est une chose, lui faire adopter le programme de l’Alliance sociale et de la Coalition en est une autre !
Il est possible de faire reculer le gouvernement Charest. Le mouvement pour un moratoire sur les gaz de schiste l’a démontré. Le gouvernement a reculé. Mais, il n’a pas accordé un moratoire. Il n’a pas abandonné son projet d’exploiter les énergies fossiles. Il a laissé ouverte l’exploitation pétrolière dans le golfe Saint-Laurent.
L’indignation populaire l’a fait reculer sur le ticket modérateur dans la santé. La fermeté du rejet de la taxe santé pourrait aussi porter ses fruits. C’est pourquoi la mobilisation active, militante, déterminée est essentielle.
Mais on ne fera pas du gouvernement Charest, gouvernement néolibéral voué à la promotion des intérêts de l’oligarchie régnante au Québec, un champion de la lutte contre la pauvreté ou un artisan de la redistribution de la richesse. Pourtant, comme les plates-formes de l’Alliance sociale et de la Coalition opposée à la privatisation et à la tarification des services le démontrent, pour changer la situation des classes ouvrières et populaires, des femmes et des jeunes, il faut dans cette période de crise du capitalisme, où le patronat et ses gouvernements sont à l’offensive proposer une alternative politique globale, une autre politique. C’est pourquoi, la construction d’un parti politique de gauche, comme Québec solidaire, est une tâche incontournable non seulement pour chacune des personnes prises individuellement de la majorité populaire, mais aussi pour les mouvements sociaux qui la structurent et l’organisent.
Si nous ne travaillons pas à construire un parti politique bien à nous, nous refusons de nous donner un instrument essentiel dans la lutte pour gagner la majorité de la population à une perspective véritable de transformation sociale. Nous refusons de nous donner un instrument de lutte pour le pouvoir, pour enfin passer du terrain de la résistance quotidienne à l’implantation d’un projet social qui représente réellement la majorité de la population.