Tiré d’El Watan.
Abdallah Souleymane a déploré « l’absence de statistiques fiables concernant le nombre de réfugiés, faute d’organisme de prise en charge et en raison de l’effritement des arrivants dans les champs et les demeures délaissées entourant l’oasis d’El Koufra, en plus des nombreux départs vers Sebha, Benghazi et Tripoli ».
Le responsable municipal a toutefois avancé le chiffre de « milliers », très loin des 400 000 réfugiés annoncés par le président du programme de lutte contre la migration irrégulière, Malek Dijaoui, dont l’organisation assure que « le chiffre réel de Soudanais ayant fui leur pays vers la Libye avoisinerait le million ».
Les Soudanais ne sont plus uniquement à Sebha, El Gatroun ou El Koufra au Sud libyen où leurs nouvelles ne sont pas très médiatisées, hormis quelques vidéos à travers les réseaux sociaux. Beaucoup de Soudanais sont déjà montés au Nord et encerclent depuis plusieurs jours le siège du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) à Tripoli, pour obtenir des cartes de réfugiés leur permettant d’être pris en charge par les Nations unis.
Pour faire les 1800 kilomètres séparant El Koufra de Tripoli, ces colonnes de Soudanais ont bénéficié de complicités diverses parmi les forces sécuritaires contrôlant les axes routiers qu’ils soient à l’Est, sous le contrôle de Khalifa Haftar, ou à l’Ouest, sous le contrôle des forces du gouvernement d’Union nationale.
« Il suffit de payer pour passer. Cela est valable aussi bien pour la traversée des frontières que pour aller vers le Nord », assure-t-on sous couvert de l’anonymat. « Il y aurait même des traversées sécurisées vers l’Italie moyennant 2000 euros », ajoute la même source.
Soucis
Abdallah Souleymane déplore la situation difficile vécue par les Soudanais pour arriver à El Koufra et y survivre. « La ville soudanaise la plus proche se trouve à près de 700 kilomètres, c’est le troisième choix possible après le Tchad et l’Egypte. Certains préfèrent la Libye et les Libyens parce que les conditions matérielles sont meilleures », ajoute le porte-parole du Conseil municipal d’El Koufra. Souleymane regrette, néanmoins, les moyens limités de la commune isolée dans le désert et très éloignée des autres villes libyennes, ce qui rend davantage difficile son approvisionnement en besoins élémentaires de vie.
Le porte-parole de la commune ne cache pas non plus ses soucis sécuritaires puisque « des criminels et des terroristes peuvent filtrer parmi ces colonnes désordonnées de réfugiés et en l’absence d’un véritable contrôle à la frontière ou d’un quelconque recensement fiable à l’accueil ici ».
Il est utile de rappeler que l’oasis libyen d’El Koufra, au Sud-Est libyen, est considéré comme l’entrée africaine de la Libye et la plaque tournante nord de la migration clandestine, en opposition avec la ville nigériane d’Agadez, carrefour sud des migrants irréguliers subsahariens.
El Koufra se trouve, certes, à 1500 kilomètres au nord-est d’Agadez mais à quelques centaines de kilomètres des frontières soudanaises et tchadiennes. El Koufra se trouve donc à proximité immédiate des turbulences, puisque c’est la province soudanaise de Darfour qui la côtoie au Soudan.
Et bien que distante respectivement de 1000 et 1800 kilomètres des principales villes libyennes de Benghazi et Tripoli, l’oasis d’El Koufra est un passage obligé pour les migrants, plus que Sebha, capitale de la province Fezzan du Sud libyen et distante de plus de 900 kilomètres vers l’Ouest.
Les colonnes de rescapés de la guerre du Soudan et de migration irrégulière d’Ethiopie et d’Erythrée chutent à El Koufra, la petite localité confrontée à un défi humanitaire croissant.
Tunis
De notre correspondant Mourad Sellami
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