Édition du 19 novembre 2024

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États-Unis

Cinq gestes que peut poser madame Clinton pour gagner l'appui des partisan-e-s de Bernie Sanders

Comme Bernie Sanders l’a déclaré hier soir, il est plutôt habile avec les chiffres. Une victoire en Californie lui aurait donné de l’élan nécessaire pour en appeler aux super délégués-es (pour des changements d’allégeance) et aurait augmenté ses capacités à ravir des votes à D. Trump. Ce n’est pas le cas. En novembre dernier, après les gains enregistrés au New Hampshire et au Michigan, nous étions un bon nombre, peut-être même M. Sanders lui-même, à croire que la révolution politique dont ce pays a tant besoin était peut-être amorcée ; nous devons malheureusement en faire notre deuil.

D.D. Guttenplan, The Nation, 8 juin 2016
Traduction, Alexandra Cyr

En ce moment, même Jonathan Chait du New York Magazine, qui n’a cessé de s’attaquer à M. Sanders et à ses partisans-es pendant des mois, a finalement compris que Mme Clinton ne peut s’en passer pour gagner la présidence. Il est peut-être temps d’y penser et de se demander comment y arriver. Malgré tout ce que l’on peut lire sur Mother Jones, Talking Points Memo et Vanity Fair, Bernie Sanders n’a jamais donné un signe à l’effet qu’il voulait faciliter l’élection de Donald Trump. Mme Clinton en a toujours été consciente. Elle sait aussi que perdre, surtout si les résultats sont serrés et que vous considérez que vous auriez dû l’emporter, peut être une expérience amère ; elle est passée par là. Elle est suffisamment intelligente pour avoir reconnu tout au long de la campagne qu’elle aura besoin de M. Sanders et de ses partisans-es en novembre prochain. Ce n’est pas le cas des ses supporters les plus enthousiastes. Elle n’a jamais fait pression pour que M. Sanders se désiste.

Un stupide commentateur qui cherche à se rassurer lui-même pourra appeler M. Sanders à rentrer dans le rang dès maintenant. Mais c’est exactement ce qu’il ne faut pas faire si on veut avoir tous les appuis nécessaires pour battre D. Trump. Que doivent faire Mme Clinton et ses partisans-es pour y arriver ? Voici 5 gestes qui pourraient encourager les partisans-es de M. Sanders à voter pour elle en novembre prochain.

1- Revenons en arrière ! Mme, nous savons que vous venez de gagner. Dans le passé, vous avez reconnu la victoire de M. Obama deux jours après la dernière primaire. Les deux dernières primaires en 2008 se tenaient au Montana et au Dakota du sud et elles allaient ne rien changer. M. Sanders veut arriver à Philadelphie avec autant de délégués-es qui lui soient acquis-es que possible. C’est ce que vous avez fait en 2008. Cessez donc de faire pression pour qu’il se rallie avant la primaire du District de Columbia ; vous pouvez aussi calmer vos plus ardents-es partisans-es pour le reste de la semaine.

2- Essayez d’être sincèrement courtoise. Ce fut une dure campagne et certains éléments de la campagne de M. Sanders ont causé des dommages. (…) Mais vous avez gagné. Et si jamais d’autres attaques surgissent, impossibles à entrevoir en ce moment, vous pourrez vous dire que M. Sanders vous aura permis de vous entraîner à riposter, dans laquelle domaine où vous avez été habile jusqu’à présent. Vous en aurez terriblement besoin face à M. Trump pour le battre. Il vous aura aussi permis de voir les possibilités politiques de gauche que devraient accueillir positivement ceux qui se disent progressistes et même ceux et celles qui se situent dans le camp des réalistes.

3- Écoutez Bernie. Faites tous les compromis possibles et expliquez pourquoi vous ne les faite pas quand c’est possible, tout simplement pour respecter ceux et celles qui ont milité pour tous les éléments du programme auxquels a adhéré Bernie. Il s’agit aussi de l’avenir du Parti démocrate et du pays. Les jeunes qui ont choisi M. Sanders en si grand nombre ne l’ont pas fait à cause de ses goûts pour les vêtements ou la musique ; c’est sa vision du monde qui les a convaincus-es, celle celle qui les intéresse et dans laquelle ils et elles veulent élever leurs enfants. C’est un monde où les soins de santé sont un droit humain, où l’accès aux études supérieures de qualité n’est pas déterminé par votre capacité de payer ou votre acceptation de vous endetter démesurément et où les compagnies du secteur de l’énergie ne ruinent pas votre avenir pour faire des profits. C’est un monde où les travailleurs-euses de ce pays ne sont pas enfermés-es dans une course vers le bas avec ceux et celles qui sont les esclaves du 21e siècle.

4- Changez les règles, même celles qui pourraient vous aidez à gagner, les symboles comptent ???. Vous libérer ou séparer ou affranchir des super délégués-es serait une énorme victoire pour M. Sanders et ne vous coûterait rien. De plus, rétablissez l’interdiction aux lobbyistes de contribuer financièrement au Comité national démocrate. Faites du Parti démocrate le parti populiste qu’il doit être, non seulement pour battre M. Trump, mais pour demeurer le parti de la classe ouvrière ; ce serait envoyer le message le plus puissant pour dire que même si vous avez accepté le financement du 1 %, il ne vous a pas corrompue pour autant.

5- Concentrez-vous sur la bataille contre Donald Trump ; finie la diversion. C’est peut-être difficile à accepter, mais plusieurs d’entre nous qui avons soutenu B. Sanders ne l’ont pas fait seulement pour sa vision, mais aussi parce que nous pensions qu’il serait le meilleur opposant à D. Trump. Prouvez-nous que nous avons eu tort ! Entre la fin des primaires et la convention du Parti démocrate, attaquez-vous à Donald Trump ; vous serez surprise de l’ardeur des Hourrah ! en votre faveur à Philadelphie.

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