« Pourquoi dépenser près de deux milliards de dollars en béton, alors que les mesures les plus urgentes seraient de réinvestir dans le réseau de l’éducation et de la petite enfance et de rendre disponibles les services éducatifs et les professionnel-les nécessaires pour les enfants plus vulnérables », ajoute Jacques Létourneau, qui rappelle que les coupes dans le réseau scolaire et dans celui de la santé et des services sociaux ont rendu l’accès à ces spécialistes très difficiles, même dans les écoles.
Ratio avantageux
Une autre raison qui milite pour privilégier les services de garde éducatifs pour la petite enfance à l’école, c’est le ratio adulte-enfants. « Limiter le nombre d’enfants par éducatrice est primordial pour la qualité des interactions », soutient Lucie Longchamps, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS—CSN), qui représente plus de 13 000 membres dans le réseau des services de garde éducatifs. Ce dernier permet un ratio adulte-enfants avantageux (1 pour 6 ou 1 pour 10 au maximum).
Diagnostic avant 4 ans
En plus du ratio plus avantageux, les services de garde éducatifs permettent un diagnostic plus précoce des troubles de l’apprentissage, bien avant quatre ans. « Quand on parle de diagnostic précoce à l’âge de quatre ans, pour un pédiatre, c’est comme si vous me demandiez d’agir dans un CHSLD de bébés », a lancé récemment le pédiatre reconnu Jean-François Chicoine en entrevue avec la CSN. Ce dernier précise que plusieurs diagnostics importants peuvent se faire à 18 mois avec un accès au spécialiste approprié.
Formation adaptée
En ce qui concerne la formation, rappelons qu’une majorité d’éducatrices des services de garde ont suivi une formation entièrement axée sur les enfants de 0-5 ans, tandis que les enseignantes et enseignants détiennent une formation adaptée pour les 5 à 12 ans et non sur les besoins des tout-petits. Ces derniers ne sont pas aussi bien préparés pour l’apprentissage par le jeu.
Que veulent les parents ?
Un récent sondage Léger montre que les parents préfèrent les services de garde éducatifs à la maternelle 4 ans. Le seul obstacle est le manque de places en CPE et chez les responsables en services de garde régis et subventionnés. L’argent prévu pour les maternelles 4 ans pourrait cependant résoudre ce dernier problème tout en permettant l’embauche de plus de professionnel-les. Par ailleurs, rien ne permet de croire que les 20 % d’enfants qui, pour le moment, échappent à toute forme de services éducatifs avant 5 ans seront inscrits par leurs parents à la maternelle 4 ans. Ces parents tiennent peut-être à garder leur enfant à la maison ou attendent une place en services de garde à l’enfance ou encore travaillent avec des horaires atypiques. « Il faudrait en savoir plus sur ces parents avant de créer à grands frais un 2e réseau parallèle pour la petite enfance », insiste Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS-CSN qui est l’organisation la plus représentative du personnel des CPE.
Un réseau inachevé
Le précédent gouvernement a malheureusement imposé des freins au développement de places subventionnées pour les enfants, notamment en finançant seulement 50 % du coût des nouvelles installations. Cette mesure a favorisé l’essor des garderies privées, d’autant plus que des crédits d’impôt avantageux ont aussi été instaurés. Pour des familles de la classe moyenne, ces crédits peuvent rendre la garderie privée plus avantageuse financièrement au détriment du volet éducatif qui est beaucoup moins encadré dans ce type de service. La CSN demande donc la poursuite du développement des places en milieu familial régi et en CPE, la fin de la modulation des tarifs ainsi que la fin du crédit d’impôt pour frais de service de garde.
Le mémoire de la CSN est disponible sur demande.
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