tiré de : entre les lignes et les mots 2017 16 15 avril
Publié le 12 avril 2017
Le capitalisme se restructure en permanence et utilise les mêmes mécanismes violents d’accaparement présents dès son origine : l’appropriation des terres et de la nature, l’exploitation du travail, le contrôle des corps des femmes, la violence et le pouvoir militaire. Ce qui veut dire que ce système se manifeste de façon directement liée au néo-colonialisme et au patriarcat.
Les sociétés organisent leur production et toute leur chaîne de valeur de façon disséminée autour du monde, ayant comme cible les pays du Sud global considérés comme des « paradis fiscaux » et dans lesquels la main d’œuvre est bon marché. Cependant, la force de travail ne peut être meilleur marché que si les droits des travailleuses/travailleurs ne sont pas garantis. Des femmes, et plus précisément des femmes noires, asiatiques et/ou immigrées, y compris dans les pays du Nord, subissent des conditions précaires de travail, endurent des longues journées, et reçoivent les plus bas salaires.
C’est avec l’usurpation des terres aux communautés, la transformation de l’agriculture familiale en agriculture vouée à l’exportation, la déforestation, la pollution des fleuves qui résulte des activités des multinationales, que les Femmes souffrent immédiatement de l’absence des ressources de base, comme les aliments et l’eau, nécessaires au maintien du bien-être quotidien de leurs familles. C’est ainsi que nous venons à dépendre du marché pour pouvoir avoir des aliments alors que nous n’avons pas de pouvoir d’achat et que nous devons parcourir de longues distances pour nous procurer de l’eau. La classe de travailleurs émigrants urbains – en majorité composée d’hommes – qui naît de la présence de sociétés dans les communautés, favorise la prostitution, les mariages précoces et/ou le sexe multinational pour subvenir aux difficultés financières vécues par les Femmes et leurs communautés.
L’industrie alimentaire, qui soutient les aliments Génétiquement Modifiés (OGM) s’est installée dans nos marchés. Dans celle-ci, l’apparence esthétique des aliments a plus d’importance que leur qualité nutritionnelle, ce qui fait que notre santé et notre bien-être sont gravement touchés.
L’industrie de la mode et de la technologie, par le biais de la manipulation médiatique pour une consommation accélérée, produisent chaque jour des besoins superflus et nous persuadent de l’idée que la consommation nous confère un statut élevé, ce qui revient à une forme de relâchement et de culte de notre amour propre. Nous réfutons la fausse idée qui prétend que la féminité se mesure par la quantité et le coût de ce que l’on achète.
Ce contexte, qui affecte chaque jour les Femmes de diverses façons est la conséquence de ce que l’on appelle le « libre échange » qui n’est point nouveau et qui, d’autre part, n’a rien de libre. Les accords de libre échange (ALC’s) sont des instruments qui établissent des normes très rigides formulées par le biais d’un processus extrêmement antidémocratique qui a pour objectif de rendre ces normes irréversibles pour que les entreprises multinationales puissent élargir leur pouvoir sur nos vies, le contrôle sur les politiques des États et l’exploitation de la force de travail des Femmes. Avec les ALC’s, les sociétés visent à s’approprier de plus en plus de la connaissance produite historiquement par les peuples. Elles veulent breveter la vie, les semences, la connaissance, et avoir plus longtemps le monopole de ces brevets. Des exemples de cela sont l’Accord trans-pacifique (TPP), le transatlantique (TTIP) et l’Accord sur les commerces et services (TISA).
Nous, les femmes, nous luttons contre les TLCs car ces accords sont bien plus que des simples règlementations du commerce entre les pays, ce sont des stratégies de domination des personnes. Ces accords amplifient la portée du Marché, creusent des inégalités entre les pays et entre les peuples. Ils mettent en danger la durabilité de la vie sur terre par l’endommagement de la couche d’ozone, la préservation de la diversité terrestre et marine et aussi par l’intérêt démesuré à conquérir et explorer la Lune et d’autres planètes. Les multinationales comptent sur l’impunité : violent les droits humains, polluent la nature, nos corps et restent impunis. Elles changent leur nom, leur marque et délocalisent leur lieu de production pour accroître leurs bénéfices.
Quand nous contestons le libre commerce nous sommes en train de questionner un modèle de développement qui, associant le machisme et le racisme dans le marché capitaliste bénéficie tout juste une petite élite. Nous dénonçons les stratégies d’avancée permanente du capital sur les territoires et la biodiversité des pays du sud et la marchandisation de la vie.
Nous, Femmes de la MMF, réaffirmons la date du 24 avril comme une date de Résistance et lutte contre le pouvoir et l’impunité des TNCs et contre toutes les formes d’exploitation capitaliste néolibérale. Nous invitons nos militantes et alliées à s’unir dans cette réflexion/action sur leur contexte spécifique en incorporant leurs luttes locales dans cette discussion plus ample. Notre questionnement est à l’origine des alternatives que nous construisons sur la base de la souveraineté alimentaire, l’agro-écologie et l’économie solidaire où nous défendons le travail comme un espace pour la liberté des personnes qui sont productrices et de celles qui sont consommatrices.
Notre action nous renforce et stimule les luttes et résistances dans la diversité de femmes que nous sommes et représentons localement et internationalement.
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